SANTÉ. Après la tenue de deux journées nationales de grève les 23 et 24 novembre, les professionnels en soins du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ) exercent une première journée de leur mandat local de grève, le samedi 25 novembre, pour dénoncer les nouvelles mesures de travail qui leur a été imposées.
En effet, en février dernier, la direction du CIUSSS MCQ annonçait des modifications, telles que des fusions de départements et des fins de semaine supplémentaires obligatoires. Depuis, les professionnels en soins infirmiers dénoncent ce qui se passe sur le plancher.
Richard Beauregard, infirmier clinicien, est sorti de sa retraite pour donner un coup de main au système de santé. Nouvel employé depuis deux semaines, il s’occupe de vaccination. Dès sa première journée, on a voulu l’affecter ailleurs. 40 heures de formation en vaccination inutiles. «On ne peut pas être bon partout! Il y a un trou à combler, on le fait sans se soucier si la personne a l’expertise nécessaire. Je ne veux pas être dramatique, mais on n’a qu’une seule licence d’infirmier et ça la met à risque. C’est aussi de la considération pour la population, d’avoir des services de qualité. On demande à des gens en CLSC d’aller en CHSLD, ce sont deux réalités complètement différentes. On veut boucher des trous, mais à quel prix?», s’interroge-t-il.
Vicky Blanchard, agente syndicale à Drummondville au sein de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), a souligné l’importance de dénoncer ce qui se passe concrètement. «Madame Petitclerc [PDG du CIUSSS MCQ] a fait des annonces en février dernier pour expliquer que le statu quo n’était plus possible. Elle a instauré une fin de semaine sur trois obligatoire pour toutes les infirmières. Elle a mis en place plusieurs fusions de centres d’activités. Elle disait le faire en respectant la clientèle pour que ça soit ressemblant. Par exemple, elle a fusionné la santé sexuelle avec le CHSLD Frederick-George-Heriot».
Elles étaient 19 infirmières de santé préventive; il n’en reste qu’une seule. Les 18 autres ont démissionné, sont parties à la retraite plus tôt ou sont en arrêt maladie.
«C’est un non-sens parce qu’on a des expertises particulière. Je suis infirmière en soins palliatifs, je n’ai pas les compétences pour travailler, par exemple, à l’urgence», dit Mme Blanchard. Cette dernière a contacté 209 infirmières ayant quitté leur poste. Questionnées sur la raison de leur départ, elles ont servi une réponse similaire : les nouvelles mesures mises en place.
Pressées comme des citrons, elles ont peur
Vicky Blanchard déplore l’absence de communication avec la haute direction et le manque de connexion avec le plancher. Selon elle, Nathalie Petitclerc n’aurait pas été vue parmi les employés, malgré le fait qu’elle ait affirmé être allée visiter tous les départements pour parler avec les gens. «Pire, certains médecins ne savent pas qui elle est», mentionne Mme Blanchard.
Les infirmières ont peur de faire une erreur qui pourrait coûter la vie à un patient. «On n’enverrait pas un médecin gériatre à l’urgence. On dirait qu’ils ne comprennent pas notre métier. On n’est pas des “passeuses” de pilules», s’insurge-t-elle.
Le syndicat voudrait que les gestionnaires prennent un pas de recul et discutent réellement avec les membres. «Ils sont prêts à nous écouter, mais pas à faire aucune conciliation. On veut que la gestion considère ses professionnels en soin comme des alliés», continue Vicky Blanchard.
Elle conteste aussi la pertinence des chiffres présentés à la population. «Mme Petitclerc a sorti des chiffres indiquant que depuis les nouvelles mesures, il y avait moins de temps supplémentaire obligatoire et de temps supplémentaire. Les données qu’elle a utilisées couvraient de février jusqu’à début juin. Les filles n’ont commencé qu’à la fin juin». Elle mentionne également qu’en cas d’absences, le personnel infirmier n’est pas remplacé. On leur demande aussi de voir plus de patients. «Ça parait bien dans les statistiques, mais ce que ça veut dire en réalité, c’est qu’on rajoute de la charge de travail aux infirmières. Si j’ai trop de patients à m’occuper, je risque de faire des erreurs. Ce sont de grands dangers pour la vie».
Et des erreurs, l’agente syndicale confirme qu’il y en a. «Je suis inquiète pour les patients. C’est la population qui va écoper». Trop souvent, en voulant obtenir de bons indicateurs de performance, il semblerait que des congés d’hospitalisation soient donnés précipitamment. Résultat : le patient revient le lendemain.
D’anciens anges gardiens
Une inhalothérapeute et une infirmière clinicienne rencontrées parmi les manifestants disent que leur profession est sous-estimée et méconnue. L’une d’entre elles est mère monoparentale de 4 enfants. Chaque jour, elle ne sait pas si elle devra rester le soir. «J’étais de garde la nuit passée, et je travaille de jour, je ne sais pas si je vais être obligée de rester ce soir et je suis de garde la nuit prochaine». Sans prendre une gorgée d’eau ou aller aux toilettes pendant 8 heures, elles demandent plus de reconnaissance. «C’est incroyable d’avoir été des anges gardiens pendant la covid, là on est moins importants».
Rappelons que ces mesures ont été imposées au personnel infirmier afin de favoriser une meilleure couverture en continu dans les services.
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