Des pertes de 195 000 $ chez Walmart

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Par Frederic Marcoux
Des pertes de 195 000 $ chez Walmart
Walmart dépose à cet endroit les objets volés qui ne peuvent être vendus à Drummondville, parce qu’ils ont été endommagés. (Photo : Frédéric Marcoux)

Très populaire auprès du grand public, le magasin Walmart de Drummondville intercepte entre 35 et 40 individus chaque mois pour des vols à l’étalage. Des petits larcins qui coûtent cher, car en 2018, les pertes ont été évaluées à 195 000 $.

De 2016 à 2018, la valeur des items volés chez Walmart, un grand magasin situé sur le boulevard Saint-Joseph à Drummondville, est passée de 128 250 $ à 195 506 $. Les articles ont été retrouvés, mais ils n’ont pas pu être vendus parce qu’ils ont été endommagés.

Décidant que c’était assez, la direction locale du commerce a embauché un agent de sécurité affecté principalement à combattre les vols à l’étalage. Signe que la décision était la bonne : la valeur des pertes est en baisse depuis son entrée en poste. Entre les mois de janvier et mai 2019, des pertes de 48 000 $ ont été enregistrées. En s’appuyant sur la moyenne mensuelle, cela veut donc dire que la valeur totale des pertes pourrait atteindre 115 000 $ cette année, ce qui est nettement inférieur que les années passées.

En poste depuis un an, l’homme chargé de repérer les vols à l’étalage chez Walmart a accepté de témoigner de la problématique, sous le couvert de l’anonymat, afin d’éviter d’être reconnu par les malfaiteurs de la région.

«Drummondville est une région où il y a beaucoup de vols, si on la compare avec les succursales des autres régions. C’est aussi très important à Shawinigan. Ça arrive souvent que j’arrête la même personne en quelques jours. On appelle souvent les policiers, c’est important de ne pas niaiser avec ça.»

Faire le ménage

Chaque mois, des poursuites judiciaires sont déposées au Palais de justice de Drummondville par cet employé du Walmart. Les 135 caméras de surveillance l’aident dans son mandat de «faire le ménage», résume-t-il.

Ce dernier fait remarquer que le montant des pertes est probablement plus élevé, puisque des articles peuvent ne jamais être retrouvés. Mais ce n’est que partie remise, estime le principal intéressé.

«On a un répertoire de 450 visages d’individus qui nous ont déjà volés, informe-t-il. On va finir par les prendre sur le fait. Une personne qui ne se fait pas prendre va toujours revenir. Parfois, les objets volés n’ont pas une grande valeur. On n’appelle pas immédiatement les policiers, mais on accumule les preuves. Comme ça, lorsqu’on décide d’aller de l’avant, le dossier est plus solide en cour.»

Il constate qu’il a affaire à des voleurs de tout âge. Certains gagnent parfois très bien leur vie.

«Il y a plusieurs individus qui étaient âgés dans la quarantaine ou plus, raconte le Drummondvillois. J’ai déjà intercepté une personne de 95 ans. Son manteau était expressément conçu pour voler des biens. Ce qu’elle transportait était d’une valeur de 600 $.»

L’employé en question fait aussi de la surveillance en Mauricie et à Victoriaville. Un de ses homologues assure toutefois le relai lorsqu’il est absent à Drummondville. Il souhaite que les sentences des fautifs soient revues à la hausse. Il martèle que la société doit réaliser qu’un commerce qui se fait voler à répétition n’a pas d’autres choix que de refiler la facture aux consommateurs, en haussant le prix des articles pour joindre les deux bouts.

CPC de Drummondville

La directrice adjointe du CPC de Drummondville, Mélanie Phaneuf, tire les mêmes conclusions que l’employé du magasin Walmart. De plus, elle reconnaît que l’emplacement de sa boutique située à proximité du centre-ville lui complique la tâche, «l’un des pires secteurs de la ville pour les vols l’étalage», souligne-t-elle.

«C’est intense comme fléau. Quand j’ai commencé à travailler au CPC, il y a huit ans, je ne croyais pas que ça pouvait être comme ça», indique-t-elle.

Mélanie Phaneuf est la directrice adjointe du CPC de Drummondville.

Elle signale que son commerce perd plusieurs dizaines de milliers de dollars chaque mois, en raison des vols à l’étalage. Prendre les contrevenants en flagrant délit est une chose, agir assez rapidement pour permettre aux policiers de réaliser leur arrestation en est une autre. Une mission parfois impossible.

«Il y a des voleurs qui s’enfuient en courant et on ne peut pas les rattraper. Il y a des hommes qui s’en vont rapidement avec les vêtements, en nous laissant leur linge sale derrière. Ce sont souvent les mêmes. On finit par les reconnaître. Pourquoi peuvent-ils toujours continuer à voler sans se faire arrêter? Il y a quelque chose que je ne comprends pas», s’exclame Mme Phaneuf.

Elle ajoute également que le CPC de Drummondville est victime de beaucoup plus de vols que celui de Victoriaville ou de Sherbrooke.

Pour essayer de remédier à la situation, le magasin situé sur le boulevard Saint-Joseph doublera son nombre de caméras de surveillance au cours des prochaines semaines, afin de porter le total à 16 appareils. Seul le temps permettra de savoir si les nouvelles caméras auront un effet dissuasif sur ceux qui ont la main un peu trop longue.

 

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