«Le confinement, une autre forme de dépassement de soi» – Bertrand Hould

«Le confinement, une autre forme de dépassement de soi» – Bertrand Hould
Bertrand Hould. (Photo : archives, Ghyslain Bergeron)

VOILE. La formidable aventure de Bertrand Hould a été interrompue de manière abrupte en raison de la crise mondiale du coronavirus. Le Drummondvillois participait à la Clipper Race, une course en voilier autour du globe.

Membre de l’équipage du bateau Qingdao, Bertrand Hould a pris la mer en septembre dernier, à Londres. Il devait revenir au même endroit au milieu du mois d’août. Cette course mondiale de 40 000 miles nautiques a toutefois été suspendue pour une période de 11 mois en raison de la fermeture des frontières et des ports dans de nombreux pays.

«Les bateaux ont été remisés à Subic Bay, aux Philippines, quelques jours après notre arrivée de la dernière course, a raconté Bertrand Hould. Il a été difficile d’avoir l’autorisation d’y accoster, mais après plus de cinq heures d’attente, on a pu mettre pied à terre. Nous avons été mis en quarantaine et restreints à demeurer sur notre bateau et sur le ponton dont l’accès était barré et surveillé par des gardiens et des policiers armés. Trois jours plus tard, le président de Philippines, Rodrigo Duterte, ordonnait à tous les étrangers de quitter le pays dans les 72 heures, sous-entendant la fermeture imminente des frontières au monde extérieur.»

Le Qingdao. (Photo gracieuseté)

Dans les semaines précédentes, les participants de la Clipper Race avaient ressenti que les mesures de sécurité s’étaient resserrées en Asie du Sud-Est.

«Des gardiens prenaient déjà notre température ici et là, avant de nous autoriser à entrer ou circuler dans plusieurs endroits et même certains restaurants. Le président des Philippines ne badine pas avec ceux qui ne respectent pas les fermetures et le confinement. Il a même ordonné aux policiers et à l’armée de faire feu à mort sur les citoyens qui défient les directives des autorités. On est loin de ça au Canada», a fait remarquer Bertrand Hould.

Depuis quelques jours, Bertrand Hould est de retour au Québec après un périple de trois jours qui l’a fait transiter de Subic Bay à Manille aux Philippines, puis à Tokyo au Japon, Chicago aux États-Unis et finalement à Montréal.

«J’ai rencontré plusieurs mesures de contrôle inhabituelles en cours de route. Il y a des barrages routiers de l’armée avec prise de température à plusieurs endroits aux Philippines. À Tokyo et à Chicago, nous avons dû sortir des douanes avec nos bagages et repasser tous les postes de contrôle de sécurité de l’aéroport», a relaté l’aventurier sexagénaire.

Une reprise en février

Selon un horaire provisoire, la reprise des activités de la Clipper Race est prévue vers la mi-février 2021. La course reprendra à partir des Philippines et fera trois arrêts en Chine : Sanya, Zhuhai et Qingdao.

«Ensuite, ce sera la traversée du Pacifique nord vers Seattle, puis vers le canal de Panama. Malheureusement l’escale qui était prévue à New York a été retirée. Les courses Panama-New York et New York- Bermudes ont été remplacées par Panama-Bermudes, alors que les courses Bermudes-Londonderry en Irlande du Nord et Londonderry-Londres sont maintenues. La fin de la course est prévue vers le début du mois d’août 2021», a précisé Bertrand Hould.

Le circumnavigateur drummondvillois termine présentement sa période de quarantaine. Il se dit en pleine forme, les effets du décalage horaire et de son rythme de vie des derniers mois commençant à se dissiper.

«J’ai l’impression de débarquer sur une autre planète, comme l’astronaute dans le film La planète des singes. Isolement et confinement loin des miens ne me dérangent pas, j’y suis habitué. Ça fait plus de huit mois que je le vis. Même si je vis seul présentement, pour moi c’est un confinement cinq étoiles quand je pense à ce que j’ai vécu et aux gens qui vivent dans des camps de réfugiés. Les gens ne réalisent pas la chance et le privilège qu’ils ont de vivre ici, au Québec, même en étant restreints à demeurer dans leur maison.»

«C’est beau, c’est grand la vie, mais c’est fragile. Le confinement volontaire est une autre forme de dépassement de soi, une façon de penser au-delà de soi», a conclu celui qui a dédié cette aventure à sa défunte conjointe, Denise, en plus d’amasser des fonds pour la recherche sur le cancer du cerveau.

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