L’après-AVC de Jocelyn Hébert

L’après-AVC de Jocelyn Hébert
Petit peu par petit peu

RÉHABILITATION. Quand les intervenants en réhabilitation ont demandé à Jocelyn Hébert ce qu’était son objectif quelques semaines après avoir été frappé par un AVC qui lui a paralysé le côté droit de son corps, le guitariste de 63 a répondu «je vais retourner sur un stage». Ils ne le croyaient pas, mais le 11 mai prochain la preuve leur sautera aux yeux… et aux oreilles!

Jocelyn Hébert, qui gagnait sa vie comme guitariste, enseignait à une vingtaine d’élèves et donnait des spectacles, seul ou avec d’autres musiciens. Ça c’était avant le 18 décembre 2014.

Ce soir-là, sa vie a changé. Soudainement. Il était au Looba, assis tranquille pour assister à une prestation de son frère Mario, également guitariste. Vers 8 heures, celui-ci lui demande de venir chanter avec lui. Il se lève et sens une faiblesse dans les jambes. Il chante mais sent une raideur dans la joue droite. De retour à sa place, il ne se préoccupe pas trop de ça. Mais sa sœur et sa femme qui l’accompagnent trouvent qu’il n’a pas l’air bien. Il accepte de retourner à la maison vers 21 h et refuse d’être conduit à l’hôpital. «Non non, ça va passer», dit-il. Ce n’est que vers 3 h du matin qu’il se résigne à aller à l’hôpital.

«À l’urgence, on m’a demandé pourquoi j’avais tant tardé, j’ai répondu que je ne voulais pas engorger les hôpitaux. Personne n’a ri. J’ai alors compris que c’était sérieux, que si j’y étais allé à temps, je n’aurais probablement eu aucune séquelle. Ils auraient alors injecté un produit qui aurait pu dissoudre le caillot de sang qui s’était formé dans mon cerveau», admet-il.

Après six jours à l’Hôpital Sainte-Croix, il est transféré, la veille de Noël, à l’URFI (Unité de réadaptation fonctionnelle intensive au Pavillon Frederick-George-Heriot) où il résidera durant six semaines. «Je me disais qu’il n’était pas question que je reste arrangé de même. Le soir, dans mon lit, je me concentrais à faire bouger mes doigts. Et ils bougeaient… mais seulement dans ma tête. J’ai fait de la physio durant plusieurs mois à Interval. Ils m’ont demandé ce que j’avais comme objectif, j’ai répondu non pas que je veux, mais que je vais retourner sur un stage. Ils ne me croyaient pas. Mais ils m’ont dit d’apporter ma guitare. Au début, j’avais du mal à passer mon bras droit par-dessus. C’était très souffrant. Et je jouais comme un vrai débutant. C’est là que je me suis dit : je n’ai pas le pouvoir de changer la direction du vent, mais je peux ajuster les voiles».

Armé d’une puissante détermination, celle de renouer avec son instrument de musique, Jocelyn Hébert a regagné confiance, petit peu par petit peu, se servant le plus souvent possible de sa main droite, «sinon ton cerveau va croire que tu n’en as pas besoin», lui ont dit les spécialistes.

Aujourd’hui, après plusieurs mois de pratiques, il a mis au point un répertoire intéressant à l’aide de son «looper», une pédale spécialement dédiée à la création de boucles permettant la superposition de nombreuses partitions de guitare ou de voix.

Le musicien sera prêt à offrir sa toute première prestation depuis son accident vasculaire cérébral le 11 mai 2017 au Looba où seront tout particulièrement invités les professionnels de la santé qui ont pris soin de lui, incluant ceux qui ne le croyaient pas.

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