Elle met de côté 27 ans de métier pour devenir préposée aux bénéficiaires

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Par Emmanuelle LeBlond
Elle met de côté 27 ans de métier pour devenir préposée aux bénéficiaires
France Demers entame un nouveau chapitre de sa vie, en tant que préposée aux bénéficiaires. (Photo : gracieuseté)

TÉMOIGNAGE. À l’aube de la cinquantaine, France Demers a décidé de sortir de sa zone de confort afin de suivre son rêve, celui de devenir préposée aux bénéficiaires. Après 27 ans de carrière en tant qu’éducatrice à l’enfance, elle se lance à pieds joints dans une nouvelle aventure, avec l’ambition de faire une différence dans la communauté.

«Il y a deux semaines, je ne m’attendais pas du tout à dire qu’aujourd’hui, je changerais de carrière», confie-t-elle, d’entrée de jeu. France Demers fait bel et bien partie des 88 préposés aux bénéficiaires qui débutent dès aujourd’hui l’attestation d’études professionnelles (AEP) offerte par le gouvernement provincial.

Si la décision de s’inscrire à ce programme s’est faite sur un coup de tête, l’ancienne éducatrice à l’enfance avoue qu’elle avait déjà un intérêt pour la profession. «Il y a cinq ans, ma fille – qui avait à l’époque 17 ans – étudiait en soins infirmiers. Elle a travaillé au Centre d’hébergement Frederick-George-Heriot pendant ses études. Elle était préposée aux bénéficiaires. Quand elle revenait à la maison, j’aimais ce qu’elle me racontait. Je me disais que c’était le fun. C’est toujours resté dans mes arrière-pensées», raconte-t-elle.

Un second déclic s’est produit au début de la pandémie. «Je voyais les gens mourir dans les CHSLD et je me disais que j’aurais aimé être là pour les aider et les sauver. Quand le gouvernement Legault a annoncé qu’il offrirait une formation, je me suis dit que c’était ma chance. À toutes mes pauses de dîners, je regardais s’il y avait des informations sur le site du gouvernement.»

Dès que l’appel de candidatures a été lancé, il y a deux semaines, France Demers a été habitée par un sentiment d’urgence. «Il y avait tellement de demandes, je me suis dit que je ne pouvais pas me permettre d’attendre», soutient-elle.

La Drummondvilloise a été conviée en entrevue mardi dernier, à son grand bonheur. «Ça faisait depuis 1993 que je n’avais pas passé d’entrevue. J’ai super bien performé. Je n’étais pas inquiète. J’ai mis de l’avant mon bagage d’éducatrice à l’enfance. L’enfant est en évolution et en développement tandis que les personnes âgées sont en perte d’autonomie. Je trouve que ça a quand même un lien.»

Malgré son optimisme, France Demers avait tout de même quelques craintes. «La seule chose qui me faisait peur, c’était mon âge. Je me demandais s’ils allaient me prendre à 49 ans», souligne-t-elle.

Quelques jours plus tard, elle a reçu la réponse fatidique. Elle était acceptée. «J’ai lâché un cri de joie. Après ça, je me suis mise à pleurer. Je me suis rendue compte que je perdais mes collègues de travail des 27 dernières années. J’ai passé à travers une gamme d’émotions.»

France Demers entame ce nouveau chapitre avec beaucoup d’enthousiasme. «Pour l’instant, je ne vis pas de stress parce que je me sens d’attaque. Je me rends compte que je suis à ma place.»

Rappelons que la formation de préposé aux bénéficiaires débute aujourd’hui et elle s’étalera sur les trois prochains mois, totalisant 375 heures.

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