Burkini : le maire Cusson adopte la bonne position

À la suite de la parution de l’article de Jean-Pierre Boisvert dans l’édition du 28 août 2016 de L’Express, un excellent article de surcroît, le journaliste suscite un questionnement sur le bien-fondé de permettre ou non le burkini à la plage et dans les piscines publiques de Drummondville, mettant en relief la position adoptée par les deux députés de la CAQ de notre région soit Sébastien Schneeberger et André Lamontagne ainsi que les déclarations de leur collègue de la CAQ Nathalie Roy qui elle, préconise carrément l’interdiction pure et simple du burkini dans la société québécoise.

Si on place les choses en perspective, la question qui se pose est la suivante. Est-il possible en vertu de nos lois, de notre constitution et de notre charte des droits et libertés d’interdire le port du burkini dans les piscines et plages publiques de Drummondville et du Québec? La réponse à cette question est non. La première considération à regarder dans ce débat est l’aspect sécuritaire de ce vêtement lors de la baignade. Selon l’article de M. Boisvert, il y est dit que le burkini est conforme aux normes de sécurité de la société de sauvetage du Québec qui a inscrit le burkini sur sa liste des vêtements de bains tout à fait sécuritaire. L’aspect sécuritaire résolu, ce vêtement peut-il quand même être interdit dans notre espace public.

Pour ceux qui prônent son interdiction, la question qui se pose est comment allons-nous faire pour nous assurer qu’un éventuel règlement l’interdisant soit respecté? Allons-nous instaurer une police du burkini dans les piscines publiques de Drummondville? Allons-nous faire comme la ville de Nice en France où l’on voit dans une vidéo le geste disgracieux où quatre policiers de cette ville n’hésitent pas à déshabiller une femme qui ne dérange personne et dont le seul crime est de porter un burkini à la plage? Heureusement qu’ici, au Québec, nous ne sommes pas aussi intolérants pour ne pas dire aussi extrémistes que les autorités françaises qui d’ailleurs viennent de se voir désavouées par les tribunaux français qui condamnent vigoureusement les villes françaises s’étant dotées d’un règlement anti-burkini.

L’article 3 de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne, selon son libellé, rends impossible selon moi l’interdiction du burkini à Drummondville ou ailleurs au Québec. L’article 3 stipule ce qui suit : Toute personne est titulaire des libertés fondamentales telles la liberté de conscience, la liberté de religion, la liberté d’opinion, la liberté d’expression, la liberté de réunion pacifique et la liberté d’association.

De plus, la Charte canadienne des droits et libertés de par son article 2 qui se lit comme suit, permets de porter le burkini partout au Canada. Article 2 : Chacun a les libertés fondamentales suivantes : a) liberté de conscience et de religion. b) liberté de pensée, de croyance, d’opinion et d’expression y compris la liberté de la presse et des autres moyens de communication. Et comme si cela n’était pas suffisant, la charte canadienne garantit également ce droit au burkini à ses articles 26 et 27. Article 26 : Le fait que la présente charte garantit certains droits et libertés ne constitue pas une négation des autres droits et libertés qui existent au Canada. Article 27 : Toute interprétation de la présente Charte doit concorder avec l’objectif de promouvoir le maintien et la valorisation du patrimoine multiculturel des Canadiens.

On ne doit pas oublier non plus dans la réflexion que feront nos élus à propos du burkini, l’arrêt Zunera Ishaq de la cour suprême du Canada de septembre 2015 qui a autorisé cette femme à se faire assermenter à la citoyenneté le visage couvert et vêtue d’un niqab. Dans le cas du burkini, le visage est non seulement à découvert, mais ce vêtement ne sert qu’à la piscine ou à la plage et non pour une activité aussi solennelle et officielle que de se faire assermenter ou aller voter.

Nos deux députés de la CAQ des circonscriptions de Drummondville auraient tout intérêt à tenir compte de ces considérations avant de déterminer quelle sera leur position face au burkini. De par sa déclaration rapportée dans l’article de M. Boisvert, il semble que le maire Cusson a tenu compte de notre constitution et de nos chartes des droits dans sa réflexion concernant le burkini et on ne peut que l’en féliciter.

Gilles Bugeaud, Saint-Cyrille-de-Wendover

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