Regarder Drummondville autrement

Photo de Claude-Hélène Desrosiers
Par Claude-Hélène Desrosiers
Regarder Drummondville autrement
Evelyn Losier, Francine Laplante, Linda Cyrenne, Karolann St-Amand et Nathalie Dupont. (Photo : Claude-Hélène Desrosiers)

ARTS VISUELS. Cinq femmes sont en vedette chez Axart jusqu’au 26 novembre. L’exposition «Expressions territoriales — phase 2» présente les œuvres inspirées par leurs déambulations dans différents lieux de la ville par Francine Laplante, Linda Cyrenne, Nathalie Dupont, Evelyn Losier et Karolann St-Amand.

Une première phase s’est déroulée en 2021, lors de laquelle ces quatre dernières exploraient les différentes municipalités qu’elles habitent. Francine Laplante s’est jointe au quatuor pour la deuxième phase. Cette fois, c’est à travers quatre zones choisies de Drummondville qu’elles ont déambulé ensemble. Elles se sont donc imprégnées des berges de la rivière Saint-François, du quartier industriel, du centre-ville historique et du quartier Saint-Joseph. Le projet s’est déroulé sur une année complète.

«Ce qui m’a beaucoup touchée, avant même qu’on débute nos déambulations, c’est que ma belle-famille provient de Saint-Jean-Baptiste et Saint-Joseph. Quand je suis arrivée là, il y avait déjà quelque chose qui m’habitait. Je me souvenais de ma belle-maman qui racontait qu’elle avait travaillé au coton, elle était venue s’établir à Saint-Joseph. C’était se sortir de la misère, à l’époque. Ils partaient de la pauvreté de la campagne et venaient en ville travailler dans les usines», a expliqué Nathalie Dupont. «Il y a beaucoup de ça dans les tableaux, de l’espoir, le coton, la fibre. C’est ça qui est intéressant dans un projet comme ça, de se laisser habiter, de transformer parfois nos pratiques, pour arriver à un produit très spécifique à notre projet de déambulation», a-t-elle continué.

Pour Francine Laplante, un certain temps de mûrissement a été nécessaire. «Je ne peins pas tout de suite après. J’ai besoin de mûrir et de voir venir, j’ai besoin d’imagination. Je suis complètement sortie de ma zone de confort en mêlant le réalisme et le surréalisme».

Le côté historique des déambulations a particulièrement habité Linda Cyrenne. Dans ses toiles, on peut voir divers personnages importants pour la ville. «C’est ça qui fait qu’une ville se construit, c’est la collectivité», a dit celle qui a travaillé 20 ans dans le textile.

Evelyn Losier a pris le temps de voir les projets émerger dans sa tête. «J’ai fait beaucoup de dessins pendant que je marchais, des notes, des mots».

«Ça vibrait l’histoire constamment»

Au fil de leurs déambulations, les artistes ont vécu toutes sortes de surprises. Francine Laplante ne savait pas trop où elle s’en allait avec sa toile sur le quartier industriel, tout en sachant qu’elle voulait que ça parle de coton et de soie. «Après que je l’aie eu finie, il m’est revenu quelque chose en tête. Quand j’étais jeune, il y avait une émission de la Celanese nommée Les jeunes talents. J’étais allée y réciter des poèmes quand j’avais environ 12 ou 13 ans. Je me souvenais de la chanson-thème tout à coup. Tout ça m’est revenu après ça», a-t-elle raconté.

Pour sélectionner les lieux à explorer, elles ont réfléchi à ce qu’est Drummondville pour ses citoyens. Il y avait bien sûr des incontournables, comme la rivière Saint-François, pour ses débuts, sa fondation. Puis les gens se sont installés dans les premiers quartiers, ont travaillé dans les premières industries… Il y avait une grande dimension historique à leurs promenades. «Ça vibrait l’histoire constamment», a observé Nathalie Dupont.

Pour Karolann St-Amand, la façon dont le corps s’imprègne du lieu en même temps que le lieu s’imprègne du corps est une question importante dans sa démarche artistique. «Je suis dans le lieu, je l’habite, je m’en inspire, j’en fais partie. C’est un autre échange, le lieu m’habite autant que je l’habite».

Francine Laplante abonde dans ce sens. «Quand tu pars dans le but de faire l’observation de quelque chose, il faut que tu habites les lieux, il faut que tu restes dans ta bulle à toi, mais avec ce qui t’entoure. Autrement, tu ne peux pas créer, tu fais juste reproduire ce que tu as vu, simplement».

Pour leur première marche en groupe, c’était le temps des lilas. Emplies des odeurs, touchant les plantes ou cueillant une tomate, tous les sens étaient convoqués.

En résulte une exposition organisée par lieu, avec cinq regards différents. Les visions de chacune des cinq artistes sur Drummondville sont définitivement à venir admirer, côte à côte. Beaucoup de poésie et d’espoir habitent chacune des œuvres. Soie, fil, coton, gens qui l’ont habitée et l’habiteront : Drummondville est fort jolie chez Axart.

Activités pour tous

Deux ateliers de médiation culturelle sont prévus dans les prochaines semaines. D’abord, le 11 novembre, une activité sera proposée aux familles. Un jeu de type «cherche et trouve» sera proposé. Les enfants devront retrouver sur une carte des icônes représentant des choses que les artistes ont croisées.

La deuxième médiation aura lieu le 25 novembre et s’adresse à tous. Les gens présents seront invités à faire une déambulation à l’intérieur de la galerie. Du matériel sera mis à leur disposition pour vivre le processus à la manière des cinq artistes.

 

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