Nous devons soutenir les responsables de service de garde (tribune libre)

Nous devons soutenir les responsables de service de garde (tribune libre)
(Photo : Illustration, L'Express)

Monsieur André Lamontagne,

Aujourd’hui, j’utilise mon précieux temps, comme le vôtre, afin de souligner le tourbillon d’incohérence dans lequel se trouvent les services de garde de la région. J’ai la chance d’avoir une garderie familiale subventionnée pour mes deux jeunes filles en pleine découverte du monde.

Chaque matin, et ce sans exception, l’éducatrice de mes enfants les attend au bas de la porte le sourire plus grand que la capacité de sa bouche le permet. Elle accueille nos enfants dans un nuage d’amour et de tendresse. Chaque jour, mes enfants ont la chance d’être des enfants, grâce à ses bons soins, mais aussi grâce au temps et à l’amour qu’elle donne à sa planification et ses activités.

Une zone de turbulence vient pourtant nous brusquer : la grève des responsables des services éducatifs en milieu familial (RSE). C’est avec une attention particulière que l’éducatrice nous a sensibilisés à la situation. La vérité, c’est que tant et aussi longtemps que nous ne sommes pas touchés par la turbulence ne nous en avons aucunement conscience.

Aujourd’hui, je me suis arrêtée et j’ai réfléchi. La conclusion était simple, la situation des RES au Québec est non seulement inacceptable, mais tout aussi pathétique. Il est ridicule de devoir se battre au front afin d’obtenir justice.

Réalisez-vous que ces éducatrices donnent corps et âme dans l’éducation de nos enfants? Les enfants seraient-ils aussi prêts à faire leur grande rentrée à l’école sans eux? Pour ma part, laissez-moi en douter.

Monsieur Lamontagne, entendez-vous?

Entendez-vous les 12 779 responsables vous crier à l’aide? Ces guerriers à qui on demande d’offrir la sécurité, de la stabilité et une partie de l’éducation de nos enfants, et ce sans même les remercier ou souligner leur excellent travail.

Les éducatrices prennent des décisions afin d’assurer le bon maintien du groupe, elles analysent en tout temps les situations, tous les jours elles posent et répondent à des questions, mais contrairement à vous Monsieur, lorsque les réponses obtenues sont insatisfaisantes, elles ne remettent pas au mardi 18h la période de questions. Elles prennent le temps.

Elle explique, ré-explique, et ce, le temps qu’il faut. Elles prennent le temps. Ce temps-là, que ça soit le vôtre ou le leur, se doit d’être payé de façon décente. Un salaire équivalent à 12,42/h est ironique. Elles vous crient à l’aide afin d’offrir le meilleur.

Vous savez, une des premières choses que l’ont apprend à nos enfants, est de demander de l’aide, de ne jamais hésiter à dénoncer une situation d’injustice et de se confier. Mais, voilà, qu’aujourd’hui leurs héros, oui leurs héros, le font et tout le monde se bouchent les oreilles, tout le monde, mais surtout vous.

Aujourd’hui, voyez-vous, je commence à bien comprendre le sens de notre devise. «Je me souviens», et c’est vrai, je me souviendrai toujours du moment où vous avez cessé de remplir vos promesses et que vous avez laissé tomber près de 13 000 héros derrière vous. »

Chloé Jeanson, Wickham

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