Des fiertés… et des déceptions

Des fiertés… et des déceptions

Dominic Ricard (Photo TC Media – archives

Appelé à faire un retour sur ses 12 années et demie à la barre des Voltigeurs, Dominic Ricard affirme s’être toujours mis au service de l’organisation. Pour lui, les Voltigeurs, c’est la population, la ville de Drummondville, les bénévoles, les employés et les joueurs.

«Je n’ai jamais travaillé dans ma vie. J’ai toujours servi une cause, que ce soit dans le hockey scolaire, midget AAA ou junior majeur. Partout où je suis passé, on a eu du succès, car quand tu sers une cause avec cœur, tout le monde embarque avec toi. Même ma femme Isabelle a embarqué, parce que c’est une femme de cœur. Mes enfants ont le V tatoué sur le cœur et mes parents, des gens de Shawinigan, sont vite devenus des Voltigeurs. C’est aussi là qu’il est, mon deuil.»

«Je voulais que les gens soient fiers de leur équipe et que les joueurs s’épanouissent. C’est comme ça que je vois un club junior», ajoute-t-il.

En regardant derrière lui, l’homme de hockey se dit fier du parcours accompli, spécialement en considérant l’état où l’équipe se trouvait à son arrivée en 2003. Ayant fait du surplace pendant une dizaine d’années, le club a ensuite prétendu aux grands honneurs à cinq reprises entre 2007 et 2014.

«Quand je suis arrivé ici, mon mandat, c’était de bâtir. La crédibilité et la réputation de l’organisation étaient entachées. Certains agents n’envoyaient plus leurs joueurs à Drummondville, car ils n’avaient pas confiance envers l’organisation. Je suis fier de chaque secteur qu’on a bâti. On a développé un réseau qui nous a permis d’attirer des joueurs européens. On a mis à la disposition de nos joueurs un encadrement professionnel, tant au chapitre sportif, que scolaire et humain.»

Ricard se dit également fier d’avoir vu neuf joueurs, quatre entraîneurs, deux thérapeutes, un dépisteur ainsi que son principal adjoint faire le saut dans le monde des professionnels au cours de cette période.

«Aucun employé n’a quitté mon bateau. Ceux qui l’ont fait, c’est pour un monde meilleur. Je suis fier d’avoir aidé ces jeunes dans leur rêve de p’tit gars, celui d’atteindre la LNH. D’autres sont retournés à l’école, ont gradué dans les rangs universitaires ou se sont trouvé un métier. Je suis fier de les avoir aidé à s’accomplir.»

Au chapitre des résultats sportifs, la conquête de la Coupe du Président en 2009, qui demeure à ce jour l’unique championnat dans l’histoire des Voltigeurs, représente bien sûr son plus bel accomplissement. L’incroyable séquence de succès de trois saisons (2009 à 2011) durant laquelle aucune équipe canadienne n’a obtenu un meilleur pourcentage de victoires l’emplit également de fierté.

Bien que le parcours de Ricard ait été ponctué de beaucoup plus d’épisodes heureux que malheureux, la descente aux enfers de l’équipe durant les deux dernières campagnes aura laissé des traces dans son esprit.

«Je n’ai pas de problème avec les années difficiles, parce que ça nous permet de repêcher de bons joueurs. Je suis plus déçu de nos relations. Au-delà des résultats, on n’a pas eu beaucoup de plaisir à servir les Voltigeurs. Vers la fin, des joueurs ont quitté, puis des entraîneurs ont été congédiés. Le départ de Dylan Montcalm m’a particulièrement fait mal. À partir de là, je me suis demandé ce qui se passait. Un Voltigeur, ça ne quitte pas le navire. J’ai dû me regarder dans le miroir.»

Le congédiement du pilote Martin Raymond, en novembre dernier, a ensuite marqué le début d’une véritable crise dont l’équipe ne s’est toujours pas extirpée. Bien qu’il ne puisse revenir en arrière, Ricard a fait son mea-culpa.

«Le c.a. et moi, on a pris cette décision ensemble. On avait nos raisons. Ce congédiement a toutefois causé un éclatement du leadership dans l’équipe. Aujourd’hui, quand je regarde comment ça a déstabilisé et insécurisé les joueurs, je me dis que j’aurais peut-être été mieux de faire comme d’habitude. C’est-à-dire d’être patient et de travailler avec Martin à l’intérieur de ses forces et de ses faiblesses.»

À ses yeux, son bref retour derrière le banc, sous la recommandation du président Éric Verrier, s’est également avéré une erreur.

«Je n’ai jamais eu l’intention de revenir comme coach, car je n’en avais pas envie. Je l’ai fait seulement pour sortir l’équipe du trouble. Mais c’était voué à l’échec. Si c’était à recommencer, je n’y retournerais pas.»

Malgré un brin d’amertume, Dominic Ricard rompt les rangs du bataillon drummondvillois avec le sentiment du devoir accompli.

«Je dois faire le deuil de toutes ces années. Je vais me retrouver à travers autre chose un jour, mais pour le moment, ça me fait encore mal.»

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