Le CEPS se prépare à l’arrivée d’une potentielle deuxième vague

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Par Emmanuelle LeBlond
Le CEPS se prépare à l’arrivée d’une potentielle deuxième vague
La pandémie peut affecter les personnes sur le plan physique, mais également sur le plan psychologique. (Photo : Unsplash)

SOCIÉTÉ. Depuis le début de la pandémie, le téléphone ne dérougit pas au Centre d’écoute et de prévention du suicide (CEPS) Drummond. Si une partie des employés répondent aux multiples appels, une poignée d’entre eux se préparent en vue d’une potentielle deuxième vague, qui s’avérerait tout aussi dommageable sur le plan psychologique.

«Au CEPS, on travaille tout le temps dans la crise. On a traité la COVID comme une crise. On voulait voir ce qui peut arriver si ça perdure et comment on peut prévenir quelque chose. On a juste été dans notre mission. On s’est bien conditionné et ça a été rapide», témoigne la directrice générale Sandrine Van Houtte.

Pour ce faire, l’équipe du CEPS a mis en place un plan d’action précis, guidé par des faits historiques. «On a fait une recension des écrits depuis la grippe espagnole. On a mis quelqu’un en recherche là-dessus. Cette personne a recensé plus de 75 études pour être en mesure de voir vers quoi on s’en va, explique Mme Van Houtte. On a fait une liste d’aspects sociaux et familiaux.»

Augmentation des appels

Selon les observations de la directrice générale, les appels ont doublé par rapport à l’année passée. La pandémie a été particulièrement dommageable sur la santé mentale et le bien-être de la population, constate Mme Van Houtte.

«Ceux qui ne sont pas en équilibre, la pandémie les a mis en déséquilibre encore plus. Ceux qui étaient sur le bord d’être en crise, ils le sont encore plus. Pour ceux qui étaient déjà seuls, le fait d’être confiné coupe les réseaux sociaux qu’ils avaient avant. Malheureusement, ces gens perdent leurs repères. Ce sont des gens qui souffrent beaucoup plus de solitude», mentionne-t-elle.

Sandrine Van Houtte est la directrice générale du CEPS.

«Les gens qui étaient invisibles dans la société le sont encore plus. C’est malheureux parce que ça amène beaucoup de problématiques», ajoute-t-elle.

Mme Van Houtte a remarqué quelques tendances dans les appels des derniers mois. «Sur les lignes, on a remarqué l’augmentation de l’anxiété. Ça, c’est clair. Les enfants ne sont pas dans leur routine, ça amène une dynamique familiale plus complexe. Les parents ne travaillent plus, soutient-elle. La précarité financière dont le Québec va se trouver aussi. On le voit que les pertes d’emplois sont un facteur aussi de détresse psychologique chez beaucoup d’hommes.»

L’équipe du CEPS anticipe une augmentation de la consommation d’alcool auprès des citoyens. «Dans toutes les études qui ont été recensées, on voit que le facteur alcool prend une importance un peu plus grande dans ces temps-là. Jusqu’à présent, on n’en a pas vu beaucoup ici, mais c’est vers ça qu’on s’en va», prévoit la directrice générale.

Relance de solidarité, une réussite

En plus de la traditionnelle ligne d’écoute, le CEPS a mis sur pied une nouvelle initiative qui a pour but d’effectuer des appels d’écoute afin de briser l’isolement. «On a fait presque 2500 appels de solidarité pour la population de Drummond, ce qui est quand même énorme. C’est un service qui n’existait pas. Quand on a vu que la COVID était là pour rester, très rapidement, on a mis en place un service qui a permis d’inscrire des gens qui étaient vulnérables. On a encore des appels de solidarité qui sont faits tous les jours par nos équipes.»

Par ailleurs, des suivis réguliers sont effectués. «Tous les gens qui ont été appelés depuis le début de la COVID, même si on ne les a pas appelés, on va faire une relance début août pour voir comment ça va. Ce sont tous des gens que si jamais il y a une deuxième vague, on est prêt à les rappeler pour voir comment ils vont. Ils ont été fragiles il y a trois mois à cause de la COVID, ils vont sûrement retomber encore plus fragile», informe la directrice générale, qui prévoit déjà l’arrivée d’une crise potentielle.

Protéger les «anges gardiens»

Les aidants naturels sont dans la mire du CEPS. «Ce qui nous préoccupe en ce moment, ce sont les aidants naturels. Déjà, tous ceux qui ont aidé quelqu’un (autant les intervenants communautaires que le milieu de la santé), c’est vers eux qu’on va mettre une structure plus importante d’ici l’automne», assure Mme Van Houtte.

«Ça crée des micros traumas de voir des personnes mourir et être dans un stress comme ils l’ont été. Tous ceux qui ont été en première ligne, ils vont vivre les conséquences maintenant.»

L’équipe du CEPS est en mode proactivité. «À l’intérieur de notre organisme, ça se peut fort bien qu’il y ait de nouvelles ressources qui voient le jour. Je ne peux pas encore en parler parce que ce n’est pas défini, mais on sait qu’on va faire une action au niveau de la MRC de Drummond pour semer le bonheur à travers le territoire», conclut la directrice générale.

Toute personne ayant des idées suicidaires ou vivant de la détresse psychologique élevée peut communiquer avec le CEPS Drummond en tout temps au 819-477-8855.

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