Guy Boucher : «La victoire de toute une ville»

Guy Boucher : «La victoire de toute une ville»
La conquête de la coupe du Président fût l’aboutissement d’une carrière de plus de neuf ans dans la LHJMQ pour Guy Boucher. (Photo : archives, Ghyslain Bergeron)

(NDLR : Dans le cadre du dixième anniversaire de la conquête de la coupe du Président par les Voltigeurs de Drummondville, L’Express propose à ses lecteurs une série d’entrevues avec des acteurs-clés de l’unique édition championne dans l’histoire de la concession.)

Reconnu comme l’un des principaux architectes de la conquête de la coupe du Président par les Voltigeurs de Drummondville en 2009, l’entraîneur-chef Guy Boucher n’oubliera jamais ce championnat, de même que ses trois saisons passées avec l’équipe.

Pour Guy Boucher, la victoire de 2009 n’aurait jamais été possible sans le travail amorcé la saison précédente, en compagnie de son directeur général Dominic Ricard, et ce, même si elle sera toujours reconnue comme la pire de toute l’histoire de l’équipe.  «Nous étions sur la même longueur d’onde. On avait décidé de garder 15 joueurs recrues en 2008 pour développer au maximum. En fait, nous avions prévu avoir une saison difficile», a concédé Guy Boucher d’entrée de jeu, lors de son entretien téléphonique avec L’Express.

Au cours de l’entre-saison, l’équipe multiplie les mouvements de personnel, si bien que Guy Boucher se retrouve avec une formation qui aspire aux grands honneurs. «Pendant la saison morte, nous savions où étaient nos besoins et Dominic a fait un boulot exceptionnel. Il travaillé très fort pour aller chercher les éléments manquants. Nous avons été audacieux, mais nous avons eu les joueurs qu’on avait identifiés parce qu’on faisait bien attention à ceux qu’on voulait rentrer dans le vestiaire», ajoute-t-il.

Guy Boucher soulevant la fameuse coupe. (Photo d’archives, Ghyslain Bergeron)

Pour l’ex-pilote des Voltigeurs, cette conquête demeure un exploit en soi, particulièrement dans une ère où les dirigeants de clubs de hockey doivent, la plupart du temps, délaisser le plan initial et s’adapter en cours de route. «Gagner, c’est un processus. Dans le hockey d’aujourd’hui, c’est difficile de suivre le plan de départ et de garder le cap. Nous, c’est ce que nous avons fait et c’est ce qui rend cette victoire encore plus spéciale», soutient Boucher.

Plus qu’une balade dans le parc

Lors des éliminatoires de 2009, les Voltigeurs balaient leurs trois premières séries avant d’affronter les Cataractes de Shawinigan à l’occasion de la finale.

Toutefois, aux dires de Guy Boucher, il est hors de question d’affirmer que son équipe l’a «eu facile» lors des 12 premières rencontres. «Les gens diront que nous n’avons pas eu beaucoup d’adversité dans les trois premières rondes, mais c’est faux! En fait, je pense qu’on a affronté les pires équipes possible, surtout quand on pense à la force physique de Lewiston et à tout le talent que possédait l’Océanic de Rimouski», se rappelle celui qui a été à la barre de l’équipe de 2006 à 2009.

À égalité 3 à 3 dans ce duel de titans, les Voltigeurs décident de se retirer pendant 48 heures, à l’aube du septième et ultime match, une «idée de génie», selon Guy Boucher. «C’est Dominic (Ricard) qui a eu cette idée! Pendant deux jours, on voulait que les joueurs soient à l’abri de toutes distractions possibles, révèle-t-il. On est allé à l’hôtel pour refaire le plein. On n’a même pas pratiqué! À la place, on en a profité pour rencontrer chaque joueur et se mettre dans un état d’esprit positif. Quand on est arrivé pour le septième match, on ne pouvait pas être plus concentrés que ça».

Guy Boucher s’était adressé aux partisans après avoir dirigé son dernier match à Drummondville. (Photo d’archives, Ghyslain Bergeron)

C’est d’ailleurs quelques minutes avant le début du septième match que Guy Boucher a vécu l’un de ses plus beaux moments avec la formation drummondvilloise. «Je me rappelle de la minute juste avant que les joueurs fassent leur entrée sur la patinoire. Il y avait la musique de Cold Play qui jouait et les spectateurs attendaient la venue des joueurs. C’était tellement fort et il y avait tellement de bruit, c’était incroyable! À ce moment précis, je savais qu’on allait gagner», se remémore celui qui n’hésite pas à comparer cette ambiance à d’autres moments qu’il a vécu dans la Ligue nationale de hockey (LNH), la Ligue américaine et en Europe.

Ce soir-là, les Voltigeurs l‘emportent par la marque de 3 à 2 dans un match haut en émotion qui permet à Drummondville de célébrer un premier championnat. «Cette victoire, ce n’est pas seulement la victoire d’une équipe, c’est la victoire de la ville de Drummondville qui a dû attendre presque 30 ans avant de couronner son équipe. Elle méritait ce championnat», indique M. Boucher.

L’art de convaincre

Reconnu comme étant un motivateur né, Guy Boucher a toujours prôné une approche axée sur la préparation mentale de ses joueurs. Pour lui, l’imagination peut jouer un rôle clé dans le succès d’une équipe. «L’imagination, c’est fort! C’est même plus fort que le désir. Quand tu réussis à te persuader de quelque chose, tu peux voir encore plus grand. Ce que tu croyais impossible devient soudainement atteignable», explique l’homme de hockey de 47 ans natif du Bas-Saint-Laurent.

D’ailleurs, l’entraîneur-chef des Sénateurs d’Ottawa n’hésite pas à utiliser cette méthode, même dans la LNH. «J’ai toujours dit qu’il faut que mes joueurs se sentent extraordinaires. Quand je les rencontre, je leur montre que je crois en eux et que leurs attentes sont plus qu’atteignables. Par contre, quand tu vis avec de grandes attentes, il faut toujours que tu en veuilles plus et que tu travailles en conséquence», souligne celui qui a atteint la demi-finale de la coupe Stanley en 2014, avec le Lightning de Tampa Bay et qui a répété l’exploit avec les Sénateurs d’Ottawa, six ans plus tard.

Au-delà de la motivation, Guy Boucher estime que le leadership constitue un élément primordial pour bâtir une équipe gagnante. D’ailleurs, toujours selon le principal intéressé, l’édition 2008-2009 des Voltigeurs regorgeait de bons meneurs. «Pour gagner au hockey, ça te prend du leadership et nous, nous en avions à la tonne! En plus, on avait du caractère, beaucoup de talent et une chimie incroyable. Quand tu mets ça tout ensemble et que tu réussis à motiver tes gars, tout devient possible», observe-t-il.

Guy Boucher célébrant en compagnie de ses joueurs. (Photo d’archives, Ghyslain Bergeron)

D’ailleurs, Boucher avait préparé deux de ses leaders, l’année précédente, alors que la coupe du Président s’était arrêtée au Centre Marcel-Dionne dans le cadre d’une tournée provinciale. «Je savais que la coupe était à Drummond et j’avais amené Marc-Olivier Vachon et Gabriel Dumont pour la voir. Quand on est arrivé, je leur avais promis qu’ils seraient les leaders d’une équipe qui allait la soulever. Je voulais qu’ils y croient et qu’ils poursuivent ce rêve qui s’est réalisé un an plus tard», conclut celui qui a marqué une page d’histoire pour les Voltigeurs.

L’histoire de la coupe «maison»

Au début de la saison 2008-2009, Guy Boucher avait divisé sa formation en deux pour procédé à un concours «artistique». Ainsi, chaque équipe devait fabriquer la plus belle coupe «maison».

Celle-ci a ensuite servi tout au long de la saison, alors que les deux mêmes équipes s’affrontaient hebdomadairement dans le but de célébrer la victoire.

«Tout au long de la saison, on faisait un match par semaine et l’équipe qui gagnait devait célébrer avec la coupe comme si c’était la vraie finale. Je voulais qu’ils vivent ce moment pour qu’ils y croient et qu’ils soient prêts le soir où ils auraient la chance de mettre la main sur le vrai trophée», raconte Guy Boucher.

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