Remorqueur et raccompagnateur, Steve Desrosiers en voit de toutes les couleurs

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Par Lise Tremblay
Remorqueur et raccompagnateur, Steve Desrosiers en voit de toutes les couleurs
Steve Desrosiers est le copropriétaire de l’entreprise Sécurimax Plus. (Photo : Ghyslain Bergeron)

DRUMMONDVILLE. Malgré toutes les campagnes de sensibilisation menées à grands coups de millions, l’alcool au volant est toujours d’actualité. Parlez-en à Steve Desrosiers, qui porte à la fois le chapeau de remorqueur et de raccompagnateur. Il y a 18 mois, il a acheté l’entreprise Sécurimax Plus et sauve des vies. Chaque jour.

Ce père de cinq enfants est prêt à tout pour «rendre service à la communauté». Autrefois grutier, il est devenu remorqueur durant la pandémie pour le compte de l’entreprise Normand Dionne sans imaginer que ce métier allait changer sa vie.

«J’ai été appelé à remorquer un véhicule impliqué dans un accident mortel. C’était la première fois que je faisais ça. Les policiers avaient pris soin de me prendre à part pour me préparer à voir des choses difficiles, mais malgré cela, je n’ai pas dormi durant trois jours. Le jeune conducteur avait été éjecté de son véhicule. Il y avait des bouts de chair et du sang partout. Quand je suis entré chez moi, j’ai dit à ma conjointe qu’il fallait faire quelque chose pour éviter de tels accidents», communique-t-il.

Quelques semaines plus tard, il est devenu copropriétaire de Sécurimax Plus, une entreprise spécialisée dans les raccompagnements. Les employés ne font aucune discrimination et ramènent à bon port – et à peu de frais – tous les gens, qu’ils soient pompettes ou en état d’ébriété.

Chaque semaine, environ 300 personnes sont prises en charge. Annuellement, on parle de 4000 individus. Ce sont autant de personnes qui évitent d’avoir recours à un remorquage, son autre emploi, à la suite d’une arrestation pour alcool au volant ou, pire, d’un accident de la route.

«Depuis que j’ai l’entreprise, je n’ai pas pris un jour de vacances. On fait ça pour les bonnes raisons avec une approche humaine. Quand mon équipe ramène quelqu’un, c’est quelqu’un de moins que je vais ramasser après avec la remorque», précise M. Desrosiers. L’homme détient cinq véhicules bien identifiés aux couleurs de l’entreprise. Il détient un permis de taxi.

Sensibilisation

Dernièrement, L’Express a publié un article dans lequel une mère de famille, Geneviève Lavergne-Grenier, déplorait le manque de services de raccompagnement à Drummondville. Son fils a perdu la vie à la suite d’une fête bien arrosée. Tout en déplorant cette tragédie, le nouveau propriétaire de Sécurimax Plus met de l’avant qu’encore aujourd’hui, trop de jeunes prennent des chances et prennent le volant après avoir festoyé.

«Il y a des services à Drummondville, mais les gens ne les utilisent pas. Les jeudis, vendredis et samedis soir, on a toujours des véhicules lettrés devant les bars où se tiennent les jeunes, mais la plupart nous ignorent. On se fait dire que 25 $ pour un raccompagnement, c’est trop cher. Quel est le prix d’une vie? Une balloune peut coûter jusqu’à 10 000 $. Quand je vois des gens chauds prendre leur auto, je les retrouve dans 99 % des cas un peu plus tard avec la remorque, soit pour une saisie ou parce qu’ils ont été impliqués dans un accident», met-il en perspective.

M. Desrosiers rappelle d’ailleurs à ces gens qu’ils mettent la vie d’autrui en danger. «Ils ont l’impression que les accidents, ça ne peut arriver qu’aux autres.»

Manque de patience

Avis à tous ceux qui auront besoin de recourir à ses services, Sécurimax ne détient qu’une seule ligne téléphonique.

«Si cinq personnes essaient de nous appeler à 3 h du matin, c’est possible que la ligne soit occupée. À la fermeture des bars, ça ne dérougit pas. Les gens ont l’impression qu’on ne répond pas, mais on est sur la route. Le mieux est de prévoir ses déplacements. À la base, il faut savoir que c’est un service qu’on donne. C’est pour aider la communauté», insiste M. Desrosiers, qui regrette que certains clients manquent de respect et de patience.

«C’est toujours du dernière minute et les gens ne veulent pas attendre. J’ai failli vendre l’entreprise parce que ça vient difficile sur le moral d’écouter certains commentaires. Je me dis qu’il faut que je continue», ajoute-t-il.

Un exemple concret d’une impatience qui a un prix : une femme a contacté Sécurimax au cours des derniers jours après une soirée arrosée au bar Le Cristal. Au bout du fil, on lui a dit qu’un véhicule serait sur place dans dix minutes. Elle a refusé de patienter.

«J’ai reçu un appel un peu plus tard des policiers pour que j’aille remorquer un véhicule. C’était celui de la dame. Elle a été arrêtée pour alcool au volant. Je ne me suis pas gêné pour lui dire qu’elle aurait dû attendre 10 minutes. Elle a perdu son véhicule pour 30 jours. Quand les gens m’appellent, je les avertis : «Ne prends pas ton auto; tu vas finir par me voir quand même!»»

Sécurimax Plus offre des services de 16 h à 4 h, sept jours par semaine. Bien qu’il s’agisse d’une entreprise, tous les profits qu’elle génère sont remis à la communauté.

 

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