Mises en échec : «Hockey Québec pose mal le débat»

Mises en échec : «Hockey Québec pose mal le débat»

HOCKEY. La guerre froide idéologique qui envenime le hockey mineur au sujet de la mise en échec pour les joueurs âgés de moins de 15 ans persiste depuis maintenant plusieurs mois. S’il n’en tenait qu’à Jasmin Gélinas, le dialogue entre la Ligue de hockey préparatoire scolaire (LHPS) et Hockey Québec (HQ) sortirait de l’impasse, mais le débat serait posé différemment.

À la suite de la décision de Hockey Québec d’abolir les mises en échec dans certaines catégories plus faibles afin de limiter les commotions cérébrales, l’été dernier, la LHPS a mis un terme à son association avec la fédération provinciale. En décembre dernier, le ministère de l’Éducation a demandé à la LHPS de réintégrer les rangs de HQ et de respecter ses règlements, mais depuis, chacun est resté sur ses positions.

Membre du conseil d’administration de la LHPS et coordonnateur du programme des Sénateurs du Collège Saint-Bernard de Drummondville, Jasmin Gélinas a partagé sa vision de la situation dans une entrevue accordée à L’Express.

«La journée qu’on s’est affilié à Hockey Québec, c’était clair pour nous qu’on demeurait indépendant. On voulait que nos jeunes profitent des avantages de cette grosse machine, mais il n’a jamais été question qu’on se fasse dicter quoi faire. C’est important pour nous de ne pas perdre notre couleur», a expliqué l’homme de hockey de 37 ans.

«Nos croyances au niveau de la sécurité des joueurs ne sont pas nécessairement les mêmes que chez Hockey Québec. Les bases sur lesquelles leurs dirigeants s’appuient pour dire que notre ligue est dangereuse au niveau des commotions cérébrales, on ne les partage pas. Le jour où des spécialistes vont nous prouver ça, on va y adhérer. Mais d’ici là, on ne peut pas aller dans ce sens.»

Ayant lui-même subi plusieurs commotions cérébrales durant sa carrière de joueur dans le hockey mineur, junior, universitaire et professionnel, ce qui l’a d’ailleurs obligé à accrocher ses patins prématurément, Gélinas se dit extrêmement conscient de cette problématique.

«Hockey Québec parle beaucoup de notre niveau de jeu, mais le débat n’est pas là selon moi. Ils disent que plus le niveau de jeu est élevé, moins il y a de commotions. Pourtant, il n’y a pas moins de commotions dans le junior majeur que dans le midget AAA. Ça peut s’expliquer par le fait que plus un joueur monte de calibre, plus il veut passer dans la jungle du hockey», a fait valoir l’ancien défenseur des Voltigeurs et des Mooseheads.

Aux yeux de Gélinas, le premier facteur de risque d’une commotion cérébrale serait en fait l’intention du joueur.

«Hockey Québec parle de niveau de jeu, mais moi je parle de culture et d’intervenants. Si un joueur voit un adversaire vulnérable le long de la bande, en tant qu’athlète, qu’est-ce que son modèle d’entraîneur, son mentor, s’attend de lui? C’est bien plus là que le facteur de risque se situe, peu importe le calibre de jeu.»

«Dans le hockey mineur, les entraîneurs n’ont que cinq ou six mois pour développer leurs joueurs. Nous, on a jusqu’à six ou sept ans pour développer nos jeunes. Ce n’est pas du tout la même approche. On va amener l’athlète à avoir une motivation intrinsèque, sans se préoccuper seulement des résultats sur la glace. C’est la grosse différence entre nos deux ligues.»

Selon Gélinas, la LHPS ne demande qu’à retourner à la table des négociations avec HQ, idéalement en présence de représentants du gouvernement et de spécialistes de la question.

«On est très ouvert à les rencontrer, mais on ne veut pas se faire dire quoi faire sans avoir discuté avant. On n’est pas fermé à s’affilier à HQ, mais on ne veut pas avoir les mains liées. En attendant, on va de l’avant. Notre ligue ne cesse de grossir. De plus en plus de gens croient en notre projet, où l’éducation passe avant le sport», a-t-il conclu.

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