Yan Bussière défend la sécurité de l’Autodrome Drummond

Yan Bussière défend la sécurité de l’Autodrome Drummond

COURSE AUTOMOBILE. Le terrible accident qui a coûté la vie à Guy Ouellette, samedi soir, à l’Autodrome Drummond, n’aurait pas pu être évité. C’est du moins l’avis du  promoteur du circuit, Yan Bussière, qui estime qu’il s’agit d’une cruelle malchance plutôt que d’une problématique de sécurité. Qu’à cela ne tienne, les circonstances entourant le décès du pilote d’une cinquantaine d’années originaire de Valcourt devront être éclaircies par le bureau du coroner.

Comme toutes les pistes de stock-car sur terre battue en Amérique du Nord, l’Autodrome Drummond est sanctionné par de l’association Dirtcar racing. À travers un volumineux livre de règlements, cet organisme régit les moindres détails de chaque course présentée sur son territoire.

«Notre piste respecte toutes les normes requises. Samedi soir, elle était en parfait état. Elle n’était pas plus dangereuse que d’habitude. Avant la course, toutes les voitures avaient été inspectées. Dans cette association, tout est vérifié à la loupe. Sinon, la voiture ne peut pas embarquer sur la piste», a expliqué Yan Bussière, qui est à la tête du circuit drummondvillois depuis 13 ans.

Pour cette raison, les fabricants des bolides de stock-car sont obligés de se plier aux règlements liés à la sécurité des pilotes.

«Il existe plus de 5000 voitures Sportsman et Modifiés au Canada et aux États-Unis, mais elles sont toutes pareilles. La cage nous protège comme un bunker. Les sièges sont brevetés, tout comme l’équipement que porte le pilote. Notre tête est protégée au maximum. Cette année, il y a même une protection supplémentaire obligatoire pour protéger notre cou en cas de choc majeur», a souligné Bussière, lui-même un pilote d’expérience.

«Ce n’est pas pour rien que les accidents mortels sont rares en stock-car. Ce serait d’ailleurs la première fois que ça survient au Québec. C’est déjà arrivé à Syracuse, mais la piste n’existe plus. Ça se produit plus souvent en sprint car, car les voitures sont plus légères et rapides, sans avoir la même protection.»

Survenu en finale de la catégorie Sportsman, à quelques tours du fil d’arrivée, l’accident a brutalement mis fin à la soirée de courses. Immobilisée sur la piste après avoir frappé le mur à la sortie d’un virage, la voiture de Guy Ouellette a été heurtée par un autre bolide sous les yeux horrifiés de milliers de spectateurs. Les services d’urgences se sont aussitôt activés pour porter secours à la victime, qui a été transportée à l’hôpital. 

«L’impact s’est produit à environ 130 km/h. Il y a eu un petit accrochage à la sortie de la courbe numéro 4, puis la voiture de Guy a touché le mur avant de grimper dans le poteau. Elle est tombée en équilibre sur le côté, le toit vers le trafic. La cage n’a pas pu faire de miracle. L’impact était trop violent. Le parechoc de l’autre voiture est arrivé sur son casque», a raconté Yan Bussière, qui a visionné la vidéo de l’accident à plusieurs reprises.

Le drame touche également le pilote qui a heurté la voiture de Guy Ouellette, Frédéric Gamache. «Il se sent coupable, mais je l’ai rassuré. Il n’a rien à se reprocher. C’est arrivé trop vite. Notre directeur de course, qui parle aux pilotes, a eu le temps de dire qu’il y avait un drapeau jaune dans la courbe 1. Fred a levé le pied, mais c’était déjà trop tard. Tout est arrivé en une fraction de seconde.»

L’enquête a été confiée au coroner Yvon Garneau, en collaboration avec la Sûreté du Québec. Sous son ordonnance, le corps a été envoyé au laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale de Montréal pour y subir une autopsie. Le bureau du coroner connaîtra donc les causes plus précises du décès dans les prochains jours. Les deux voitures impliquées dans l’accident seront également soumises à une expertise.

«Notre commissaire de course a fait une déposition très détaillée aux enquêteurs. Honnêtement, je ne sais pas à quoi ça va mener. Je ne peux pas voir quelles recommandations vont être émises. Notre organisation ne pourrait pas être plus professionnelle», a affirmé Yan Bussière.

C’est le deuxième accident mortel à survenir à l’Autodrome Drummond en l’espace de 18 ans. Le 25 septembre 1999, le pilote amateur Yvon Poulin avait été brûlé vif lorsqu’il était demeuré emprisonné dans son véhicule.

«Ces deux accidents n’ont rien à voir. En 1999, la saison était finie et l’événement n’était pas sanctionné. C’était une course de type enduro, avec des voitures de démolition. C’était du stock-car comme on en faisait dans les années 1950. Ça n’existe plus aujourd’hui, parce que c’était trop dangereux.»

Un hommage ce samedi

L’Autodrome Drummond rendra un hommage posthume à Guy Ouellette, ce samedi soir 3 juin, à l’occasion du passage de la série américaine Empire Super Sprint. «À l’intermission, tous les pilotes iront devant la grande estrade pour saluer la mémoire de Guy. Son équipe de course et les membres de sa famille seront aussi présents», a expliqué Yan Bussière, qui a côtoyé la victime pendant plusieurs années.

«Guy était un bon vivant, un vrai passionné de courses. On parlait souvent des conditions de la piste ensemble. C’était un pilote expérimenté et très compétitif. L’Autodrome Drummond est en deuil.»

Ailleurs dans le milieu du stock-car, le circuit de Cornwall, en Ontario, a salué la mémoire du disparu dimanche soir, au lendemain de l’accident. Ouellette sera aussi honoré vendredi soir, à l’Autodrome Granby, où il était souvent en action.

Le maire de Drummondville, Alexandre Cusson, s’est également dit attristé par cette tragédie. «Mes pensées vont d’abord vers la famille du disparu. Je pense aussi à la grande famille du stock-car, pour qui Drummondville est une halte importante. Nous allons maintenant surveiller la suite des choses. S’il y a une problématique reliée à la sécurité, le coroner émettra ses recommandations.»

Dave Paryzo, cofondateur du Mémorial de la terre battue du Québec, a livré ce témoignage : «La communauté du stock-car sur terre battue perd un gros morceau. Ouellette était un redoutable adversaire en piste, toujours parmi les meilleurs à chacune de ses présences derrière le volant de sa voiture, mais c’était avant tout un bon vivant et un vrai gentleman.»

Le chroniqueur Réjean Ouellet, de 360nitro.tv, s’est exprimé ainsi : «Tu vas nous manquer énormément, Guy. Je suis certain que tu ne seras pas oublié par les amateurs et tes confrères. C’est officiel qu’il y a une piste de course en haut et que déjà, tu es sur la plus haute marche du podium. Nous te voyons nous saluer, le bras dans les airs, avec le drapeau à damier. Nous aussi, nous te saluons bien fort!»

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