L’art de fabriquer des armures

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Par Emmanuelle LeBlond
L’art de fabriquer des armures
Olivier Laliberté-Beaulieu fabrique des pièces d’armure depuis plus de vingt ans. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Olivier Laliberté-Beaulieu a une passion qui sort de l’ordinaire. Dans ses temps libres, il s’amuse à fabriquer des pièces d’armure en utilisant les techniques de l’époque. L’autodidacte peaufine son art depuis plus de vingt ans, habité par la motivation de faire revivre le passé.

C’est à l’adolescence qu’Olivier Laliberté-Beaulieu a eu la piqûre pour l’histoire, plus précisément celle de l’armée romaine. «Progressivement, j’ai commencé à m’intéresser au Moyen-Âge. Je me suis spécialisé dans les armures de la fin du 15e siècle», indique-t-il.

L’artisan porte une attention particulière aux détails. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Ce dernier s’est lancé dans la fabrication d’armure à l’âge de 17 ans, à l’occasion d’un costume d’Halloween. Une passion est née. Dans les années suivantes, Olivier Laliberté Beaulieu a réalisé toutes sortes de pièces, en passant un nombre incalculable d’heures dans son atelier.

L’artisan a fait preuve de patience et de persévérance pour développer son expertise. «J’ai appris par essai-erreur en lisant sur des forums et en regardant des photos d’armurier qui étaient meilleures que moi. J’ai fait des recherches. J’ai perfectionné mes techniques en voyant des pièces originales. J’ai rencontré et discuté avec des gens.»

Au fil du temps, Olivier Laliberté-Beaulieu a développé une façon de travailler qui lui est propre. «J’ai une bonne perception spatiale. Lorsque je fais une pièce, je n’ai pas de plan. Tout est dans ma tête. Il y a des armuriers qui font des dessins. Ultimement, c’est la vraie technique. Ils comparent la pièce au dessin ou à celle d’origine.»

Les pièces d’armure qu’il fabrique sont faites à l’œil. Résultat : elles sont uniques. «Chaque pièce à ses défauts, comme c’était le cas à l’époque», soutient-il.

Olivier Laliberté-Beaulieu travaille avec de l’acier doux qu’il martèle à chaud. «Une fois la forme donnée, je sable et je polis la pièce pour enlever les coups de marteau à l’extérieur.» Durant le processus de fabrication, il utilise peu de techniques et d’outils modernes.

Une paire de gants d’armure médiéval.  (Photo : Ghyslain Bergeron)

À titre indicatif, un casque peut prendre de 30 à 50 heures de travail et une armure représente 900 heures de travail, informe-t-il.

Souci du détail

Le trentenaire porte une attention particulière aux détails. «Un moment donné, je suis arrivé au stade où je pouvais faire ce que je voulais. Plus j’avançais, plus je me rapprochais de ce qui était fait à l’époque. J’ai continué dans cette perspective. Je me suis intéressé à la qualité et la quantité des détails», soutient celui qui a eu un coup de cœur pour le style gothique.

Pour se faire, il examine attentivement les pièces originales qu’il veut reproduire. «J’ai eu la chance il y a quelques années de visiter plusieurs collections d’armures dans le monde. J’ai voyagé à Paris, Londres, Madrid et New York. Je photographie les armures sous tous les angles.»

Sa destination préférée? La ville de Vienne en Autriche. «Les armures datent du 15e siècle. Celles des empereurs sont magnifiques. C’est là que j’ai vu tout le savoir-faire des artisans.» Ce dernier a aussi été impressionné par la finesse des pièces exposées.

Ces aventures à l’international représentent une source d’inspiration. «J’aimerais beaucoup faire la réplique exacte d’un casque à Vienne. Il a appartenu à Maximilien 1er. J’aimerais reproduire les bandes de laiton.»

En plus de réaliser des casques et des armures pour son plaisir personnel, Olivier Laliberté-Beaulieu fait des commandes personnalisées pour les amateurs de grandeur nature et les «reconstitueurs». Sa clientèle est principalement située au Canada, en aux États-Unis et en Angleterre.

Dans tous les cas, celui qui œuvre dans le domaine des ressources humaines manque de temps pour fabriquer toutes les pièces qu’il a en tête. C’est pour cette raison qu’il ne compte pas arrêter de sitôt.

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