Les retraites spirituelles fermées, accessibles à tous ?

Les retraites spirituelles fermées, accessibles à tous ?

Josyane Cloutier
BIEN-ÊTRE. Les retraites spirituelles fermées, souvent associées à des moines bouddhistes en toge et aux crânes rasés, sont toutefois beaucoup plus accessible que l’on pourrait penser. C’est les jambes croisées et le visage souriant que la Drummondvilloise Marilyne Labrecque (qui n’a rien d’un moine) a accepté de parler de sa propre expérience dans un centre de méditation de l’Outaouais.

À un moment de sa vie, la photographe Marilyne Labrecque avait de la difficulté à joindre les deux bouts : elle était épuisée, mentalement et physiquement. «Je me suis fait référer l’idée des retraites par une amie, très spirituelle. Je lui avais carrément demandé : »Il y a pas une place où je pourrais aller pendant quelques jours pour avoir la sainte paix ?», et elle m’a répondu qu’elle connaissait un tel endroit. Je suis restée perplexe», raconte-t-elle avec un sourire.

Elle a donc décidé de s’informer au sujet de ce fameux centre de méditation Vipassana, situé près de Montebello en Outaouais. Bien que les retraites spirituelles semblent réservées à quelques moines bouddhistes triés sur le volet, les listes d’attente sont longues et peuvent retarder le séjour de plusieurs mois. Toutefois, la jeune femme a été chanceuse, et tout a été réservé assez rapidement.

Sur son site Internet, l’établissement se dissocie d’ailleurs de toute religion : «Des gens de nombreuses religions ou sans religion ont trouvé utile et bénéfique le cours de méditation. Bien que ce soit l’essence de ce que le Bouddha enseignait, ce n’est pas une religion ; c’est plutôt la culture de valeurs humaines menant à une vie bonne pour soi et bonne pour autrui.»

On ne médite pas n’importe comment…

Dans ce centre, les participants doivent cependant être au fait de certaines règles très strictes : d’après le site web, aucun appareil électronique (incluant les cellulaires) ni livre ou magazine n’y sont admis, afin de couper complètement les participants du monde extérieur.

De plus, l’horaire est inflexible : le lever est à 4 h du matin et le coucher, à 9 h précises. Toutefois, puisque personne ne peut amener de cellulaire ni de montre, la notion du temps est établie par le son grave d’un gong qui résonne à toutes les étapes importantes du jour, comme les repas ou les heures de sommeil. Toute la journée est consacrée à des séances de méditation ponctuées de quelques périodes de repos. La course et toute forme d’effort physique est interdite : «On fonctionne vraiment au ralenti là-bas !», s’exclame la jeune femme.

«Un cours requiert de chacun un travail intense et sérieux. Ce simple code de conduite morale permet de clamer l’esprit qui, autrement, serait trop agité pour mener à bien la tâche d’observation de soi-même», peut-on lire sur le site Internet du centre de méditation.

De plus, aucune interaction ou contact physique n’est toléré : c’est le silence complet en tout temps, peu importe si les dortoirs accueillent en moyenne cinq personnes ou si des gens se connaissent au sein du centre. La seule voix qu’ils entendent est un enregistrement diffusé à la fin de la journée, qui leur apprend les rudiments de la méditation et leur explique un peu le parcours qu’ils sont en train de vivre. «Tu te poses des questions quand même, mais tu ne pouvais pas demander à personne s’il vivait la même chose que toi, tu n’avais aucune référence… L’enregistrement répondait un peu à tout ça. C’est la seule interaction qu’on avait de toute la journée», décrit Marilyne Labrecque.

Méditer intensément pendant plusieurs jours est plus difficile que ce qu’on pourrait penser au départ : «Il faut essayer de ramener l’esprit et juste penser à sa respiration et au moment présent. Ça tire du jus c’est incroyable. Ce n’est que de la méditation, mais j’étais épuisée à la fin de la journée. C’était comme si j’avais couru le marathon, j’avais hâte d’aller me coucher !», se remémore Marilyne Labrecque avec un sourire.

Cette façon de faire a un but bien précis : apprendre aux participants à vivre en harmonie avec leur environnement et avec eux-mêmes. «C’est une simple technique d’observation de la réalité telle qu’elle survient naturellement. Cela n’a rien à voir avec aucune secte ou religion. On apprend à ne dépendre que de soi-même. L’accent est mis sur l’accomplissement d’un esprit équilibré, équanime, avec lequel on pourra vivre une vie heureuse et fidèle», détaille le centre.

Le séjour au centre dure dix jours : dix jours de méditation et d’introspection, souvent bénéfiques pour les gens en quête de calme. Marilyne Labrecque croit d’ailleurs en être repartie avec ce qu’elle était venue chercher : «J’ai appris à lâcher prise, à relaxer et à ne vivre que dans le moment au lieu d’anticiper tout le temps. Ce sont des choses que j’aurais pu apprendre toute seule, mais plus tard, au fil des expériences. Ça m’a donné un bon bagage.»

 

 

 

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