Que faire de l’église de Saint-Edmond ?

Que faire de l’église de Saint-Edmond ?

L'église de Saint-Edmond

Ce bâtiment déserté, qui comme bien d’autres a perdu sa vocation première à cause du manque d’assistance, aurait besoin de rénovations majeures : revêtement extérieur, isolation, chauffage, fenestration, installation septique conforme et rénovation intérieure.

Les élus et un groupe de citoyens de Saint-Edmond-de-Grantham souhaitent très prochainement que la municipalité acquière l’église.

Ils espèrent ainsi pouvoir trouver les moyens d’effectuer les travaux mentionnés plus haut parce qu’ils ont à cœur de conserver ce bâtiment ancestral et afin de le transformer en centre culturel.

Ils ont planifié leur projet sur une période de 4 ans, sans hausses de taxes pour mieux motiver leur choix auprès de la population!

Mais ce projet d’envergure, pour une petite municipalité comme la nôtre, ne semble pas rallier tout le monde, du moins lors de la séance régulière du conseil tenue en ce lieu, le 3 novembre.

Plus nombreux que d’habitude, les opposants ont manifesté ouvertement leur désaccord pour contrer l’intention des élus d’enclencher ce soir-là le processus d’acquisition de l’église.

La proposition à cet effet fut rejetée à 4 contre 2 à cause de la résistance bien sentie par les élus lors de la courte pose de 30 minutes accordée pour la présentation sommaire de leur plan et aussi pouvoir en discuter un peu avec nous.

Ayant été présente à cette séance, voici donc mon opinion à ce sujet.

Pour ma part, j’avoue que je ne me sens pas tout à fait à l’aise lorsque j’assiste aux réunions mensuelles du conseil en ce lieu.

Je trouve cette salle inutilement trop vaste, mal éclairée et à peine chauffée l’hiver. De plus, les symboles religieux, l’ancien confessionnal entre autres, la balustrade, l’image pieuse d’un Jésus grandeur nature oubliée devant l’autel, la paisible colombe esseulée sur un mur, n’ont rien pour attirer les jeunes qui aspirent à plus de modernité, ni rien pour plaire à leurs aînés qui sont parvenus difficilement à se libérer d’une contrainte religieuse régentée par la peur et la culpabilité et avec laquelle ils ont grandi.

Ces symboles «vieillots» conviennent-ils en pareilles circonstances? Ils devraient, tant qu’à moi, être remis au placard par le locateur de la salle avant chaque rencontre publique qui n’est pas à caractère religieux.

Pour tout vous dire, je ressens de l’insécurité dans cette immense «Place des Arts», avec balcons et sièges vides en première loge.

Des réparations temporaires ont été effectuées récemment dans «le ciel» de la bâtisse, presque au-dessus des tables où siègent les élus! Les ouvriers ont dû avoir l’impression d’aller «décrocher la lune» en grimpant sur des échafaudages gigantesques donnant accès à ce travail vertigineux!

Moi, si je n’avais pas été aussi gênée, j’aurais protégé ma tête par le port d’un casque de bûcheron après avoir fait le constat que des tuiles se détachaient du plafond! Une tuile tombée de cette hauteur me fait craindre le pire bien que nous sommes souvent très peu nombreux assis dans cette salle! Et que dire des faux pas causés par l’ancienne balustrade? Un tube fluorescent est éteint au plafond, pas facile d’aller le remplacer!

Je me demande encore pourquoi le conseil s’obstine à prolonger la location de cette salle même si la qualité acoustique est inadéquate. Nos élus n’ont pas tous la voix aussi forte qu’avait un prédicateur du haut de la chair pour semoncer autrefois ses paroissiens!

Il est clair que moi non plus je ne souhaite pas l’acquisition de l’église par la municipalité, peu importe si elle l’achète de la fabrique à un prix symbolique de une «piastre» auquel s’ajoutent déjà quelques milliers de dollars.

D’autres montants substantiels s’ajouteront pour les travaux déjà mentionnés au plan (quinquennal si on compte l’année précédente) sur lesquels les élus prévoient appliquer en grande partie de la taxe d’accise. Et je doute que d’autres dépenses obligatoires imprévisibles gonfleront les sommes non subventionnées imputables au compte de taxes des contribuables.

Des jeunes s’interrogent sur la pérennité d’un tel investissement et se préoccupent des autres besoins essentiels à prévoir pour s’assurer à leur tour un meilleur avenir.

Je respecte ceux qui désirent à tout prix conserver leur église. Cependant je souhaite que ceux qui en sont actuellement propriétaires en assument eux-mêmes la responsabilité! Et s’ils ne réussissent pas à trouver d’autres moyens de l’entretenir et de la rentabiliser qu’ils s’en départissent. La municipalité n’a pas à supporter un tel fardeau fiscal en l’acquérant.

Et voilà qu’on nous présente ce projet qui nécessitera un financement étalé sur une longue période de 4 ans et peut-être davantage!

Les élus ont eux-mêmes à leur tour perdu tout espoir d’obtenir la subvention demandée au gouvernement. De pair avec marguilliers présents dans la salle, ils nous ont fait sentir que le moment était venu d’en finir avec le sort réservé à l’église du village.

Cette proposition à l’ordre du jour rendait donc officielle leur intention d’acheter l’église et pressait la population d’accepter un plan orchestré subtilement depuis longue date.

À l’instar de plusieurs de mes concitoyens présents, je suis d’avis que la municipalité ne doit plus supporter davantage le manque à gagner de la fabrique et doit faire marche arrière dans son intention d’acheter l’église Le projet d’en faire un centre culturel nous apparaît incomplet, coûteux et surtout insatisfaisant.

Dans la conjoncture actuelle d’assainissement à tous égards des dépenses gouvernementales et les augmentations dues au récent rôle d’évaluation, il est important de demeurer vigilants afin de garder un peu d’argent dans nos poches. D’autres investissements plus réalistes assureraient tout autant notre mieux-vivre et l’avenir de nos jeunes familles, affirmaient certains d’entre nous.

À suivre…! Une rencontre de discussion était prévue le 6 novembre mais elle fut annulée le soir même.

Huguette Alie-Désilets, Saint-Edmond-de-Grantham

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