Un ébéniste entend faire sa marque

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Par Louis-Philippe Samson
Un ébéniste entend faire sa marque
C’est en 2005 qu’Alexandre Cecchi s’est lancé en ébénisterie. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Lorsqu’on pense à la créativité, les peintres, sculpteurs et compositeurs viendront probablement à l’esprit. Cependant, les ébénistes, ces artisans du bois, font eux aussi preuve d’une grande imagination dans la fabrication de leurs pièces. L’un d’entre eux, Alexandre Cecchi, lance actuellement sa propre marque, avec l’aide de ses employeurs, Ébéniste d’art de Saint-Bonaventure, avec laquelle il entend montrer toute l’étendue de son talent.

L’idée de créer sa propre marque trotte dans l’esprit d’Alexandre Cecchi depuis 2013, soit l’année durant laquelle il a complété sa formation de compagnon du Tour de France, la plus prestigieuse formation pour un ébéniste. «C’est le goût de créer, de dessiner soi-même, de réaliser des pièces et d’avoir une signature, autant dans la façon de faire que le rendu, qui m’a poussé à m’exprimer dans cette voie-là. C’est toujours dans le but de s’exprimer. Si on a des idées, les capacités techniques et l’environnement propice pour y arriver, je crois que n’importe qui souhaiterait apporter sa pierre à l’édifice», image Alexandre Cecchi.

Alexandre Cecchi et son collègue, Marius Repetti, finalisant un immense meuble de salon. (Photo Ghyslain Bergeron)

L’objectif d’Alexandre Cecchi est de faire plus que des meubles. Il veut fabriquer des œuvres d’art qui seront beaucoup plus admirées qu’utilisées selon leur fonction définie. «L’ébénisterie, telle que je la conçois, est beaucoup moins fonctionnelle et beaucoup plus artistique. Elle est plus portée sur l’esthétisme que sur la fonction même de l’objet. Le but est que les clients achètent un meuble comme ils achèteraient une toile ou une sculpture», compare l’ébéniste d’origine belge. Toutes les pièces qui sont construites dans cette optique par l’artisan sont livrées avec un certificat d’authenticité.

Sortir du lot

Lorsqu’il imagine une nouvelle pièce, Alexandre Cecchi cherche à faire valoir sa vision et son interprétation de ce qu’est l’ébénisterie, quitte à bousculer les conventions. «L’objectif est de réinventer le cliché qu’un meuble est fabriqué d’une certaine manière. Il faut être original par les formes et bousculer les acquis. En prenant l’exemple d’une bibliothèque, comment on pourrait y ranger des livres autrement? La fonction reste la même, mais est exécutée autrement», propose l’ébéniste. Il est aussi membre du Conseil des métiers d’art du Québec (CMAQ) depuis 2019, tout comme ses collègues Dominique et Marius Repetti.

Ébéniste d’art est établi à Saint-Bonaventure depuis 2010. (Photo Ghyslain Bergeron)

Le choix du bois utilisé devient, lui aussi, une part importante du travail de l’ébéniste pour démarquer ses œuvres du lot. Pour certains projets, il fera venir des essences de bois d’Europe. «On est très pointu sur la matière et le choix des bois. Le choix du matériau va vraiment venir relever le cachet et souligner le trait différent de l’aspect architectural de la pièce», ajoute l’artisan qui est avec Ébéniste d’art depuis 2017.

Dans l’œil du créateur

Actif sur Facebook, grâce à sa page Cecchi, une vision de l’art et sur Instagram, l’ébéniste affirme que c’est cette façon de voir l’ébénisterie qui le démarque des autres artisans. «Bien entendu, ce n’est pas la seule et elle n’est pas mieux qu’une autre, mais c’est celle qui me rejoint le plus. On ne peut qu’interpréter ce qu’on estimerait être parfait. Si ce n’est parfait que dans mes yeux, j’espère que ça rejoindra aussi d’autres personnes», admet l’homme de 33 ans.

Alexandre Cecchi s’impose lui-même des standards élevés lorsqu’il crée un meuble qui sera unique. «Tout ce qui est relativement simple en ébénisterie se fait de façon industrielle. Les gens veulent des pièces uniques, difficiles à réaliser qui ne se retrouveront pas à tous les coins de rue. Il y a toujours une technicité qui est faite pour qu’on ne puisse pas la multiplier plusieurs fois», indique M. Cecchi, qui a émigré de France pour travailler chez Ébéniste d’art.

Alexandre Cecchi possède le titre de maître en ébénisterie grâce à sa formation de compagnon du Tour de France. Il prévoit accueillir, de nouveau, des apprentis de France dès que les conditions le permettront. (Photo Ghyslain Bergeron)

L’artisan demeure un puriste dans sa façon de travailler le bois. Il préfère s’en tenir aux procédés traditionnels tirés du 18e siècle, période qui est l’apogée technique de l’ébénisterie selon lui. «Le tout est de ne pas se travestir soi-même. Et c’est là qu’intervient la technique. Elle permet de réaliser tout ce qu’on souhaite, sans compromis. Au moment où on dessine quelque chose, il ne faut pas se poser la question de comment on va réaliser la pièce parce que sinon on va se restreindre. Du coup, on n’est pas honnête avec soi-même si on se restreint», conclut Alexandre Cecchi.

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