La Maison des arts Desjardins limitée dans ses possibilités de développement

La Maison des arts Desjardins limitée dans ses possibilités de développement
La Maison des arts, fermée depuis le 12 mai, prépare l’après-crise. (Photo : Archives - Ghyslain Bergeron)

CULTURE. Le développement de la Maison des arts Desjardins de Drummondville devra nécessairement passer par la construction d’un nouveau lieu de diffusion de taille intermédiaire. C’est la conclusion que tire la directrice générale, Marie-Pierre Simoneau, après avoir fermé les livres sur 2017, une année qui aura permis à l’organisation de dégager un bénéfice de 179 877 $, soit près de 100 000 $ de plus que l’an dernier.

Selon Marie-Pierre Simoneau, ce montant est le résultat des effets du virage «commerce» qu’a entrepris la Maison des arts il y a quelques années, bien qu’en 2015, l’organisation avait aussi enregistré un bénéfice semblable (176 278 $).

«L’année 2015 avait effectivement été une année exceptionnelle à cause du 200e anniversaire de la Ville de Drummondville. Est-ce que nous nous en allons en dents de scie? Il faudrait que j’analyse les données, mais on travaille avec une « science » inexacte et à risque dans le sens où on ne vend des billets que si les spectacles sont bons, a-t-elle expliqué. Quand même, depuis 2014, on commence à récolter les fruits de notre virage commercial. On a misé sur les abonnements, créé des promotions originales… tout ça a généré une activité commerciale autour de la maison des arts et ça nous a amené des revenus complémentaires. Pour donner un exemple, on a trouvé une solution au fait qu’il y a de moins en moins d’entractes dans les spectacles. Nous avons décidé de permettre aux gens d’entrer dans la salle avec leur consommation, ce qui a préservé nos ventes à ce chapitre.»

En plus des efforts liés à la commercialisation, Marie-Pierre Simoneau estime que les différents événements qui ont été présentés dans le cadre du 50e anniversaire de la Maison des arts, comme le spectacle-gala Champagne, pogos et tuxedo, a apporté une visibilité nationale «exceptionnelle» à la Maison des arts, l’an dernier.

«Et ce n’est pas toutes les salles qui enregistrent des bénéfices au terme de leur année, insiste-t-elle. Il y avait quelque chose dans l’air qui fait que tout a bien fonctionné en 2017 pour nous.»

Pour donner une idée, la Maison des arts a offert 183 représentations professionnelles l’an dernier comparativement à 156 en 2016.

Au total, 96 255 personnes ont franchi les tourniquets comparativement à 86 749 l’an dernier pour un taux d’occupation moyen de 80,5 % (billets payants et gratuits) et un taux moyen de 70,7 %, si on ne considère que les billets payants. En 2016, ce taux était de 66,9 %.

Bon an mal an, la Maison des arts remet quelque 17 000 billets de faveur.

«Je ne t’apprends rien si je te dis qu’il y a des spectacles qui se vendent mieux que d’autres. Ici, l’artiste est toujours au cœur de nos actions et de nos préoccupations, explique Mme Simoneau. Dans cette optique, c’est sûr qu’on ne fera pas jouer un artiste devant 50 ou 100 personnes quand il est censé se produire devant une salle comme la Maison des arts. On préfère remettre des billets de faveur en variant nos sources de donations, dans le but d’élargir notre public. Il y a toute une stratégie derrière ça.»

Développement limité

Bénéfice de 179 877 $ en poche, la directrice générale entend poursuivre le développement de la Maison des arts, bien que les possibilités soient limitées actuellement.

«La Maison des arts a atteint sa courbe de croissance maximale de sorte qu’on ne peut pas aller vraiment plus loin, informe-t-elle. Présentement, on est à 219 représentations annuellement. Quand on ajoute à ce chiffre les générales et les jours de montage, on arrive à une occupation approximative de 350 jours par année pour la Maison des arts. Elle est donc occupée presque totalement. En fait, pour la développer davantage, il faudrait ajouter un mois au calendrier…»

C’est d’ailleurs pour cette raison que la Ville de Drummondville a confié à la Maison des arts la rédaction d’une étude de marché concernant la construction d’un nouveau lieu de diffusion intermédiaire, à l’exemple du Metropolis (Montréal) ou du Vieux clocher de Magog (Estrie), sur le site de l’ancienne usine Fortissimo qui fait l’objet d’une grande réflexion actuellement.

«La première étape de l’étude, qui a été réalisée par un consultant, a été soumise à la Ville. Là, on attend. Est-ce qu’on nous demandera cet automne une étude de faisabilité où il faudra entrer architecte et scénographe dans le dossier? Nous le saurons vers le dépôt du budget de la Ville de Drummondville l’automne prochain. Pour nous, le projet fait clairement partie des solutions pour développer la Maison des arts, étant donné qu’elle a atteint sa courbe de croissance maximale», insiste Marie-Pierre Simoneau.

C’est qu’actuellement, un grand pan du public drummondvillois n’est pas couvert par l’offre de la Maison des arts. Entre autres, les jeunes âgés de 18 à 25 ans qui apprécient la musique hip hop ou un peu peu plus underground, doivent assister aux concerts de leurs groupes favoris à l’extérieur de la région.

«Il y a toute une panoplie de spectacles et de choses qui pourraient être faites au niveau culturel que nous ne pouvons pas faire actuellement à Drummondville, faute de disponibilité. J’ai une liste de cent spectacles actuellement que nous pourrions présenter, mais c’est impossible, car nous n’avons pas l’entre-deux, c’est-à-dire une salle intermédiaire», a fait savoir Mme Simoneau, en insistant sur l’importance de «prévoir le public de demain».

Rappelons en terminant que la Maison des arts, un organisme à but non lucratif, a notamment comme mission d’offrir des programmations culturelles et des services accessibles grâce à une diversité de choix, toujours axée sur les arts de la scène.

Quelques chiffres (2017)

  • Chiffre d’affaires de la Maison des arts : 4,7 millions $
  • Nombre d’employés : 14 à temps plein et 40 à temps partiel
  • Nombre de représentations professionnelles : 183
  • Nombre de spectateurs : 96 255
  • Taux d’occupation : 80 %

 

 

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