Traverser le désert argentin pour les mères monoparentales

Traverser le désert argentin pour les mères monoparentales
Roxanne Lambert et Ève Martineau ont rencontré l'auteure de ces lignes dans la salle commune

HUMANITAIRE. Les Drummondvilloises Nathalie Hamel et Nathalie Thro iront braver le désert argentin en avril prochain, armées seulement d’une boussole et d’un carnet de route, pour le trophée Roses des Andes. L’objectif : amasser des fonds pour les enfants et les jeunes mères monoparentales.

C’est tout sourire que Nathalie Hamel a rencontré l’auteure de ces lignes pour parler de ce projet un peu fou. Les deux collègues de travail devront effectivement parcourir 2000 km entre le 16 et le 27 avril 2017 dans les montagnes et le désert du nord-ouest de l’Argentine. Le Trophée Roses des Andes est en fait une cousine du Trophée Roses des Sables, dont le parcours prend vie dans le désert du Sahara.

«C’est vraiment le challenge d’une vie, un défi qui nous permettra de nous dépasser et de sortir complètement de notre zone de confort. Ça va être assez exigeant merci», décrit Mme Hamel, qui semble tout de même confiante face à cette aventure. Elle rigole en spécifiant que ce n’est pas un voyage pour se prélasser sur une plage.

Toutefois, ce n’est pas une course à proprement parler : dans ce cas-ci, c’est le kilométrage effectué qui compte, et non la vitesse à laquelle le périple sera complété. Les deux femmes devront donc calculer leur itinéraire au mètre près afin d’atteindre le point de ralliement (fixé au préalable par l’organisation du trophée) avec le moins de kilomètres possible au compteur. 

Bien que le parcours lui-même soit exigeant, la dame croit fermement que ce n’est que la pointe de l’iceberg. «Nous serons en haute altitude, qui oscillera entre 1300 et 4200 mètres. On va devoir non seulement prendre des cours de mécanique et apprendre comment s’orienter avec une boussole, mais aussi suivre un bon entraînement physique pour avoir une certaine endurance ! Le plus gros, ce n’est pas nécessairement la course, c’est l’année de préparation avant.»

Qu’est-ce qui peut motiver deux mères de famille à se lancer dans un périple comme celui-ci ? Le trophée Roses des Andes remettra une partie des fonds amassés à l’organisme Les enfants du désert, qui œuvre au sein de plusieurs pays.

À l’échelle locale, c’est l’Envolée des mères de Drummondville, un organisme offrant un logement et du soutien aux jeunes mamans monoparentales souhaitant retourner aux études ou trouver un emploi, qui bénéficiera des sous amassés par les deux aventurières.«En aidant les mamans, c’est sûr qu’on aide les enfants», explique Nathalie Hamel.

L’objectif : remettre un chèque de 8000 $ aux organismes. 

La participation au Trophée Roses des Andes n’est toutefois pas gratuite : elle nécessite un investissement de près de 27 000 $. Nathalie Hamel et Nathalie Thro organisent actuellement des activités de financement pour mener à bien leur projet, et d’après Mme Hamel, les préparatifs vont bien jusqu’à maintenant. 

Une surprise pour l’Envolée des mères

«C’est une belle surprise, qui arrive sur un plateau d’argent», s’exclame la coordonnatrice de l’Envolée des mères de Drummondville, Ève Martineau, à la mention du projet de Nathalie Thro et Nathalie Hamel. Elle ajoute que ces fonds sont plus que bienvenus et iront directement dans l’enveloppe dédiée aux services offerts aux jeunes femmes qui viennent chercher un répit à l’Envolée des mères.

L’organisme offre aux mères monoparentales âgées de moins de 30 ans un appartement à prix modique (qui leur coûtera 25 % de leurs revenus mensuels) afin de les aider à retourner aux études ou sur le marché du travail. Sur les 18 logements disponibles, 16 sont actuellement occupés. «La demande est là», conclut la coordonnatrice. Seules règles : pas de conjoint, ni d’animaux.

Toutefois, Ève Martineau croit fermement que son établissement n’est pas qu’un simple immeuble à logements. «On veut prôner les valeurs d’entraide et d’échange, et nous voulons que les jeunes mères s’impliquent dans la vie de l’organisation. Dernièrement, les filles ont commencé à faire des cuisines collectives, ça favorise les échanges et une bonne ambiance. On organise aussi différentes activités chaque mois, comme des sorties au cinéma», décrit-elle. Une intervenante, Karelle Pinard, s’assure également du bien-être des jeunes locataires en faisant un suivi psychologique et en organisant des activités au sein de l’immeuble.

Roxanne Lambert est l’une des locataires de l’immeuble du 500, rue Morse depuis février dernier. Elle est sur le point de terminer son secondaire et entre au cégep dans les prochaines semaines. Sa petite fille d’un an et demi habite avec elle. Selon elle, résider à l’Envolée des mères lui a donné un solide coup de main après une séparation difficile. «Quand tu dois payer un loyer de 450-500 $ par mois toute seule avec un enfant à charge, c’est moins évident… Si tu peux avoir un loyer tout compris pour 300 $, tu peux au moins souffler un peu de ce côté-là. C’est ça la plus grosse embûche quand tu veux retourner à l’école, je pense», estime-t-elle, se fiant à sa propre expérience.

Vivre avec plusieurs autres femmes qui vivent le même genre de situation est aussi une façon de venir en aide, d’après Ève Martineau. «Les jeunes mamans vivent souvent de l’isolement. Quand tu sais que trois ou quatre autres mamans vivent la même chose que toi, ça donne un coup de main !»,

 Roxanne Lambert abonde elle aussi en ce sens. «Pour vrai, m’être séparée et avoir été en appartement toute seule avec ma fille, j’aurais probablement fait une dépression, se remémore-t-elle.  C’est difficile d’être seule là-dedans et de tout gérer. Là, je me suis fait des amies, on s’entraide. On tisse des liens entre mamans.»

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