Mardi, 13 octobre, se tenait au Centre communautaire Pierre-Lemaire une conférence sur les changements climatiques. Elle fait l’objet d’un bref article dans l’Express du 2 novembre sous ce vocable. Quelques vingt-cinq personnes se sont retrouvées dans une petite salle pour écouter les deux conférenciers à l’affiche. On nous remet à l’entrée une bibliographie intitulée : « changements climatiques ou manipulations climatiques ».
Au départ, les auditeurs sont prévenus d’une présentation en deux volets. Le premier intervenant fait un exposé, accompagné de statistiques et tableaux, avec force et détails. Il est éloquent et fait montre d’une maitrise certaine de son sujet. Un excellent rappel pour les initiés ou une exhaustive mise en situation pour les moins férus. L’auditoire écoutait avec attention. Nous y trouvions tous notre compte. Puis on passe à une courte pause.
Vient ensuite la seconde partie de la conférence. Elle est menée par un jeune homme qui se dit d’entrée de jeu, chercheur indépendant. Il avoue avoir un bagage académique plus restreint mais ses recherches personnelles compensent. Il introduit difficilement son sujet. Dès qu’il tente d’aborder un concept, il doit lire ses notes. Il a du mal à focaliser sur un propos. Le premier conférencier pendant ce temps cherche tant bien que mal le fichier associé à projeter à l’écran.
Après quelques minutes, nous réalisons avec stupéfaction l’objet de cette deuxième présentation. Ce conférencier souhaite d’abord nous introduire aux œuvres de cinq personnages pour lesquels il voue une grande admiration. Ces derniers partagent une foi commune à l’égard des « chemtrails » (trainées chimiques). Un scénario hollywoodien par lequel une force autoritaire voudrait assouvir son pouvoir sur le monde.
Dès qu’il aborde son premier idole, Serge Monast, journaliste d’enquête, trois auditeurs se lèvent et quittent la salle promptement; non sans que l’un d’eux lui dise clairement qu’ils ne sont pas venus pour un exposé ésotérique.
Pour ma part, le seul mobile pour rester sur place jusqu’au terme du second exposé fut la politesse.
Le neurochirurgien Russell Blaylock clôture l’exposé élogieux du conférencier à l’égard de son quintette. Ce médecin américain a développé diverses théories, lesquelles ne font aucunement consensus dans la communauté scientifique. Entre autres, il met en doute l’efficacité des vaccins…
Ces spécialistes d’une guerre mondiale contre la santé et une gouverne mystérieuse pour rendre l’humanité esclave m’indignent. Un sujet aussi sérieux que le dérèglement climatique juxtaposé à ces théories du complot me révolte. Alors qu’il faut lutter contre les climato sceptiques qui défendent leur intérêt égoiste, voilà qu’on nous offre à Drummondville une conférence farcie d’occultisme.
Le centre communautaire Pierre-Lemaire met une salle à disposition pour des conférences. Une porte-parole m’informe qu’aucune vérification n’est faite préalablement quant au sujet traité. Il m’apparait nécessaire et responsable, de la part d’un organisme publique de procéder à un contrôle diligent.
Le centre du Québec a un urgent besoin d’une sensibilisation sur les gaz à effet de serre et ses conséquences sur la race humaine. Non pas avec un épisode de « Game of Thrones » mais par une offre scientifique crédible et reconnue.
Michel Lemay
Drummondville
