Traité Canada-Europe: lourdes pertes à prévoir pour les fromagers

Traité Canada-Europe:  lourdes pertes à prévoir pour les fromagers
C'est au Québec que sont produits la majeure partie des fromages fins canadiens.

Depuis la signature du Traité de libre-échange entre le Canada et les pays membres de l’Union européenne, le milieu agricole est sur le qui-vive. Alors que certains producteurs agricoles entrevoient les bénéfices d’une exportation facilitée grâce aux tarifs douaniers réduits, les fromagers et producteurs de lait attendent impatiemment de connaître le plan d’indemnisation d’Ottawa.

«Le Traité Canada-Europe est une très bonne nouvelle pour les producteurs de porc, de canneberge et de sirop d’érable», souligne d’entrée de jeu, Patrice Juneau, porte-parole de l’Union des producteurs agricoles.

Les canneberges et les érables étant rarissimes en sol européen, il y a lieu de croire que le traité ouvrera la porte à un marché supplémentaire. Dans le cas des viandes non réglementées par quota,  l’entente permet d’envoyer vers l’Europe 13 fois plus de produits du porc et 11 fois plus de produits du bœuf.

Dans le Centre-du-Québec, 830 producteurs de lait ainsi que quelques fromagers sont concernés par la nouvelle entente commerciale. Ont-ils raison de s’inquiéter ? L’indemnité promise par le gouvernement Trudeau comblera-t-elle les pertes estimées ?

Plus de fromages européens

Les fromagers encourent des pertes avec ce traité qui autorise l’Europe à faire entrer au Canada 17 700 tonnes de fromages – dont 16 000 de fromages fins – venant ainsi priver les fromagers d’ici de 30% de leur marché. Les marchands et supermarchés devront éventuellement tasser les produits locaux au profit des produits fromagers européens. Le Canada reçoit déjà 20 400 tonnes de fromages de l’étranger, en majeure partie de l’Europe.

Or, les fromages fins sont majoritairement fabriqués au Québec et l’industrie avait été déjà fort secouée lors de la crise de la listériose, en 2008. Ceux dont le réseau de distribution est solide pourraient s’en tirer mieux que d’autres, selon François Dumontier, des Producteurs de lait du Québec.

Quant aux producteurs laitiers, les pertes envisagées sont estimées à 2 % de leur production laitière totale. Les Producteurs de lait du Québec anticipent des pertes d’en moyenne 12 000 $ au revenu familial des agriculteurs qui se gardent une enveloppe annuelle se chiffrant environ à 37 000 $, une fois les charges enlevées. «C’est un impact important pour les producteurs laitiers», signale M. Dumontier.

Dans une industrie soumise à une politique agricole communément appelée la gestion de l’offre, les producteurs se partagent les marchés, les revenus, mais aussi les pertes.

En chiffres clairs, cela représente une perte de 150 millions de dollars par année pour l’industrie fromagère et 150 millions de dollars de perte par année pour l’industrie laitière.

«C’est un coup dur pour les producteurs et, en particulier, pour le secteur fragile de la fromagerie artisanale, un marché que les producteurs de lait ont contribué à développer par leurs investissements en promotion», a indiqué par voie de communiqué, plus tôt la semaine dernière, le président des Producteurs de lait du Québec, Bruno Letendre.

Reste à savoir ce que le gouvernement fédéral offrira aux producteurs laitiers et fromagers afin de compenser leurs pertes.

«On demande au gouvernement de compenser les pertes. Il est urgent de le faire pour rassurer les producteurs», clame le porte-parole des Producteurs de lait du Québec.

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