Solidaires envers l’itinérance malgré la grisaille

Solidaires envers l’itinérance malgré la grisaille
Des dizaines de gens se sont déplacés pour manifester leur solidarité envers les gens dans la rue

> Malgré la grisaille et la pluie, itinérants, élus, intervenants et citoyens se sont retrouvés en grand nombre sous la tente érigée au centre-ville de Drummondville où se déroulait la Nuit des sans abri, événement organisé annuellement en vue de sensibiliser la population à un phénomène urbain de moins en moins marginal.

De 18h jusqu’à tard dans la nuit, des dizaines de citoyens se sont déplacés afin de signifier leur solidarité envers les plus démunis. La chute du mercure n’a eu de prise sur aucun cœur solidaire.

Tandis que plusieurs se réchauffaient autour du feu de fortune, d’autres ont fait la file à l’intérieur pour se faire servir une bonne soupe aux légumes par les élus, dont les conseillers municipaux Alain Martel, John Husk et le maire Alexandre Cussson. Certains y ont croisé le député provincial Sébastien Schneeberger ou encore leur représentant  fédéral François Choquette.

Quelques minutes auparavant, mobilisateurs et citoyens avaient dévalé les rues du centre-ville en guise de geste symbolique, qui a été conclu par une vigile de solidarité.

Après cette action de partage et  s’être rempli l’estomac, les visiteurs ont assisté au spectacle de plusieurs artistes invités qui se sont éclatés sur les notes de rock, de hip hop et de rap.

On a aussi pu entendre une série de chansons populaires interprétées par la chorale L’envol du coeur de l’organisme La Tablée, orchestrée par la citoyenne Marthe Bérubé. Celle-ci les dirige bénévolement. «L’important dans la vie, c’est de donner et de rendre les gens heureux. Ils me rendent heureuse ces gens», s’est exprimée la musicienne après le concert.

L’itinérance existe à Drummondville

En fait, la Nuit des sans-abri donne l’occasion aux citoyens de prendre le pouls d’une réalité qui sévit dans leur ville sans qu’ils en soupçonnent l’ampleur. Car ici comme ailleurs, l’itinérance existe.

Suzie, l’une des visiteuses le sait bien. Son fils a jadis séjourné à la Maison Habit-action. Elle ne l’oublie pas, même s’il va mieux aujourd’hui, qu’il travaille et vit en couple. «Venir ici, c’est ma façon de me rapprocher de mon fils et des jeunes qui vivent dans la rue», a confié celle-ci.

Elle n’est pas la seule à se montrer sensible à la cause de l’itinérance. Une dame croisée au hasard des conversations et qui a préféré taire son nom a laissé savoir qu’elle avait apporté un sac de foulards pour ceux qui n’ont pas les moyens de s’en procurer. Elle a failli elle-même se retrouver à la rue, aussi comprend-t-elle la détresse humaine.

Progression de l’itinérance 

Selon Francis Lacharité, qui est le coordonnateur à l’organisme La Piaule, l’itinérance gagne du terrain et pas seulement dans la métropole. Ses travailleurs de rue ont relevé autour de 250 personnes dans la rue ou à risque de s’y retrouver. Et c’est sans ajouter tous ceux qui fréquentent l’un des organismes d’entraide de Drummondville et des environs.

Il faut savoir qu’à Drummondville, on retrouve quatre travailleurs de rue sur le terrain, deux travailleurs de milieu, et que la Tablée populaire sert pas moins qu’une centaine de repas quotidiennement..

Persistance des préjugés

Dans une ville comme Drummondville, la précarité mène souvent à la pauvreté. Mais l’itinérance, elle, survient sans crier gare. Dans la vie, certains vivent des accidents de parcours : perte d’emploi, dépression, détresse. Des situations qui peuvent mener à la rue, selon les observations de Francis Lacharité.

Bien que l’on entende parler d’itinérance depuis plusieurs années, des préjugés persistent et il reste du chemin à faire pour les briser.

L’itinérance va au delà du stéréotype voulant que la personne souhaite être dans la rue et ne fait rien pour en sortir, explique le travailleur de rue. «On accuse les personnes d’être responsables de ce qu’il leur arrive. On leur en met beaucoup sur les épaules. Pourtant, les chemins qui mènent à l’itinérance sont multiples. Et bien avant le manque financier, c’est le manque d’amour et d’estime dans le regard des autres qui intervient», signale l’intervenant de La Piaule.

«Si ces personnes ne font pas les bons choix, c’est qu’ils ne voient pas d’autres options. Personne ne choisit d’être malheureux, de scaper sa vie», insiste le travailleur de rue, Francis Lacharité.

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