DRUMMONDVILLE. Plus de 125 000 $ engloutis. Un conteneur retourné en Afrique et pour lequel on continue de la facturer. Désespérée par sa situation, Mariam Simbré a multiplié les démarches pour sauver son entreprise dans ce parcours digne des 12 travaux d’Astérix.
Elle a contacté l’Association des femmes entrepreneures du Québec, dont elle est membre, pour avoir de l’aide. On l’a mis en contact avec Exportation et développement Canada où elle a été référée à une avocate.
Elle a également contacté le député Martin Champoux. Une personne responsable de son dossier aurait rapporté que lorsqu’elle appelait aux douanes, on lui disait que Mme Simbré n’arrêtait pas d’insulter les gens en les traitant de racistes.
«Je n’ai jamais fait ça, dit-elle avec la voix brisée. Je me sentais en position de faiblesse. J’ai négocié avec eux pour avoir mes biens. Pourquoi je les insulterais? Qu’est-ce que le racisme vient faire dans ça? Quelqu’un qui comprend que c’est le même sang qui coule dans nos veines, que nous naissons de la même façon et que nous allons repartir de la même façon, ne fera pas de racisme. Quand la personne du bureau de Martin Champoux m’a dit ça, ça m’a enlevé le goût de vivre. Je partage ma vie avec un Québécois. Je suis venue pour la première fois à Drummondville pour le Mondial des cultures et c’est là que j’ai rencontré mon ami. C’est pour lui que je suis déménagée à Drummondville. Si je suis raciste, que je retourne dans mon pays. Je ne vois pas ce que le racisme a à faire dans ce dossier», plaide-t-elle, en pleurs.
«J’écris partout. Je suis allée voir la SDED, ils ne m’ont pas aidée. J’étais membre de la Chambre de commerce. Je suis allée les voir en décembre, mon adhésion était expirée. Je n’ai eu aucun soutien. Je pense que ce sont les commerces qui font la Chambre de commerce. Ils devraient aider les entreprises en difficulté. Ils disent que la douane, c’est comme l’immigration. Quand une décision est prise, aucun ministre, aucun agent, personne ne peut la changer», poursuit-elle.
Les travaux de la rue Lindsay ajoutent une couche de complexité dont elle se serait bien passée. Mariam Simbré affirme qu’à Montréal, les boutiques touchées par des travaux de la Ville sont indemnisées. «J’ai approché la Ville, mais ils me disent qu’ils ne peuvent rien faire. Pendant ce temps, je suis bloquée avec la banque, avec une mise en demeure. Je n’ai pas mon inventaire. J’ai plein de dettes. Les rues sont barrées, il n’y a pas de ventes. Comment vivre et payer mon loyer?», soulève-t-elle.
Du côté de L’ACIA
L’Express a pu lire la lettre de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) détaillant les raisons du renvoi du conteneur. On explique que l’importation enfreint la réglementation. La décision de renvoi repose sur deux faits : des insectes ont été trouvés dans le conteneur et il y avait présence de paille d’avoine. Après avoir analysé l’insecte et la paille, un avis de fumigation a été émis. Cependant, l’ACIA affirme que la fumigation n’a pas été faite dans un endroit approuvé pour la désinfection de la fièvre aphteuse et qu’elle n’a pas été supervisée par un inspecteur.
«La présence de paille disséminée dans le conteneur donne à l’ACIA un motif raisonnable de croire que l’ensemble du conteneur est susceptible d’être contaminé», peut-on lire dans la missive.
Par ailleurs, l’Agence souligne que «l’importateur est responsable de tous les frais liés à l’inspection, à la mise en quarantaine, au renvoi, à la confiscation et à la destruction des animaux ou des choses».
Le conteneur et son contenu étaient prépayés. Quand les douanes ont tenté de joindre la fournisseuse du beurre de karité en Afrique, elle s’est désengagée. Elle a répondu que le tout ne lui appartenait plus puisque tout a déjà été payé. Le conteneur est donc stationné au Togo, et les frais continuent de s’accumuler à une vitesse vertigineuse.
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