Une mère endeuillée en a contre les services de raccompagnement

Photo de Lise Tremblay
Par Lise Tremblay
Une mère endeuillée en a contre les services de raccompagnement
Geneviève Lavergne-Grenier réclame de meilleurs services de raccompagnement pour la population la nuit. (Photo : Ghyslain Bergeron)

DRUMMONDVILLE. «La dernière phrase que mon fils m’a dite, c’est «Je t’aime; je te promets maman que je vais prendre un taxi»». Depuis le 19 novembre 2022, ces quelques mots tournent en boucle dans la tête de Geneviève Lavergne-Grenier et la poussent à réclamer un meilleur service de raccompagnement.

La vie de cette mère de famille vivant à Drummondville a brusquement basculé après que les policiers lui ont annoncé que son fils, Gabriel Lavergne-Laforce, âgé de 21 ans, a péri dans un accident de voiture survenu vers 2 h 45.

(Photo : Ghyslain Bergeron)

Rien ne laissait présager une fin aussi abrupte. Gabriel carburait à la passion de la musique et avait des rêves plein la tête.

«Il travaillait pour une entreprise de toiture, mais il voulait devenir DJ international. Il avait le beat dans le corps. Quand on l’a vu la veille de son décès, il nous avait d’ailleurs fait écouter son nouveau mix. Il était vraiment content. On avait passé une soirée extraordinaire avec lui», exprime la dame, qui porte à son cou une chaîne arborant une petite photo de lui souriant.

«C’était un jeune homme toujours de bonne humeur. Il avait une belle joie de vivre.»

Après le départ de ses parents et de son frère Logan le soir du 18 novembre, Gabriel est sorti avec ses nombreux amis. Ils ont mis le cap vers le restaurant Shaker, situé sur le boulevard Saint-Joseph. Ce soir-là, contrairement aux autres, le chauffeur désigné n’y était pas.

Gabriel Lavergne-Laforce est décédé le 19 novembre 2022. (Photo gracieuseté)

«Il savait qu’il pouvait nous appeler n’importe quand, mais il ne l’a pas fait. Je sais qu’ils ont fait le party, comme on l’a fait quand on était jeunes. Je sais aussi qu’il a réussi à acheter une bouteille de vodka au complet vers 2h. Je ne comprends pas trop, car il avait déjà beaucoup bu. Ce n’était pas comme ça dans notre temps», laisse tomber la femme.

Vers 2 h 15, Gabriel a appelé le service de taxi, mais celui-ci n’était plus offert à cette heure. Il a également tenté de contacter le service de raccompagnement Sécurimax. En vain.

«Ses amis lui ont enlevé ses clefs, mais une bagarre s’est déclarée dans le bar. Gabriel a toujours détesté ça. Il voulait s’en aller et il a réussi à récupérer ses clefs. Je crois qu’il est parti spontanément et en douce. Personne ne sait vraiment pourquoi, d’autant plus que c’était le plus responsable de la gang», ajoute Mme Lavergne.

Selon le rapport du coroner, la voiture de Gabriel a fait une violente sortie de route près du 4e rang sur le boulevard Lemire Ouest. Il est mort cérébralement sur le coup. Il s’était endormi au volant.

Plus de services

Dix mois après cette tragédie, cette mère de famille, qui a deux autres fils âgés de 13 et 24 ans, se donne le mandat de sensibiliser la population à l’importance de pouvoir compter sur un chauffeur désigné. Elle réclame aussi davantage de services de raccompagnement à Drummondville qui, rappelons-le, fait maintenant partie des sept grandes villes québécoises à être considérées comme une région métropolitaine de recensement.

«La plupart des grandes villes offrent des services de taxi 24 heures; c’est le cas à Saint-Hyacinthe et à Victoriaville. Ici, tout arrête à 2h, soit avant la fermeture des bars. N’allez pas me dire qu’il manque de main-d’œuvre. Cette raison ne tient pas la route. Minimalement, ça prendrait un service de raccompagnement les fins de semaine, mais rien n’existe», affirme celle qui indique parler aussi au nom de son conjoint, Dominique Laforce.

«On a un cégep et une université. Il y a plein de jeunes ici. La région a besoin de services et pas juste pour les cas de boisson. Ça peut arriver qu’une personne soit trop fatiguée pour retourner chez elle ou simplement qu’elle ait peur de revenir en marchant la nuit», insiste-t-elle.

Difficile de trouver des chauffeurs

Gabriel Lavergne-Laforce rêvait de devenir DJ international. (Photo gracieuseté)

La seule entreprise de taxi local, Taxi Central, offre un service de 6h à 2h du jeudi au samedi. Joint à son bureau, Charles Lambert, président de l’entreprise, assure que s’il était en mesure d’offrir un service 24 heures sur 24, il le ferait.

«On est rendu avec une flotte de 22 taxis. La plupart des chauffeurs sont de jour et de soir. C’est difficile d’en trouver qui veulent travailler de nuit. Il faut dire que c’est un métier difficile. La nuit, les chauffeurs sont confrontés à des bagarres. Il y a des gens qui pissent dans les chars. Quand tu passes deux heures à nettoyer un véhicule après une course, ce n’est pas très payant», dit-il.

Néanmoins, il assure que tous les appels entrants avant 2 h sont pris en charge.

«Si 16 personnes appellent, on va tous les reconduire. Le système arrête de prendre les appels à 2 h, mais les chauffeurs cessent rarement avant 4 h. Et lorsque c’est tranquille, ils se stationnent près des bars pour pouvoir raccompagner les gens. Ils sont proactifs», a-t-il indiqué en offrant ses condoléances à la famille éprouvée.

Gabriel Lavergne-Laforce est mort cérébralement. Pas moins de cinq vies ont été sauvées après le don de son cœur, son foie, ses reins, son pancréas ainsi que ses valves cardiaques.

Cinq vies

Gabriel Lavergne-Laforce avait pris soin de signer sa carte de dons d’organes. Ce faisant, sa famille a accepté d’honorer son consentement. Pas moins de cinq vies ont été sauvées après le don de son cœur, son foie, ses reins, son pancréas ainsi que ses valves cardiaques.

«On a eu l’impression de respecter ses dernières volontés. Mais ç’a été difficile. De savoir qu’il a sauvé des vies, ça met un baume sur tout ça, d’autant plus que j’ai su que toutes les greffes ont été réussies», termine Mme Lavergne Grenier.

 

Simple et toujours gratuit

Meta (Facebook et Instagram) bloque désormais vos nouvelles de L’Express en réponse à la loi C-18.

Pour rester connecté à la source, L’Express vous invite à télécharger son application. Vous pourrez ainsi continuer de lire vos nouvelles gratuitement, et ce, en temps réel. N’oubliez pas d’activer les notifications!

Apple : https://apps.apple.com/ca/app/lexpress-de-drummondville/id1575799821?l=fr-CA

Androïd : https://play.google.com/store/apps/details?id=ca.journalexpress.app&hl=fr

Partager cet article