Forte pression à l’urgence de Drummondville

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Par Cynthia Martel
Forte pression à l’urgence de Drummondville
Si fermer l’urgence n’est pas une option, limiter le nombre de lits et transférer des patients à Victoriaville s’avèrent des solutions temporaires, bien que prises chaque fois à contre-coeur. (Photo : Archives, Ghyslain Bergeron)

SANTÉ. La pression est forte sur l’urgence de l’hôpital Sainte-Croix de Drummondville. Des lits pourraient fermer si l’achalandage important des derniers jours ne diminue pas.

Le manque de personnel est toujours aussi criant et avec les vacances estivales, les équipes sont davantage réduites. Cette situation diminue encore plus la capacité de prise en charge.

«Déjà, je sais que vendredi soir, il va manquer six infirmières. Habituellement, elles sont 11 sur le plancher, mais dans l’idéal, il faudrait qu’elles soient 14 ou 15. On est constamment en personnel réduit et avec les vacances, c’est pire, indique la Dre Chantal St-Onge, adjointe au chef du département de médecine d’urgence.

En date d’hier, le 6 juillet, l’urgence de Drummondville affichait un taux d’occupation de 121 %. Vingt-trois civières étaient occupées sur une capacité de 19 inscrites au permis. Le taux a baissé à 105 % aujourd’hui, représentant trois usagers de moins sur un lit.

«Il y a 19 civières au permis, mais il y en a plus sur le plancher pour les débordements. Parfois, on se rend à 30 ou même 35», fait-elle remarquer.

Celle-ci note que depuis quelques semaines, la suroccupation de l’urgence est attribuable en grande partie à des consultations mineures.

«Ce qu’on observe, c’est que les gens ne savent pas trop souvent vers quelles ressources se tourner lorsqu’ils ont un problème de santé quelconque. Le premier endroit qui vient en tête, c’est l’urgence. Des gens viennent ici pour un mal de dents, ce n’est pas logique. Aussi, il faut dire qu’avec la pandémie, tous les gens qui ont des symptômes de la COVID-19 et qui n’arrivent pas à avoir un rendez-vous à la clinique désignée viennent à l’urgence. Oui, il y a eu une réorganisation depuis l’année passée, oui il y a plusieurs portes d’entrée, mais il en manque et c’est toujours difficile pour les patients de prendre rendez-vous dans les cliniques, qu’ils aient le virus ou non. Ce sont autant de raisons pourquoi ces personnes se retrouvent à l’urgence», explique la Dre St-Onge, spécifiant que chaque année, environ 30 000 consultations pour des problèmes de santé mineurs sont effectuées dans les urgences de la région de la Mauricie et du Centre-du-Québec.

Elle poursuit : «Les cas mineurs lorsqu’ils se présentent à l’urgence, ils consomment le temps du personnel au prétriage puis au triage. Une fois qu’ils sont assis dans la salle d’attente, ils sont à nouveau triés, car les infirmières ont une obligation de surveiller les gens dans la salle d’attente. C’est très demandant, quand on pense que ça peut prendre deux à trois infirmières sur huit qui trient constamment. Ça ne laisse plus beaucoup d’infirmières libres pour les soins aux patients. Et ça, huit, c’est quand il ne manque pas de personnel».

Afin que ses équipes puissent garder le cap et ainsi prioriser les personnes ayant des problèmes de santé urgents, la Dre St-Onge prie la population d’éviter le plus possible l’urgence.

«S’il n’y a pas de menace à la vie ou à un membre de son corps, il faut essayer de penser à une autre ressource : physio, chiro, dentiste, etc.», insiste-t-elle.

Dre Chantal St-Onge, adjointe au chef du département de médecine d’urgence. (Photo gracieuseté)

Aucune fermeture envisagée

Même si la situation est préoccupante, la Dre St-Onge assure qu’aucune fermeture de l’urgence, même partielle, n’est envisagée pour le moment.

«On ne peut pas fermer les portes, on est trop une grosse urgence, fait-elle valoir. On se serre donc les coudes et on est très solidaires. Ce qui va arriver, par exemple vendredi, c’est que les employés vont dire qu’ils vont faire des 16 heures ou la personne de nuit va arriver plus tôt, soit à 16 h. On va toujours réussir à combler les trous, c’est ce qu’on fait depuis des années. Mais on s’entend qu’après 16 h de travail, les réflexes sont moins aiguisés. On est des ressources épuisables et ça, les gens ne s’en rendent pas compte, car actuellement on n’est même pas capable de prendre soin de nos infirmières. On leur demande tout le temps plus».

Si fermer l’urgence n’est pas une option, limiter le nombre de lits et transférer des patients à Victoriaville s’avèrent des solutions temporaires, bien que prises chaque fois à contre-coeur.

«Ça va dépendre de l’achalandage des prochaines semaines et selon le nombre d’employés. Durant la dernière année, on a fermé par exemple le corridor, ce qui représente six ou sept civières. Ça pourrait arriver encore. Il y a aussi ce qu’on appelle le détournement d’ambulances. Lorsqu’il y a des débordements, qu’on manque d’infirmières et que la situation est dangereuse, certains patients sont transportés à Victoriaville, et ce, pendant un X nombre d’heures donné. On accepte seulement les cas super instables. Il s’agit d’une situation très difficile et qu’on veut éviter à tout prix, mais c’est arrivé à quelques reprises au cours des derniers mois», affirme la professionnelle de la santé.

En terminant, celle-ci tient à rappeler que tout le personnel est fatigué, que depuis un an et demi, personne n’a eu de répit. Elle invite donc les usagers à faire preuve de patience et de courtoisie.

«Faut faire attention à notre système de santé, car il est déjà assez fragile. Comme je disais tantôt, essayez d’aller vers la bonne ressource et restez poli envers le personnel», lance-t-elle.

 

Consulter le bon professionnel

  • Problème de santé urgent (votre vie est en danger) : composez le 911 ou rendez-vous à l’urgence la plus près de chez vous.
  • Problème de santé mineur (votre vie n’est pas en danger, mais vous devez consulter) et sans symptôme de la COVID-19 :              Appelez au 811 pour parler à une infirmière et être évalué. Le service est disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7;                                Votre pharmacien peut vous soutenir, répondre à vos questions et amorcer le traitement dans plusieurs situations;                      Contactez votre médecin de famille;                                                                                                                                                                                   Si vous n’avez pas de médecin de famille : appeler au Guichet d’accès à la première ligne au 1 844 313-2029 pour obtenir un rendez-vous avec un professionnel de la santé;
  • Problème de santé mineur (votre vie n’est pas en danger, mais vous devez consulter) et AVEC symptôme de la COVID-19 :                Adulte et enfant de 3 mois et plus : appeler au 1 877 644-4545 pour obtenir un rendez-vous dans une clinique désignée d’évaluation pour une consultation et un test de dépistage, au besoin.                                                                                                                                      Moins de 3 mois : urgence de votre centre hospitalier pour une évaluation médicale.
  • Besoin de consulter pour un soutien psychosocial : Info-Social : 811 (Anxiété, dépression, violence conjugale, problème de consommation, etc.)
  • Besoin d’un test de dépistage : par Internet: ca ou au 1 877 644-4545 pour obtenir un rendez-vous
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