Grève : les manifestants assurent qu’ils iront jusqu’au bout

Félix Gallant, Emmanuelle LeBlond
Grève : les manifestants assurent qu’ils iront jusqu’au bout
Les employés de l'État sont visibles un peu partout en cette première journée de grève. (Photo : Ghyslain Bergeron)

GRÈVE. Personnel de l’éducation et travailleurs de la santé étaient nombreux à se faire entendre aux quatre coins de la ville en cette première de trois journées de grève.

Faisant tous partie du Front commun, ces salariés ont uni leurs voix pour lancer un message clair au gouvernement Legault. Ils exigent de meilleures conditions de travail et salariales, et ce, au bénéfice des élèves et des usagers du réseau de la santé.

Des lignes de piquetage étaient dressées devant les écoles du Centre de services scolaires des Chênes. À Jeanne-Mance, l’ambiance était à la fête. Les travailleurs étaient rassemblés à l’extérieur du bâtiment sur la rue Heriot. «Les automobilistes klaxonnent. Ils sont derrière nous. Un tel appui de la population, c’est du jamais vu. L’atmosphère est fantastique. Les travailleurs sont motivés. Ils sont tannés. Ils ont l’impression que c’est la négociation de la dernière chance», a soutenu François Eneault, premier vice-président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN).

«Ces personnes ont travaillé pendant la pandémie pour tenir les services publics et aider la population, que ce soit dans les hôpitaux ou dans les écoles. Ils se sont revirés de bord. Ils se sont fait traiter d’ange gardien pendant deux ans. Quand c’est le temps de mettre des offres sur la table et de payer ces gens-là de façon correcte, on nous offre 10,3 % sur cinq ans. L’inflation des deux dernières années est de 11,5 %», a-t-il ajouté.

Le président du Syndicat de l’enseignement de la région de Drummondville (SERD-CSQ), Guy Veillette, a réclamé des avancées concrètes à la table de négociation. «La fonction enseignante s’est complexifiée. On veut des solutions à long terme. Pas des solutions à court terme. Tant qu’on n’est pas satisfait au niveau de la tâche, de la composition de la classe et du salaire, on va continuer à manifester. S’il le faut, on va aller vers une grève générale illimitée.»

Durant la manifestation, l’enseignant en univers social à l’école Jeanne-Mance, Gabriel B. Houde, était en première ligne. Son cheval de bataille? L’amélioration des conditions de travail. «Je considère que c’est l’un des plus beaux métiers qui existe, mais on n’a pas les ressources nécessaires pour exercer notre travail à notre plein potentiel, a indiqué celui qui enseigne depuis sept ans. Ça serait apprécié de diminuer le ratio élève-enseignant dans les classes.»

Des manifestants créatifs

Les manifestants ont usé de créativité pour tenter de faire passer leur message au gouvernement Legault. À l’école l’Aquarelle, une employée s’est déguisée en dindon et deux de ses collègues tenaient une pancarte sur laquelle il était écrit : «Monsieur Legault, nous ne serons pas le dindon de la farce. Nous désirons une vraie négociation et surtout, nous irons jusqu’au bout.»

Toujours devant cet établissement scolaire, certains membres du personnel ont vêtu le chandail des Kings de Los Angeles, cette équipe de la Ligue nationale de hockey qui a reçu la semaine dernière du gouvernement du Québec une subvention évaluée présentement entre cinq et sept millions de dollars pour la tenue de deux matchs préparatoires au centre Vidéotron en octobre 2024. «Nous aussi nous sommes les Kings de notre profession», pouvait-on lire sur leur affiche.

Le collégial se mobilise

Le Cégep de Drummondville est également touché par la grève, alors que trois syndicats prennent part aux activités de mobilisation, tels que ceux des enseignants, du personnel professionnel et de soutien. Leurs conventions collectives sont échues depuis un certain temps. Mardi, les salariés se sont rassemblés au stationnement de la rue Marchand afin de faire connaître leurs revendications.

Entre autres, les employés de soutien souhaitent davantage de support de la part du gouvernement. L’attraction et la rétention du personnel représentent un défi. «On réclame d’avoir plus d’effectifs sur le plancher. Tout le monde est épuisé. On nous demande de faire plus avec moins. On est rendu au bout du rouleau. Il y a plusieurs personnes qui s’effondrent au travail», a souligné Nathalie Lebel, représentante du Syndicat des employées et des employés de soutien du Cégep de Drummondville.

Le personnel de la santé tout aussi déterminé

De leur côté, des dizaines d’employés du secteur de la santé et des services sociaux ont manifesté devant l’hôpital Sainte-Croix, le Centre d’hébergement Frederick George-Heriot et au pavillon Laforest du Centre Edgar-Laforest.

À l’aide de leurs trompettes, de leurs poulets bruyants en caoutchouc et de leurs pancartes, ces derniers sont tout aussi déterminés que leurs collègues en éducation à faire avancer les négociations. Les gens sur place ont martelé qu’ils continueront de manifester tant et aussi longtemps qu’il n’y aura pas d’entente conclue.

«Ça me surprendrait énormément qu’on n’aille pas en grève illimitée. Ça risque d’être un coup dur, mais on n’a pas le choix. On le fait pour nous autres et pour ceux qui s’en viennent après», a lancé Jean-François Maurice, agent administratif travaillant à l’hôpital Sainte-Croix.

«On veut de meilleurs salaires, de meilleures conditions conciliation famille/travail pour ceux qui ont des familles. C’est le côté humain qu’on veut», a laissé savoir la secrétaire médicale de l’hôpital Sainte-Croix, Catherine Normandin.

Pour sa part, le vice-président général du syndicat de la division 3, celle des agents administratifs, Éric Desbiens, en avait long à dire sur la situation actuelle.

«J’ai fait partie du comité de négociations nationales en 2020. Le gouvernement est toujours comme ça. Il doit être mis au pied du mur pour bouger. Maintenant, il n’a pas le choix!», a exprimé clairement celui qui est également technicien en électronique.

Le régime de retraite est également un élément important dans les discussions avec le gouvernement. «On n’a pas envie de prendre notre retraite à 75 ans. Il y a plein de choses que le gouvernement ne mentionne pas comme le fait qu’il veut retarder, éloigner ou éliminer les CELI, les REER et les pensions de retraite. On ne parle pas seulement de l’augmentation de salaire», a souligné la préposée aux bénéficiaires du Centre d’hébergement Frederick-George-Heriot, Sabrina Côté.

À la demande du Front commun, Québec a annoncé lundi la nomination d’un conciliateur. Mathieu LeBrun favorisera les échanges tout en n’ayant aucun pouvoir décisionnel. «Le fait qu’un conciliateur a été nommé me rassure un peu. Je pense que dans tous les moyens de pression, le fait qu’il y en ait un est l’élément le plus positif. Je pense que c’est la meilleure nouvelle que j’ai entendu depuis le début des négociations», a affirmé la spécialiste en activité clinique à l’hôpital Sainte-Croix, Mélanie Bouchard.

Rappelons qu’ensemble, la CSN, la CSQ, la FTQ et l’APTS représentent plus de 420 000 travailleuses et travailleurs de l’État québécois dans les secteurs publics, en éducation, en santé et dans les services sociaux ainsi qu’en enseignement supérieur.

(Avec la collaboration de Cynthia Martel)

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