Violence conjugale : une cellule se déploie dans Drummond

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Par Emmanuelle LeBlond
Violence conjugale : une cellule se déploie dans Drummond
La cellule Komodo a vu le jour grâce à la collaboration de plusieurs organismes de la région. (Photo : Ghyslain Bergeron)

COMMUNAUTÉ. De nombreux organismes de la région ont uni leurs forces pour créer une cellule d’intervention rapide pour la gestion des risques d’homicide conjugal. Il s’agit d’une première sur le territoire de la MRC de Drummond.

La directrice générale du Centre de ressources pour hommes Drummond (CRHD), Andrée-Anne Genest, et la codirectrice générale de La Rose des vents de Drummond, Stéphanie Gauthier, ont commencé à travailler sur le projet à l’automne 2021.

Elles ont décidé de mettre sur pied un comité de travail pour jeter les bases de la cellule d’intervention rapide, tout en établissant un cadre de référence. Le Centre d’écoute et de prévention suicide Drummond (CEPS), le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) et le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ) se sont joints à l’équipe.

Une motivation précise habitait le groupe. «Ce qui nous a ralliés, c’est d’avoir un but commun. Dans nos missions respectives, notre souhait est de sauver des vies, que ce soit l’homme, la femme, les enfants ou les proches. Nous voulons mettre en place des filets de sécurité pour prévenir les homicides conjugaux», soutient Andrée-Anne Genest.

Le comité de travail s’est inspiré des cellules d’intervention rapide qui existent déjà à travers la province afin de créer son propre modèle, en s’adaptant aux réalités de la région.

Tout au long du processus, un esprit de collaboration régnait au sein de l’équipe. «C’était important pour nous de respecter les expertises de chacun. Nous sommes tous experts dans notre domaine. C’est ensemble qu’on devient meilleur», indique Andrée-Anne Genest.

Mentionnons que plusieurs partenaires se sont greffés au projet pour former un comité décisionnel. On y retrouve le Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel La Passerelle, le Service d’aide en prévention de la criminalité, la Maison des femmes de Drummond, la Sûreté du Québec, le ministère de la Sécurité publique et le Directeur des poursuites criminelles et pénales.

C’est ainsi qu’a vu le jour la cellule d’intervention rapide Komodo.

Déploiement

À partir de cette semaine, Komodo donnera des formations à des personnes qui ont été recrutées à même les partenaires. Les cours porteront sur «l’évaluation du risque homicidaire». D’après Andrée-Anne Genest, il existe plusieurs facteurs pour mesurer le niveau de danger, comme une séparation récente, des problèmes de consommation, des menaces ou l’historique des gestes posés.

«Si la situation est considérée suffisamment à risque, les organismes coordonnateurs, tels que le CRHD et La Rose des vents, sont contactés. Ce sont eux qui vont déterminer si une cellule est déclenchée. Dans certains cas, on arrive à mettre en place des filets de sécurité en faisant des plans d’action concertés», explique-t-elle.

Si les responsables décident d’aller de l’avant, une rencontre est planifiée en présence des organismes. «Ils se sont engagés à se libérer rapidement. Si on se rend jusqu’à ce stade-là, on sait qu’on n’a pas beaucoup de temps pour agir. Dans cette rencontre, on présente la situation, les faits et les facteurs de risque. On identifie un plan d’action. C’est important pour nous de travailler dans le même sens, pour ne pas dédoubler les actions.»

C’est seulement lorsque la cellule est déclenchée que Komodo peut procéder à une levée de confidentialité. Les informations communiquées sont choisies avec soin. Le but est d’assurer la sécurité des personnes concernées.

Travailler en équipe

D’après Sophie Bergeron, directrice générale du CAVAC, la création de Komodo est une plus-value pour mieux servir les usagers du territoire de la MRC de Drummond. «Quand on se mobilise en cellule, ça nous permet d’avoir des regards différents sur une situation. On est complémentaire. Aussi, ça nous permet d’avoir un langage commun. En utilisant le même vocabulaire, la compréhension est meilleure. C’est plus efficace.»

Rappelons que la cellule a été mise en place dans un contexte où les féminicides ont connu une hausse à travers la province et que les femmes ont été isolées pendant la pandémie.

Komodo est effective depuis l’automne dernier, au moment où le projet a démarré. «C’était une façon pour nous de tester nos mécanismes. Il y a eu des ajustements en cours de route. Il y a eu beaucoup de plans d’action concertés. On ne déclenche pas nécessairement de cellule parce qu’on arrive à mettre des filets de sécurité en collaborant», mentionne Stéphanie Gauthier.

Pour l’avenir, l’équipe souhaite étendre son bassin d’organismes afin qu’un plus grand nombre de personnes suivent la formation de Komodo.

Notons que le projet a entre autres eu le soutien financier du Secrétariat à la Condition féminine.

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