HOCKEY. Difficile pour André Ruel de rester insensible devant le parcours cendrillon des Sénateurs dans les séries éliminatoires de la coupe Stanley. Pas moins de quatre anciens membres des Voltigeurs contribuent activement aux succès des représentants de la capitale canadienne.
Après avoir écarté les Bruins au premier tour, la troupe de Guy Boucher et Martin Raymond est venue à bout des Rangers en deuxième ronde pour accéder au carré d’as. Derick Brassard et Mike Hoffman ont joué un rôle important dans ces deux triomphes.
«C’est un parcours impressionnant. Ottawa a connu une belle saison, mais personne n’avait prévu leur présence en demi-finale. C’est un véritable fait d’armes», a lancé André Ruel.
Selon l’agent de joueurs de la LNH, il ne faut pas négliger le pouvoir de la force mentale dans les succès des Sénateurs. Lorsque les Blueshirts ont facilement remporté les matchs 3 et 4, les observateurs ne donnaient pas cher de la peau des Sens.
«La série s’est jouée entre les deux oreilles. L’équipe manquait de confiance, mais Guy a accompli un énorme travail psychologique avec ses joueurs. Il a réussi à faire virer le vent de bord. Les gars ont oublié leurs croyances. Dans les matchs 5 et 6, les meilleurs joueurs des Sénateurs ont éclipsé ceux des Rangers.»
En carrière dans la LNH, Boucher a maintenant dirigé ses équipes dans cinq séries. Il est sorti vainqueur de ces duels à quatre reprises, lui qui avait guidé le Lightning jusqu’en demi-finale en 2011.
«En séries, un coach doit s’ajuster à l’adversaire, qui est le même soir après soir. Mais une fois que ces ajustements sont faits, ce qui fait la différence, c’est ce qui se passe entre les deux oreilles des joueurs. Le mental, c’est la grande force de Guy. Il y croit et ça lui réussit», a fait valoir Ruel, un proche collaborateur de Boucher lors de la conquête de la coupe du Président par les Voltigeurs en 2009.
«Cette année-là, on avait perdu le match 6 de la finale à Shawinigan. Immédiatement, on s’était assis pour trouver des idées. On s’est concentré sur le mental plutôt que sur l’aspect tactique. Les joueurs n’ont même pas touché à la glace avant le match 7. On s’est rassemblé dans un hôtel, sans téléphone. Personne ne savait où on était. On est retourné à l’aréna seulement pour jouer le match, qu’on a gagné. Ce fut un élément crucial dans notre conquête.»
Entre ses passages à Tampa Bay et en Suisse, Boucher a d’ailleurs perfectionné son art en faisant une maîtrise en psychologie sportive à l’Université de Montréal. À Ottawa, l’homme de hockey a mis ses apprentissages en pratique avec Derick Brassard. Après un lent départ dans son nouvel uniforme, l’attaquant natif de Gatineau a terminé la saison en force. «En se retrouvant près de chez lui, Derick se mettait trop de pression sur les épaules. Il y a eu un déclic lorsque Guy lui a parlé. Il l’a aidé à transformer cette pression négative en quelque chose de positif», a raconté Ruel, qui représente l’ex-Voltigeur depuis quelques mois.
En séries, Brassard a de nouveau frappé un mur psychologique lorsqu’il s’est retrouvé face à son ancienne équipe. «Derick était intimidé. C’était difficile pour lui de se détacher des souvenirs reliés aux Rangers, avec qui il a fait sa niche dans la LNH. Il m’a confié être incapable de trouver des solutions, mais une fois de plus, Guy a trouvé les bons mots pour le faire débloquer. Il s’est libéré en marquant le but égalisateur dans le match 5. Maintenant, il peut tourner la page.»
De son côté, Mike Hoffman a été fidèle à sa réputation de marqueur naturel. «C’est le même Hoffman qu’on a connu à Drummondville, mais avec plus de maturité. On pense qu’il dort, puis il sort de nulle part pour marquer un but important avec son tir incroyable. C’est son identité. Guy le connait bien et il est capable de composer avec lui.»
Derrière le banc, le pilote des Sénateurs peut à nouveau compter sur l’appui de son fidèle allié, Martin Raymond. «Guy et Martin se connaissent comme des frères. La complicité est telle qu’ils n’ont pas besoin de se parler pour se comprendre. Un regard suffit. Ils se complètent à merveille. Pendant un match, Martin apporte une multitude d’informations sur l’adversaire, ce qui permet à Guy de s’ajuster. Aussi, Martin est plus calme que Guy, qui devient parfois émotif. Il peut alors le ramener sur terre», a expliqué Ruel.
Un cinquième ancien Voltigeur, Chris DiDomenico, se retrouve dans l’entourage des Sénateurs comme joueur substitut. «C’est une expérience spéciale pour Chris. Il arrive de la Suisse et il se retrouve en pleines séries. En cas de blessure, on pourrait faire appel à lui. Frédérick Gaudreau vit la même situation à Nashville. Il doit se tenir prêt à jouer n’importe quand.»