Enfouissement des déchets : bientôt une pétition

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Par Lise Tremblay
Enfouissement des déchets : bientôt une pétition
Selon les prévisions de WM, le site d’enfouissement de Saint-Nicéphore sera à pleine capacité aux alentours de septembre 2021. (Photo : Archives Ghyslain Bergeron)

ENVIRONNEMENT. Le Groupe d’opposants au dépotoir de Drummondville (GOOD) et la Coalition alerte à l’enfouissement Rivière-du-Nord initieront sous peu la pétition «Pas d’agrandissement sans BAPE générique préalable» sur le site de l’Assemblée nationale du Québec.

Selon ces deux organisations, un Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) générique, se tenant plus de 20 ans après la première Politique québécoise de gestion des matières résiduelles, devient essentiel. «Il devra traiter des nombreuses incohérences de Québec dans sa gestion des matières résiduelles; en l’occurrence, l’urgence sanitaire de détourner de l’enfouissement les matières organiques, principales responsables de la contamination de l’eau et de l’air, notamment au LET de Lachenaie», est-il souligné dans un communiqué de presse.

Rappelons que le 28 septembre dernier, Benoit Charette, le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) a annoncé la tenue, tant souhaitée, d’un BAPE générique sur l’enfouissement des matières résiduelles au Québec.

Mais, du même souffle, et toujours au nom du ministre de l’Environnement, le député André Lamontagne a annoncé l’imposition d’un décret ministériel en faveur de l’agrandissement du lieu d’enfouissement de Saint-Nicéphore (Drummondville), propriété de la multinationale américaine Waste Management.

Alors que ce projet n’a pas passé le test de l’acceptabilité sociale, ce décret en faveur du promoteur a été imposé au moment même où un processus judiciaire est en cours. Cette poursuite, intentée par Waste Management contre la Ville de Drummondville, vise à lui permettre de poursuivre ses activités d’enfouissement.

«Les incohérences du ministre de l’Environnement doivent cesser, c’est inadmissible!», fait valoir Jean-Guy Forcier, du Groupe d’opposants au dépotoir de Drummondville (GODD).

Par ailleurs, signalons que deux autres sites d’enfouissement privés, soit celui situé à Sainte-Sophie (MRC de la Rivière-du-Nord) et celui de Lachenaie (Terrebonne), ont déposé des demandes d’agrandissement alors que l’acceptabilité sociale n’y est pas.

«Les communautés avoisinantes sont aussi menacées par un décret du ministre de l’Environnement et son appui déroutant au lucratif modèle d’affaire du puissant lobby des méga-enfouisseurs qui se fait au détriment d’une gestion écologique et régionale des déchets, des prochaines générations et des citoyens-contribuables. La charrue avant les boeufs, ce n’est pas une solution! Nous sommes doublement inquiets qu’un décret frappe avant le BAPE générique», a indiqué Normand L. Beaudet, co-porte-parole de la Coalition alerte à l’enfouissement Rivière-du-Nord (CAER).

Selon lui, un décret «court-circuiterait» l’application du PGMR, un plan régional de gestion des déchets sur le territoire de la MRC de la Rivière-du-Nord à l’actuelle «demande pharaonique» du promoteur d’enfouir un million de tonnes de déchets par année, pendant 18 ans.

Or, selon MM Forcier et Beaudet, le droit de limiter ou interdire l’importation de déchets ainsi que la consultation publique obligatoire qui est rattachée à ce plan ne s’appliquerait pas à l’actuelle demande du promoteur.

Aujourd’hui encore, près de 20 % de tous les déchets du Québec déferlent vers Sainte-Sophie par l’entremise de centaines de camions par jour.

Un rapport avant une autorisation

De son côté, le Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets voit d’un très bon oeil la tenue des audiences génériques sur l’élimination des déchets ultimes qui seront faites sous l’égide du BAPE.

Il réitère cependant que les projets d’agrandissement de lieux d’enfouissement actuellement en attente ne devraient pas être l’objet d’autorisation de la part du gouvernement avant que soit déposé publiquement le rapport du BAPE à la suite des audiences génériques.

L’organisme espère par ailleurs que le BAPE recevra un mandat inclusif qui permettra aux différents intervenants d’être informés et de se prononcer sur des sujets en lien direct avec l’élimination des déchets au Québec.

«Nous ne pouvons pas aborder la problématique de l’élimination des déchets au Québec sans aborder des questions telles que l’encadrement de la valorisation énergétique, l’utilisation de déchets comme matériau de recouvrement, le bannissement de la matière organique de l’élimination ou encore la planification de cette pratique à l’échelle de la province», précise Denis Blaquière, président de l’organisme.

Il poursuit : «On ne peut pas avoir d’un côté des politiques qui prônent un Québec sans gaspillage et, d’un côté, des pratiques en matière d’élimination qui encouragent l’enfouissement, selon nous.»

Enfin, soulignons que dans le dossier du site d’enfouissement du secteur Saint-Nicéphore, le gouvernement du Québec a bel et bien indiqué, à la suite de l’émission du décret en septembre dernier, qu’il ne reviendra pas sur sa décision.

 

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