Frappés de plein fouet par la pandémie

Photo de Cynthia Martel
Par Cynthia Martel
Frappés de plein fouet par la pandémie
Catherine Poliquin a été la propriétaire de Mignardises et gourmandises. (Photo : Archives, Ghyslain Bergeron)

TÉMOIGNAGES. «J’y ai mis toute mon énergie et mes efforts dans ce projet et dû au confinement, je perds tout».

L’histoire de Catherine Poliquin, propriétaire de Mignardises et gourmandises, est semblable à celle de bien d’autres commerçants qui ont subi les effets néfastes de la pandémie.

Après deux ans de dur labeur, la Drummondvilloise a été contrainte, en juin dernier, de mettre la clé sous la porte de son entreprise qu’elle avait tant rêvée.

«Dès le début de la pandémie, j’ai dû fermer ma pâtisserie pour m’occuper de mes trois enfants. Quelque temps plus tard, les restaurants ont dû fermer. Les semaines se sont enchaînées et les mariages ont tous été reportés à l’an prochain. Étant une pâtisserie, les mariages sont la principale source de revenus durant la saison estivale. Mes dettes se sont accumulées et mes revenus ont drastiquement diminué. De plus, il était fort difficile de prévoir les revenus dans les mois à venir. Comme la compagnie n’avait que deux ans, j’étais encore break even à chaque fin de mois», met-elle en contexte.

Mme Poliquin a cogné à plus d’une porte pour obtenir de l’aide en vain.

«J’ai essayé de demander de l’aide, mais je ne remplissais pas les conditions des prêts offerts par le gouvernement. J’ai eu accès à la subvention pour la moitié du loyer. Cette aide était la bienvenue, mais loin d’être suffisante», indique-t-elle.

Ne voyant pas les choses s’améliorer à long terme, l’entrepreneure a été forcée de prendre la déchirante décision de cesser ses activités et de déclarer faillite, une situation qui n’a pas été sans répercussions.

«Faire faillite commerciale engendre des frais imposants (entre 5000 $ et 8000 $), ce qui a fait un trou impressionnant dans le budget familial. Ainsi s’en est suivi une faillite personnelle, car certains des prêts de lancement d’entreprise ont été co-signés à mon nom. J’ai donc perdu mon nom et encore de l’argent pour m’en sortir», confie la jeune femme.

«On pense que les entreprises ferment et que ça finit-là, mais certains peuvent perdre leur maison, leur moto, leur chalet… Ça peut vraiment aller loin», ajoute-t-elle.

Celle-ci déplore d’ailleurs le manque de soutien aux PME ayant déclaré faillite.

«J’ai travaillé sept jours par semaine la première année et six jours par semaine la deuxième année. On est pas mal laissé à nous même dans toute cette histoire et je suis loin d’être la seule. J’aimerais avoir une compensation financière et un règlement qui pourrait nous permettre de conserver notre nom et de ne pas affecter notre cote de crédit. Ce n’est pas par mauvaise gestion que j’ai tout perdu, mais plutôt par confinement. C’est une situation exceptionnelle qui nécessite encore quelques ajustements de la part du gouvernement», soutient-elle.

Si son quotidien est loin de correspondre à ce qu’elle avait imaginé, Mme Poliquin savoure chaque instant auprès de sa famille.

«Mon conjoint et moi avons décidé que je ferais l’école à la maison pour la prochaine année pour mes enfants qui sont en première, deuxième et troisième années. J’apprécie vraiment l’expérience et les enfants aussi», laisse-t-elle entendre.

La fin d’une longue aventure

Mario Baril est une autre victime collatérale de la pandémie. Après 20 ans derrière l’entreprise Chef chez-vous traiteur et six ans d’activités à la salle la Flèche d’Or à Saint-Cyrille-de-Wendover, il a fait le choix de tout cesser.

«La semaine suivant l’annonce du gouvernement (l’état d’urgence), tous mes contrats ont été annulés et le téléphone a arrêté de sonner», fait-il savoir.

Une bonne année représentait entre 43 et 45 week-ends réservés à l’agenda de la salle.

Mario Baril a lancé son entreprise Chef Chez-vous traiteur il y a 20 ans. (Photo Gracieuseté)

M. Baril s’est tout de même retroussé les manches en offrant quelque chose de différent. Une idée qui lui permettrait de couvrir les frais fixes pendant quelques mois.

«Je suis tombé en mode combat le 15 mars. Je me préparais au pire. Il y en a qui disait de ne pas stresser, que ça rentrerait dans l’ordre à l’été. Donc je suis allé chercher des investisseurs pour lancer une plateforme en ligne afin de vendre mes prêts-à-manger. Cela m’a permis de couvrir tous mes frais jusqu’à maintenant», raconte-t-il.

«J’ai également eu droit à des prêts totalisant 80 000 $, mais je ne les ai pas pris, car je me disais que je me réendetterais. J’ai remis le prêt offert par la SDED», indique-t-il.

Il était toutefois loin de s’imaginer que la situation ne permettrait aucun grand rassemblement avant longtemps.

«Il n’y a aucun plan qui nous permet de savoir quand nos activités pourront reprendre. J’ai réussi à «flotter» jusqu’à maintenant, car je payais seulement les intérêts sur l’hypothèque et d’autres prêts, mais là, tout commence à redevenir comme avant. Seulement chauffer la salle, ça coûte cher», note-t-il.

«La locomotive va bien, mais il y a trop de wagons à traîner. J’ai pris la décision d’arrêter, parce que je ne sais pas à quoi m’attendre. Avoir eu un autre investisseur et une équipe le sort aurait peut-être été différent».

Ainsi, une pancarte à vendre trône devant la salle la Flèche d’Or.

«J’ai des acheteurs sérieux, ce qui est en soit une bonne nouvelle pour moi. Si la vente se concrétise, je me considérerai chanceux, car le domaine de la restauration et de l’événementiel, ce n’est vraiment pas facile ces temps-ci», expose-t-il.

M. Baril avoue qu’il n’est pas amer face à la situation.

«On ne peut pas combattre ce qu’on ne combat pas. Que je sois triste ou choqué, on n’y peut rien. C’est sûr que c’est une partie de ma vie que je laisse partir, mais ce qui s’en vient, je le vois comme un avancement», se dit-il d’avis.

De fait, Mario Baril reprendra son tablier dès octobre à titre de chef exécutif des cuisines des Terrasses de la Fonderie.

«Avant, j’avais deux compagnies à gérer. Je vais passer de 65 charges à une charge. Je m’en vais en vacances!» lance l’homme de 54 ans en guise de conclusion.

Autre texte à lire: Des fermetures… et des ouvertures

Partager cet article