Ana Milena Padilla : un dénouement vendredi

Ana Milena Padilla : un dénouement vendredi
Ana Milena Padilla Vaquero.

DRUMMONDVILLE. L’interminable saga des personnes d’origine étrangère ayant fraudé l’aide sociale devrait connaître son dénouement vendredi au palais de justice de Drummondville, où Me Chantal Grondin, l’avocate d’Ana Milena Padilla Vaquero, l’une des trois propriétaires d’agences de placement de personnel, pourrait bien gagner son pari de voir sa cliente purger sa peine «à la maison».

Notre rappel de l’histoire qui a débuté en 2010.

Cette sentence viendra marquer comme une fin en queue de poisson cette coûteuse opération policière qui avait débuté le 25 mai 2010 avec de nombreuses perquisitions, dont la plus importante s’était déroulée chez Avicomax.

À l’instar des deux autres propriétaires d’agences de placement de personnes immigrantes, Francisco David Vera etYaneth Reina Vaquero, Ana Milena Padilla a dû faire face à de très graves accusations : soit d’avoir comploté pour soutirer de l’argent au gouvernement et d’avoir inciter plusieurs autres travailleurs à le faire. La preuve mentionnait que des fraudes ont été commises «soit par leurs conseils, leur incitation, leur encouragement, leur pression psychologique ou même leurs menaces à l’égard des personnes prestataires».

Yaneth Reina Vaquero, la sœur d’Ana Milena, est retournée en Colombie, alors que Francisco David Vera, réside en Alberta, sans être apparemment inquiété par un mandat d’arrestation.

Au début, 183 personnes, majoritairement colombiennes ou mexicaines, ont été interpellées par la justice. Plusieurs ont quitté le pays sans demander leur reste, d’autres ont plaidé coupables à des accusations d’avoir fraudé le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MESS) pour une somme de moins de 5000 dollars. D’autres encore, six Mexicains pour être précis, ont été acquittés, afin de leur éviter l’expulsion.

Cette «Opération Filet» a mis à contribution pas moins de 63 enquêteurs, 10 interprètes, plusieurs avocats, sans compter le personnel de la Cour.

Le témoignage d’une accusée, sous le couvert de l’anonymat, nous en disait long sur l’ampleur des descentes policières. Elle était présente chez Avicomax le 25 mai 2010.

«Il y avait des policiers armés partout. Ils ont encerclé la bâtisse, il y en avait même sur les toits. Ils ont rassemblé tout le monde à la cafétéria. Dehors, il y avait de grandes tables où les enquêteurs de la Sûreté du Québec et de l’Immigration nous faisait venir un par un. Ceux qui n’avaient pas de papier d’identification avec eux étaient menottés. Quand nous avons été embauchés par l’agence, on nous avait dit, en espagnol évidemment parce qu’on ne comprenait pas beaucoup le français, que nous serions payés en argent comptant le vendredi».

Maintenant, ce qui se dit dans les corridors du palais de justice, c’est que les deux avocats (Me Grondin, pour la défense, et Me Gautier, pour la Couronne) vont annoncer vendredi qu’il y a une entente (pour un plaidoyer de culpabilité amoindri) et que la juge Marie-Josée Ménard n’aura pas beaucoup d’autres options que de l’accepter. Elle sera invitée à tenir compte du fait que l’accusée est mère de deux enfants et que son mari, Julian Mazuera, n’est pas disponible, étant derrière les barreaux à Cowansville. Depuis au moins deux ans, la rumeur prévoit que l’accusée écopera finalement d’une peine à purger dans la collectivité.

La juge Ménard a souvent montré son exaspération face aux nombreux reports de dates qui ont littéralement tapissé cette cause depuis cinq ans, la plupart du temps en raison de la non-disponibilité du procureur Me Gautier.

Comme si, à chaque fois que c’était reporté, Me Grondin avait amélioré sa position.

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