Violence conjugale : la Rose des vents toujours aussi sollicitée

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Par Emmanuelle LeBlond
Violence conjugale : la Rose des vents toujours aussi sollicitée
Le centre d’aide et d’hébergement pour les femmes et les enfants qui sont victimes de violence est fortement fréquenté. (Photo : Deposit)

COMMUNAUTÉ. Augmentation des demandes d’aide. Taux d’occupation qui dépasse la capacité d’accueil. Des problématiques plus lourdes. Le visage de la clientèle qui change. Malgré les défis, la Rose des vents de Drummond fait des petits miracles tous les jours pour venir en aide aux femmes et enfants victimes de violence conjugale.

La situation n’est pas facile pour cette ressource communautaire qui offre des services d’hébergement, de consultation et d’accompagnement pour celles qui sont victimes de violence conjugale.

«Depuis la pandémie, on parle de haut taux d’occupation. Ça n’a pas changé. Notre année financière est du 1er avril au 31 mars. On s’en va vers des taux d’occupation qui dépassent toujours les 100 %. On réussit à faire des miracles pour répondre à la demande», soutient la codirectrice générale de l’organisme, Édith Doucet.

En conséquence, la Rose des vents a fait le choix de raccourcir la durée des séjours en hébergement. «La norme est de trois à six mois. C’est ce qu’on peut voir ailleurs dans les autres maisons. Ici, si une femme reste deux mois en hébergement, c’est parce qu’elle est dans une situation très complexe ou très à risque. Dès qu’on peut l’accompagner par le biais de notre service externe, elle quitte pour laisser la place à celles qui en ont le plus besoin au niveau de leur sécurité», explique la codirectrice générale, Stéphanie Gauthier.

L’équipe a dû modifier son approche avec la clientèle, question de favoriser une mise en action rapide. Alors qu’une pénurie de logements sévit à travers le territoire, les femmes doivent se mobiliser sans tarder afin réintégrer un autre milieu.

«On ne peut pas se permettre d’attendre à la dernière minute. Il faut évaluer les possibilités en termes de budget. Souvent, elles arrivent ici et elles n’en ont pas. Il faut faire la demande d’aide sociale. Parfois, ça peut les bousculer. Ce n’est pas confortable, mais les intervenantes le font avec bienveillance», mentionne-t-elle.

Éplucher les petites annonces, faire des liens avec des propriétaires, contacter des organismes : la Rose des vents travaille fort pour que les femmes trouvent un toit. Les intervenantes sont à la recherche constante de logements. Les familles nombreuses et celles qui ont un petit budget sont particulièrement touchées par la crise.

Les directrices générales de la Rose des vents, Édith Doucet et Stéphanie Gauthier. (Photo: Emmanuelle LeBlond)

Malgré les efforts qui sont déployés, certaines femmes ont été placées sur la liste d’attente. Dans la dernière année, plusieurs stratégies ont été implantées par la ressource. Les relances téléphoniques étaient fréquentes. Les premières entrevues étaient étoffées.

«On essayait d’investir davantage dans le premier appel. On prenait soin de bien comprendre la situation et la documenter. Je m’occupe de l’attribution des situations. Ça me permettait de mieux faire la priorisation. Avec les intervenantes, on mettait en place rapidement des scénarios de protection pour que la femme soit en sécurité», souligne Stéphanie Gauthier.

Des ateliers de groupe ont été organisés pour la clientèle, en collaboration avec le CALACS.

Mentionnons que le service externe de l’organisme est toujours à la disposition des femmes pour faire des consultations individuelles avec une intervenante. Personne n’est laissé à elle-même.

La Rose des vents a procédé à une embauche significative de personnel. L’équipe est maintenant composée de 25 employés.

Des situations complexes

L’organisme doit composer avec des problématiques de plus en plus lourdes au sein de la clientèle. «Non seulement la demande est plus importante, mais les situations sont beaucoup plus complexes et à risque. Il y a des problématiques qui se chevauchent comme la violence conjugale, la santé mentale et la consommation. Quand les femmes arrivent ici, elles sont dans une situation de précarité», indique Stéphanie Gauthier.

De plus, le visage de la clientèle a changé à travers les années. La Rose des vents a remarqué une augmentation des cas de violence conjugale impliquant des femmes immigrantes. La barrière de la langue et la méconnaissance des ressources représentent un défi pour l’équipe. «On a besoin de plus de temps pour les mettre en confiance, faire connaître notre réalité et adresser leurs droits», fait-elle savoir.

Le recours à un service de traduction est délicat. «Le délai de la traduction vient casser le ‘’momentum’’ dans l’intervention. C’est plus difficile de créer un lien avec la personne», souligne-t-elle, en ajoutant que la confidentialité représente aussi un enjeu.

Vers une plus grande visibilité

Au cours de la prochaine année, la Rose des vents sortira de ses murs pour aller à la rencontre de la population. Toutes sortes d’activités sont à la programmation, dont une conférence d’Alain Samson en février et une vente de livres en collaboration avec la librairie Tourne la page au mois d’avril.

Une activité majeure se prépare, celui du bal de la rose. «On a décidé de faire revivre un événement qui existait dans les années 90 à la Rose des vents», s’exclame Édith Doucet. Au menu : cocktail, souper et soirée dansante en compagnie du groupe Landy Rose Band. Le tout se tiendra le 9 mars. Les billets sont actuellement en vente.

«Pour nous, ce sont des moyens de financement. C’est une façon de se faire voir et se faire connaître», termine Stéphanie Gauthier.

Pour les femmes qui en ressentent le besoin, il est possible de contacter la Rose des vents au (819) 472-5444.  

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