Route 122 : trois vies arrachées sur une portion maudite

Route 122 : trois vies arrachées sur une portion maudite
Un panneau comme celui-ci affichant les visages de quatre victimes décédées sur la route 116 a été installé en bordure de cette même route dans la MRC d'Arthabaska au début de l'été.

Océanne Pagé-Dufour, mars 2016. Fabien Charron, mai 2016. Carl Joyal Salvas, octobre 2016. Ces trois personnes ont en commun d’avoir perdu la vie dans un accident de voiture sur la route 122 à Saint-Edmond-de-Grantham.

Que se passe-t-il donc dans cette portion maudite comprise entre les adresses civiques 1314 et 1433 de la route 122 où ont eu lieu ces trois accidents mortels en moins de huit mois? Et on ne parle pas de ceux qui sont survenus ces dernières années et des autres qui n’ont fait que des blessés sans que les médias en fassent mention…

Il n’est pas possible de tirer une conclusion commune puisque les circonstances entourant ces nombreux accidents graves qui ont lieu dans ce secteur diffèrent d’un cas à l’autre. Vitesse, chaussée glissante, alcool ou simple négligence sont autant de facteurs.

Le maire de Saint-Edmond, Robert Corriveau, n’entend pas rester les bras croisés face à cette situation.

Il prévoit contacter des responsables au ministère des Transports du Québec (MTQ), vu qu’il s’agit d’une route nationale. «Avec eux, on pourra voir les correctifs sécuritaires qui pourront être apportés. Dans les courbes par exemple, on pourrait installer des réflecteurs ou des bandes réfléchissantes pour bien informer les automobilistes. Le soir, c’est plus dangereux. Il y a aussi le problème de la vitesse. Beaucoup roulent plus vite que la limite de 90 km/heure. On dirait que, dans la société d’aujourd’hui, les gens sont plus pressés», de laisser entendre M. Corriveau.

Selon lui, la qualité de la route n’est pas un problème majeur. «En général, la route 122 n’est pas si pire. Elle a été refaite il n’y a pas si longtemps», s’est-il dit d’avis.

Des intervenants sur les réseaux sociaux ont montré leur exaspération. «Cette route est meurtrière, il faut que ça cesse et ça presse», a commenté sur Facebook Linda Lem, en se faisant sans doute l’écho de plusieurs usagés de ce secteur.

Le coroner Yvon Garneau a été un témoin privilégié de ces drames, étant souvent l’un des premiers à constater sur les lieux les affreuses conséquences.

«J’ai vu sur les réseaux sociaux que des résidents souhaitent que la vitesse soit diminuée à 70 km/heure, comme dans des secteurs semblables en région. Je sais que certaines municipalités ont fait baisser la vitesse maximum de 80 à 70 km/heure. Il faudra que je pousse davantage mon investigation sur cette question. D’ailleurs, j’invite les gens intéressés à me faire des commentaires de ne pas hésiter à le faire en utilisant mes coordonnées qui sont sur le site du Bureau du coroner», a-t-il proposé.

Pour joindre le coroner Yvon Garneau, on peut le faire par courriel (yvon.garneau@coroner.gouv.qc.ca) ou par le biais de sa boîte vocale  (20280) après avoir composé le numéro de téléphone 1-888-267-6637.

L’exemple de la route 116

Un exemple de sensibilisation qui a produit son effet a été réalisé sur la route 116 dans la MRC d’Arthabaska, où des panneaux affichant les visages de quatre victimes décédées sur cette route au cours des dernières années ont été installés au début de l’été à des endroits stratégiques.

L’initiative a été menée par un comité, formé plus d’un an auparavant, qui était composé de policiers des MRC d’Arthabaska et de l’Érable, de représentants de la Société de l’assurance automobile du Québec ainsi que du ministère des Transports du Québec.

Considérant le nombre élevé d’usagers circulant quotidiennement sur la route 116, le comité a procédé à une analyse des facteurs accidentogènes afin d’élaborer un plan d’action visant à améliorer le bilan routier, avait souligné TC Media Nouvelles. Le projet Route 116 a même gagné un prix lors de la soirée reconnaissance du Séminaire Intersection/MSP 2016 tenue à l’École nationale de police du Québec.

L’idée est-elle exportable? La réponse n’est pas simple, selon Aurélie Guindon, sergente à la Sûreté du Québec. «Il faut voir si les causes des accidents sont semblables. La route 116 est beaucoup plus achalandée que la route 122. Mais il est certain que la sensibilisation  fonctionne. En premier lieu, il faut que le milieu forme un comité pour étudier la question. Mais surtout, il faut penser à obtenir l’autorisation des familles des victimes afin de pouvoir afficher leur visage. C’est un travail de longue haleine. Dans le cas de la route 116, la Société d’assurance automobile du Québec a investi dans le projet. Ce serait un autre élément à tenir compte», a fait valoir Aurélie Guindon.

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