Les préposées aux bénéficiaires n’en peuvent plus

Les préposées aux bénéficiaires n’en peuvent plus

SANTÉ. «Ça suffit, les belles promesses. Maintenant, il faut agir !» À l’aube des vacances d’été, c’est ce que les préposés aux bénéficiaires du CHSLD Frederick-George-Heriot, épuisés et débordés, et leur syndicat exigent du ministère de la Santé après que des mesures sensées remédier à une partie du problème aient été reportées en septembre. 

Ce sont les drapeaux de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) à la main et le sifflet aux lèvres que les préposés aux bénéficiaires du centre hospitalier de soins longue durée (CHSLD) Frederick-George-Heriot ont crié leur ras-le-bol devant l’établissement, lundi matin, encouragés par les klaxons des véhicules qui passaient à proximité.

D’après le président du Syndicat du personnel para-technique, des services auxiliaires et de métiers (SPPSAM-CSN), Pascal Bastarache, il est minuit moins cinq. «Normalement, un préposé aux bénéficiaires devrait avoir sept patients à sa charge. Pourtant, il n’est pas rare de n’avoir qu’un seul préposé pour 27 patients. Ça n’a aucun sens !», s’indigne-t-il. Il estime qu’à travers tout le CIUSSS-MCQ, ce sont 400 préposés qui seraient nécessaires pour assurer une charge de travail normale.

C’est que les mesures de reconnaissance des acquis (lorsqu’un individu a déjà œuvré comme préposé mais n’a pas la formation scolaire) et le début des formations accélérées, annoncées le 14 juin dernier, ne seraient effectives qu’à partir de septembre prochain. «À la base, on nous avait dit que cela commencerait en mai. Là, nous avons abordés des solutions concrètes, mais on ne veut plus en parler. On veut agir. On veut que les gens du ministère, y compris monsieur Barrette, descendent de leur tour d’ivoire pour voir notre réalité sur le terrain», exprime Pascal Bastarache sous les encouragements bruyants des préposés.

Le président de la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN (FSSS-CSN), Claude Audy, est du même avis. «Ça fait deux mois qu’on en parle, et c’est maintenant que ça se passe. Cet été, des gens vont continuer à tomber malades à tous les jours. On ne sait pas pourquoi ça bloque. Il y a eu des promesses en l’air, et ça empire la situation», exprime-t-il. Il ajoute que ce n’est plus le syndicat qui fait le premier pas pour les manifestations, mais que ce sont les gens eux-mêmes qui prennent l’initiative.

Une résidente sonne l’alarme

Yvette Grisé a 84 ans, et est une ancienne professeure de musique au Cégep de Drummondville. Résidente du CHSLD Frederick-George-Heriot depuis 1993, elle a pris la parole aujourd’hui pour dénoncer les conditions de vie dans l’établissement. «La direction ne considère pas la tâche indispensable que le préposé aux bénéficiaires doit assumer pour donner des soins généreux et essentiels au bien-être de chacun. À mon avis, il y a trop de personnel dans les bureaux, et pas assez sur le terrain», dénonce-t-elle, l’air décidé.

Sans blâmer le personnel pour ce qui arrive, la dame n’en peut plus. «J’étais dans mon fauteuil depuis 18h30, et j’ai des problèmes de vessie. À 21h15, je n’en pouvais plus, mais il n’y avait personne sur l’étage quand je suis sortie. La seule que j’ai croisée s’en allait à sa pause, et c’est une autre qui n’est pas habituée avec moi qui a dû venir m’aider. À 22h30, j’ai rempli une grosse bassine, et une autre à minuit. Ce matin, j’ai de la misère. C’est ce qu’on vit», raconte-t-elle. 

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