Jocelyn Hébert et sa pédale de loop

Jocelyn Hébert et sa pédale de loop
Le pédalier comprend plusieurs fonctions dont le «delay»

MUSIQUE. Jocelyn Hébert prépare une prestation hors de l’ordinaire pour son retour à ses affaires artistiques; seul avec sa guitare, son micro et son pédalier, qui comprend son fameux «looper», il pratique actuellement l’interprétation d’une trentaine de pièces dont il fait toutes les partitions à mesure qu’il les chante. C’est «live» et très impressionnant.

Chez lui, dans son sous-sol, il y met des heures, d’abord pour ajuster les arrangements qu’il a conçus afin de personnaliser et structurer chacune des chansons, et aussi pour redonner à sa main droite la souplesse qu’elle avait avant son accident vasculaire cérébral.

«Le looper me permet d’ajouter des partitions une par-dessus l’autre, soit la guitare, soit la voix, soit la percussion. Je devrai le faire lorsque je serai sur scène. Il n’y a absolument rien de préenregistré. Tout se fait live. C’est vraiment nouveau comme show. Mais aussi, c’est assez difficile. Ça prend beaucoup de concentration. Si quelqu’un vient me faire une demande spéciale pendant que je fais tout ça, j’y donne une claque s’a yeule», lance-t-il en riant de bon coeur.

Visuellement, pour l’avoir vu à l’œuvre, c’est fort spectaculaire. Il commence par enregistrer les accords de base, ajoute la basse avec une application qui permet de diminuer d’une octave les cordes de sa guitare, ajoute la percussion imitant la batterie avec sa bouche tout en donnant la cadence avec un «shaker» (type de cabasa) et ajoute le solo ainsi que les voix. Le truc, c’est qu’il peut à l’aide de sa pédale de loop faire disparaître le bloc 2 d’enregistrement pour passer aux accords du refrain pour ensuite réintroduire le bloc 2. Le résultat à la fin donne un effet comme s’il utilisait des trames sonores, ce qui n’est pas le cas.

Son répertoire touche à plusieurs styles: blues, folk, reggae, balade…

«Y a juste une chose, il ne faut pas que je me trompe. Si je pèse trop longtemps sur ma pédale, ça efface tout et j’ai comme un petit problème. Disons que le risque est très élevé. Au début, ça marchait pas, je me trompais dans mes mesures. J’ai fini par apprendre comment fonctionne le looper et ses subtilités. Là, j’en suis à compléter les arrangements, comme par exemple déterminer où débutent et où finissent les voix. J’y apporte beaucoup de créativité. Je pense qu’après les Fêtes, j’en aurai fini avec la structure des arrangements et je vais commencer à pratiquer dans le but de donner de la rondeur aux chansons. Présentement, ce n’est pas sur la coche. Mais ça va venir. C’est tout un défi; les cellules qui ont pris la relève de celles qui ont été détruites, je dois les éduquer et ça, ça vient avec la répétition», mentionne-t-il.

Jocelyn Hébert a accepté de faire partie du comité neuro-vasculaire à l’hôpital. Il fera part de son expérience auprès des patients dans le but de les soutenir et de les encourager. «C’est sûr que d’avoir une passion, comme moi la musique, ça contribue à une plus grande volonté. Si je peux dire que la guitare m’a aidé grandement à traverser cette épreuve, je dois admettre aussi qu’elle en a peut-être été la cause d’une certaine façon. Elle m’a probablement amené le stress à l’origine de mon AVC. Je faisais de la haute pression et je ne le savais pas. Certains soirs, je jouais deux ou trois heures avec la pression dans le tapis, je prenais une pause, je parlais avec le monde et je recommençais à jouer. Mais tout ça est derrière moi, maintenant je regarde en avant».

Partager cet article