Un «nouveau souffle» pour la profession de préposé aux bénéficiaires  

Un «nouveau souffle» pour la profession de préposé aux bénéficiaires  
Sophie Tousignant croit que la crise actuelle aura pour effet de redorer le métier de préposé aux bénéficiaires. (Photo : Depositphoto)

SANTÉ. Le métier de préposé aux bénéficiaires est sous le feu des projecteurs depuis quelques jours au Québec, et ce, à cause de la crise du coronavirus. Est-ce que cela aura pour effet de donner un nouveau souffle à cette profession?

C’est du moins ce que croit Sophie Tousignant, directrice des services éducatifs de la formation professionnelle pour la Commission scolaire des Chênes (CSDC).

Le diplôme d’études professionnelles (DEP) en assistance à la personne en établissement et à domicile, qui mène notamment à un emploi comme préposé aux bénéficiaires, obtient sensiblement le même nombre d’inscriptions tous les ans.

«On a deux cohortes par année et chaque groupe peut accueillir jusqu’à 24 élèves. Au Centre de formation professionnelle Paul-Rousseau, le nombre d’inscriptions est relativement stable pour ce DEP, mais il y a une baisse marquée partout au Québec», explique Mme Tousignant.

Toutefois, ce programme est l’une des formations qui affichent le plus bas taux de diplomation au Centre Paul-Rousseau. Il oscille entre 60 % et 65 %.

«C’est un taux de diplomation un peu plus bas que la norme. C’est un DEP très engageant. Il y a aussi beaucoup de femmes qui s’y inscrivent et leur situation familiale les oblige parfois à faire des choix. Il faut savoir que c’est un DEP que les gens font par passion, c’est vraiment une vocation. Certains se rendent compte pendant leur parcours que ce métier n’est pas pour eux», souligne-t-elle.

Pendant la formation, les étudiants effectuent trois stages, pour un total qui frôle les 220 heures.

Ce DEP accueille très peu d’élèves qui viennent de terminer leurs études secondaires. «Ça ne peut pas intéresser les jeunes de 17-18 ans de s’occuper de personnes âgées et de changer des couches. Il faut être à l’aise personnellement et avec la proximité physique pour faire ce métier. Les jeunes ne choisissent pas cette profession en partant. Certains y reviennent plus tard dans leur vie», est-elle d’avis.

L’après-pandémie

Sophie Tousignant croit que les conditions de travail actuelles «pénalisent» la profession. «Les gens connaissent bien ce métier, mais les conditions de travail et le salaire agit comme un frein au recrutement», lance-t-elle.

«Les salaires sont très variables entre les résidences privées et publiques. Les résidences privées offrent des salaires qui frôlent le salaire minimum, mais les employés ont bien souvent un poste temps plein. Les résidences publiques offrent de meilleurs salaires, mais il est plus difficile d’obtenir un poste, ce qui mène à une situation de précarité. Par exemple dans les CIUSSS, les employés font un 15 heures par semaine et pour le reste de leurs heures, ils sont sur appel», explique-t-elle.

La crise du coronavirus aura eu pour effet de mettre en lumière les conditions de travail des préposés aux bénéficiaires.

«On donne actuellement une grande importance au métier. La crise a validé les conditions financières du métier. On reconnaît que c’est vrai que les préposés aux bénéficiaires ne sont pas assez payés. On met aussi en lumière les conditions de travail peu favorables. Je pense que cela peut faire énormément de bien à la profession. Il va y avoir un tournant et plus de reconnaissance envers eux. Je pense que ça peut donner un beau souffle à ce métier, qui est quand même difficile», conclut Sophie Tousignant.

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