Rendez-vous avec son avenir

Photo de Lise Tremblay
Par Lise Tremblay
Rendez-vous avec son avenir
(Photo : Depositphoto)

TESTÉ POUR VOUS. 17h, 18h et 19h. Chacun d’entre nous avait rendez-vous avec notre avenir à tour de rôle. Va-t-elle m’apprendre que je vais mourir jeune, que je vais avoir des jumeaux ou que je vais acheter une nouvelle maison? Nous étions très curieux de savoir que ce que Lisette*, qui lit le futur avec des cartes, allait pouvoir nous apprendre. Une expérience hors de l’ordinaire!

En terrain connu (Lise Tremblay)

Par curiosité, j’avais déjà fait appel à une voyante, une tireuse de cartes ou une sorcière – appelez-les comme vous voulez – à quelques occasions dans ma vie. Chaque fois, j’arrive là comme une enfant, curieuse d’entendre et de voir comment elle va procéder pour me découvrir.

Celle que nous avons rencontrée en septembre, pour les fins de ce ludique reportage, était pour le moins étonnante.

Armée d’un vieux livre qui semblait avoir fait la Deuxième Guerre mondiale, elle a fouillé et décortiqué des colonnes de chiffres de l’année 1975, celle de ma naissance, à la recherche d’indices sur ma personnalité.

«Quand tu as une idée dans la tête toi, tu ne l’as pas dans les pieds… et oupelay! T’as beaucoup de facilité avec les adolescents.» Pas de doute : la prochaine heure s’annonce très divertissante.

Sur une feuille de papier, elle a tracé des lignes et dans ses traits noirs absolument incompréhensibles, tout semblait indiquer que mon avenir s’y trouvait. «Tu vas faire une folie financière au printemps! Je vois un spa…». Une folie financière? Vraiment, je ne sais pas de quoi elle parle (ironie)!

Elle m’a beaucoup parlé de ma vie professionnelle lors de la rencontre. «Il y a beaucoup de papier dans ta vie… tu travailles toujours avec ta tête… on dirait que tu travailles toujours…» Et toutes ses affirmations étaient accompagnées d’un rire que l’on pourrait facilement entendre au Village Hanté.

«Tu as le cœur jeune! Tu tiens ça de ton père. Il faut que tu aies du fun dans ce que tu fais».

Je n’ose évidemment pas écrire les prédictions ni partager les mises en garde qu’elle m’a servies, mais je dois admettre qu’elle m’a surprise à plus d’une reprise. Je n’arrive pas à comprendre comment elle a pu savoir que j’ai des idées et des projets et que tout cela est écrit, là, dans ce vieux livre qui indique que je suis née avec un Soleil en bélier et que mon Poisson fait en sorte qu’il m’arrive parfois de manquer de confiance. Est-ce que c’est possible que notre vie soit écrite? Je ne sais pas, mais force est de constater qu’il y a quelque chose de plus grand que nous, que nous ne sommes pas en mesure de comprendre. «Un de tes enfants adore la danse. Ta mère fait trop de ménage. Tu vis avec des chiens». Comment a-t-elle pu savoir ces petits détails? Elle ne connaissait pas mon nom. Elle n’a donc pas pu se documenter sur les réseaux sociaux. Curieux, n’est-ce pas?

Une première fois (Marilyne)

Déformation professionnelle, je suis du genre à me baser sur des faits pour me faire ma propre idée. Je me considère comme une personne assez raisonnée et réfléchie. Je dois toutefois avouer qu’il m’arrive de toucher du bois pour conjurer le mauvais sort ou d’invoquer Saint-Antoine-de-Padoue pour retrouver mes objets perdus. Sans trop d’attentes, mais avec beaucoup de curiosité, j’ai donc accepté de me prêter au jeu.

C’est mon tour. J’entre dans la pièce où elle m’attend. Il n’y a ni boule de cristal ni cartes de tarot. Sur la table, je remarque des livres, des feuilles blanches, son cellulaire dans un étui mauve aux brillants argents, une collation à moitié mangée et une pinte de jus d’orange.

Je m’assois en face d’elle. Elle me regarde avec ses yeux bleus. «Tu as l’air jeune!», me lance la femme aux cheveux gris. Puis, elle me demande ma date de fête et l’heure à laquelle je suis née. Gémeaux ascendant Vierge.

Elle tourne les pages de son bouquin, puis se met à tracer ma carte du ciel sur une feuille. Elle griffonne dans chacune des douze petites «maisons». Elle semble avoir mon avenir entre ses mains.

Durant l’heure qui a suivi, sans même connaître mon nom ni mon numéro de téléphone, elle m’a parlé de ma personnalité, de mon travail et de mon entourage. «Tu es intelligente. Tu aimes les gens. Pour toi, la famille c’est important, m’énumère-t-elle. Tu as commencé avec à faire du sport avec d’autres personnes récemment.»

Elle a abordé mon passé et mon présent. À chaque fois, elle levait les yeux vers moi et souriait. Parfois j’acquiesçais. D’autres fois, je cherchais un lien entre ses propos et mon vécu.

Entre mon signe astrologique, mon ascendant, la position de la lune et celles des planètes, elle a prédit mon avenir. Des projets, un déménagement, une demande en mariage et… des jumeaux! Un gars et une fille, par césarienne – plutôt précis comme prédiction!

Évidemment, il est encore trop tôt pour savoir si elle a vu dans le mille. Seuls les prochains mois, voire les prochaines années, le diront. Chose certaine, j’ai la certitude que si notre chemin de vie est tracé dans le ciel, il en revient à nous de faire bouger les lignes de notre existence.

Complètement déstabilisé (Frédéric)

Je dois vous l’avouer, j’étais sceptique. Avant de contacter Lisette*, je me disais que ma première expérience serait probablement digne d’un spectacle d’humour. À vrai dire, je m’étais préparé un plan de match sur les sujets à aborder.

Sans même m’avoir vu marcher, elle a visé juste sur mon handicap physique. Dès le début de la conversation, elle m’a parlé de mes problèmes particuliers qui ont nécessité trois opérations à l’adolescence.

Je dois vous confier que j’ai vu le jour prématurément et que mon corps n’était pas parfaitement développé à ma naissance. Tout au long de ma jeunesse, j’ai déjoué bien des prévisions…

Ensuite, je lui ai présenté une photo de ma sœur. Elle a décrit parfaitement la situation particulière de celle-ci avec le reste de la famille. Bon. À ce moment-là, je me dis que la voyante ne mérite quand même pas un prix Nobel, mais je revois tout de même ma stratégie.

Je m’élance. Tel un lanceur des ligues majeures. Je lui présente ma meilleure balle rapide : la photo de mon très bon ami de Chicoutimi qui souffre de la fibrose kystique. Je me suis dis que son état n’était sûrement pas être écrit dans son front.

Calmement, Lisette* regarde la photo. Elle lève la tête : «Il a de graves problèmes de poumon. Il est un peu le frère que tu n’as jamais eu».

À ce moment précis, je suis complètement déstabilisé. En bon français, je suis shaké comme un lanceur qui voit un frappeur expédier une balle de l’autre côté de la clôture.

Curieux, je questionne la voyante sans arrêt, dépassant même le temps prévu. Je dois admettre que je n’ai parfois pas eu les réponses espérées. Sans rentrer dans les détails, mon parcours s’annonce sinueux et beaucoup de questions demeurent sans réponse.

Je me dis toutefois qu’il faut en prendre et en laisser. Le livre de ma vie, c’est à moi de l’écrire et à personne d’autre. Et s’il faut que je déjoue les pronostiques, une fois de plus, pour réussir et être heureux, je vais le faire!

(*nom fictif)

Partager cet article