Le repos du guerrier pour Benoit Gaudet

Le repos du guerrier pour Benoit Gaudet

L’heure de la retraite a sonné pour Benoit Gaudet. À l’issue d’une carrière bien remplie durant laquelle il s’est hissé parmi l’élite mondiale de la boxe amateur et professionnelle, le Drummondvillois de 32 ans a décidé d’accrocher ses gants. Un repos du guerrier amplement mérité pour l’ancien olympien, qui se consacrera désormais à sa famille et à son gymnase.

Au lendemain de son dernier combat, une défaite par K.-O. aux mains de l’Ontarien Logan McGuiness encaissée à Mississauga, le 22 octobre 2011, Gaudet avait confié à L’Express qu’il entamerait une longue réflexion sur son avenir dans la boxe professionnelle. Exactement un an plus tard, il a arrêté sa décision, qu’il a partagée aux médias locaux ce jeudi.

«Je me suis donné du temps pour y penser, car ce n’est pas une décision que je voulais prendre à la légère. L’année 2012 a été très difficile psychologiquement : j’ai vécu de petits hauts, mais surtout de gros bas. Pendant plusieurs mois, j’ai essayé de trouver des raisons de continuer même si, à 32 ans, mes réflexes sont moins efficaces qu’avant. Mon corps me criait d’arrêter, mais mon cœur ne voulait pas. Finalement, j’ai pris une décision de tête et non de cœur», a raconté Gaudet lors d’un entretien téléphonique.

«Au bout du compte, j’ai encore le désir de boxer, sauf que je n’arrive plus à trouver de bonnes raisons pour continuer à souffrir dans le ring. C’est d’autant plus vrai qu’il aurait fallu que je recommence au bas de l’échelle en affrontant des "jambons", sans garantie de revenir parmi l’élite mondiale. J’aime mieux partir sans aucun regret. Il faut aussi que je pense à ma famille», a-t-il ajouté en faisant référence à sa complice de longue date, Julie McMahon, ainsi que leurs deux enfants, Charlie Rose, 4 ans, et Olivier, 3 mois.

Somme toute, Benoit Gaudet s’est déclaré fier de son parcours. Durant sa carrière dans les rangs amateurs, le Drummondvillois a été couronné champion canadien senior six fois de suite de 1999 à 2004. En 1999, il a décroché une médaille de bronze au championnat du monde disputé à Houston, devenant ainsi l’un des rares boxeurs québécois à monter sur un podium mondial. En 2004, il a représenté le Canada aux Jeux olympiques d’Athènes, obtenant une victoire et une défaite en ronde préliminaire.

Quelques mois plus tard, Gaudet a fait le saut chez les professionnels en paraphant une entente avec l’équipe InterBox. Au fil des ans, le protégé de Stéphane Larouche, puis de Jean-François Bergeron s’est forgé une fiche de 24 victoires, dont dix ont été acquises par K-O, et de trois défaites. Il a longtemps détenu le titre de champion canadien chez les poids légers et de champion nord-américain de la NABA chez les poids super-plumes. Il a également eu la chance unique de disputer deux combats devant ses partisans, en plein cœur du Centre Marcel-Dionne. Après une revanche contre Henry Arjona, en 2006, il a raflé sa première ceinture nord-américaine à l’issue d’un duel mémorable contre Alberto Garza, en 2007.

«J’ai le sentiment d’avoir été le plus loin que je pouvais. Je me suis hissé parmi les meilleurs au monde tant chez les amateurs que chez les pros. Je crois que j’ai été un meilleur boxeur amateur que professionnel, même si j’ai été classé septième au monde et que je me suis battu pour un titre de champion du monde», a-t-il analysé.

Le soir du 2 mai 2009, sur le ring du célèbre hôtel-casino MGM Grand de Las Vegas, Gaudet a vécu le rêve de tout boxeur en disputant un combat de championnat du monde face au Mexicain Humberto Soto. Le Drummondvillois avait alors surpris la planète boxe en tenant tête à son adversaire jusqu’au neuvième ronde, étant toutefois incapable de mettre la main sur le titre de champion du WBC chez les poids super-plumes.

«Contre un grand champion de la trempe de Soto, on a vu qu’il y avait une marge entre sa boxe et la mienne. C’était au-dessus de mes capacités et non pas de ma volonté. Ça a été difficile à accepter pour moi, mais aujourd’hui, je n’ai pas de regret. Il n’y a pas beaucoup de boxeurs qui peuvent dire qu’ils se sont battus lors d’un gala à Las Vegas», a témoigné Gaudet.

Même s’il accroche ses gants, Benoit Gaudet ne met pas une croix sur la boxe pour autant puisqu’il concentrera désormais ses énergies sur son métier d’entraîneur. Copropriétaire du Club Super forme, il dirige actuellement la carrière de plusieurs jeunes talentueux boxeurs amateurs. Le printemps dernier, il a également organisé un gala qui a permis à des participants néophytes de découvrir le noble art.

«C’est difficile de passer de l’autre côté des câbles. Je dois réapprendre à vivre. Le métier de coach est passionnant, mais il représente un grand changement pour moi. Comme j’ai boxé au niveau élite durant toute ma vie, c’était difficile pour moi au début d’enseigner seulement les bases de la boxe à mes élèves. J’ai dû apprendre à respecter leur progression. C’est d’ailleurs pourquoi j’ai suivi des formations auprès de Boxe Québec et de Boxe Canada», a-t-il témoigné.

Au cours des prochains mois, Gaudet joindra le groupe d’entraîneurs de l’équipe canadienne de boxe. En tant qu’entraîneur-adjoint, il sera appelé à conseiller les meilleurs pugilistes amateurs au pays lors de leur participation à des tournois internationaux. Une façon rêvée de redonner au sport qui lui a tant apporté…

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