Nouvel hôpital : les médecins passent à un autre niveau et réclament l’aide des influenceurs

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Par Cynthia Martel
Nouvel hôpital : les médecins passent à un autre niveau et réclament l’aide des influenceurs
Cette rencontre était le préambule d’un mouvement de masse important que le comité de mobilisation médicale et citoyenne tente de créer. (Photo : Ghyslain Bergeron)

SANTÉ. Le Comité de mobilisation médicale et citoyenne pour un nouvel hôpital passe à un autre niveau. Mardi matin, les membres ont réuni une soixantaine d’influenceurs pour faire pression sur les décideurs politiques. En plus du futur centre hospitalier régional, ils réclament une région sociosanitaire, «le seul moyen» dans l’immédiat d’assurer la qualité des soins et services.

Venus de tous les horizons, les invités se sont rassemblés à l’hôtel et suites Le Dauphin. Roger Dubois, François Bourret, Alexandre Cusson, Solange LeBel, Francine Ruest-Jutras, Alain Carrier, Christian Mercier, Serge LeRoux, pour ne nommer que ceux-là, ont répondu présent à l’invitation du comité, tout comme la mairesse de Drummondville, Stéphanie Lacoste, et les deux députés provinciaux.

Cette rencontre était le préambule d’un mouvement de masse important que le comité tente de créer dans l’objectif de se donner les ressources et moyens d’agir.

«C’est le début d’un long chemin. En tant qu’influenceurs dans le milieu, vous nous permettrez de marteler notre message. On ne vous demande pas de l’argent, ce qu’on vous demande, c’est votre sens de l’engagement à l’intérieur de la communauté drummondvilloise», a fait valoir Brian Illick, l’animateur et figure de la philanthropie drummondvilloise, en s’adressant aux invités.

«Aidez-nous à vous aider», a lancé le Dr Steven Miller. «Ce que j’entends par cette expression, c’est que vous, par votre rôle, vous êtes capables d’influencer les décideurs. Cette utilité va nous aider, je pense, à aller dans la bonne direction. Et de notre côté, bien en ayant un hôpital en santé, qui fonctionne bien, ça aide au recrutement dans vos entreprises. Au fil de mes discussions, j’ai compris que l’un des critères qui motivent une personne à s’installer dans un milieu, c’est la présence d’un centre hospitalier.»

Les membres désignés du comité ont consacré une bonne portion de la rencontre à dresser le portrait actuel de l’hôpital Sainte-Croix. Ils ont décrié une fois de plus la vétusté des lieux et toutes les conséquences qui en découlent, comme l’a rapporté en juin dernier L’Express, dans un dossier au terme d’une incursion complète à l’hôpital, une démarche entièrement indépendante.

Le Dr René Roux, président du comité de mobilisation, n’a pas manqué de souligner l’inaction des dirigeants de l’époque et du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec dans le dossier du futur hôpital.

«En 2011, alors que j’étais président du Conseil des médecins et dentistes, nous avions fait un bilan complet de l’état de l’hôpital Sainte-Croix, de la structure jusqu’aux effectifs médicaux. Nous avions à ce moment alerté le conseil d’administration sur l’urgence d’entreprendre des démarches pour y faire construire un nouvel hôpital. Ça fait 12 ans de cela», a-t-il déploré.

«Si le projet n’est toujours pas inscrit au plan québécois des infrastructures (PQI), ce n’est pas la faute des députés, mais bien parce que la demande n’a pas été faite en 2011 ni en 2019 lorsque le CIUSSS a commandé un rapport sur l’hôpital», a-t-il ajouté.

À ce sujet, L’Express a questionné le ministre André Lamontagne et député de Johnson en lui demandant si le dossier du nouvel hôpital pourrait être inscrit au PQI en mars 2024.

«Honnêtement, je ne peux pas m’engager là-dessus. L’engagement qu’on a pris, c’est que ce serait dans le mandat actuel bien que Sébastien (Shneeberger) et moi sommes en discussions constantes avec le bureau du premier ministre et du ministre Dubé à ce sujet. L’engagement est là, maintenant reste à voir quand ce sera mathématiquement possible considérant tous les besoins de santé qu’il y a au Québec. Je travaille pour que ce soit possible. Chaque fois que la collaboration de la communauté est exposée, ça fait juste donner de l’eau additionnelle. Ça peut juste être aidant», a-t-il affirmé.

Gouvernance de proximité

Les invités provenaient de tous les horizons. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Par ailleurs, les membres du comité ont mis l’accent sur les impacts directs de la centralisation des décisions sur la communauté médicale drummondvilloise et les services offerts à la population. Le fait que le Centre-du-Québec ne soit pas une région sociosanitaire distincte a engendré au fil des années d’importantes problématiques, dont la perte de services et l’exode du personnel.

«Lorsque j’étais directeur adjoint des services professionnels, j’ai toujours senti que j’étais hors des processus et victime de la centralisation maniaque des dirigeants. Comment pouvons-nous être maîtres de nos décisions avec une si grosse structure? Nous avons toujours été habitués d’innover, mais la gouverne du CIUSSS bloque notre imagination. Il faut sortir de cette espèce de tutelle et de ces jeux de pouvoir. Avec un centre administratif au loin, nos besoins seront toujours en bas de la liste. Il faut cesser d’être le vassal de quelqu’un d’autre», a insisté le Dr Benoit Gervais, médecin de famille.

Ainsi, la création d’une région sociosanitaire contribuerait fortement à une gouvernance de proximité, croit le comité.

«La région sociosanitaire c’est un des moyens les plus efficaces et des moins coûteux pour améliorer la pénurie de personnel. En plus, c’est nous qui déciderions de l’hôpital souhaité et c’est nous qui serions assis à la table à dessin. Or, actuellement, si rien ne change, c’est comme si vous demandiez à votre voisin d’imaginer votre maison et décider de tout», a imagé Normand Jutras, député de Drummond de 1994 à 2007 et ancien ministre de la Justice.

Les membres du comité ont profité de la rencontre pour demander aux élus de porter le projet de région sociosanitaire à l’Assemblée nationale. Ils ont également fait valoir que plus tôt le Centre-du-Québec sera reconnu, mieux se porteront les soins et services dans la région.

«On ne doit pas attendre que le futur hôpital soit construit. Est-ce que pendant 12 à 15 ans, le temps que ça peut prendre pour la construction, on doit se résigner à vivre le dysfonctionnement actuellement vécu? On doit régler tous les problèmes rapidement», s’est dit d’avis Normand Jutras.

«Le personnel ne pourra pas maintenir encore très longtemps la qualité des soins et services sans un changement majeur de la gouvernance et une amélioration rapide de l’environnement physique des lieux», a pour sa part soutenu dans une vidéo Patricia Mailhot, présidente par intérim du Syndicat des professionnelles en soins de la Mauricie et du Centre-du-Québec.

D’ici quelques semaines, le comité dévoilera son plan d’action pour la suite des choses.

 

Ce qu’ils ont dit

«De voir que tout le monde pousse dans le même sens, c’est rassurant. J’entends tout ce qui a été dit aujourd’hui, c’est super important, mais pour moi, la priorité, c’est l’hôpital régional, c’est ça qui va faire en sorte qu’on va avoir une meilleure rétention et attraction de nos médecins.»

– Stéphanie Lacoste, mairesse de Drummondville, en réponse à une question portant sur la nécessité que le Centre-du-Québec devienne une région sociosanitaire à part entière.

«Cette rencontre a permis aux gens d’avoir un bon portrait de la situation, tant sur les limitations de l’hôpital que sur la nécessité de la région sociosanitaire. Maintenant, en tant qu’initiateur de la pétition citoyenne en faveur d’un nouvel hôpital, qui a d’ailleurs franchi le cap des 10 000 signatures, mon objectif premier est d’accroître le nombre de signataires.» 

– Guy Châteauneuf, spécialiste de la santé mentale à Drummondville  

 «Ça fait longtemps que j’en parle : depuis qu’on dépend de Trois-Rivières, je me dis que ça n’a pas de bon sens qu’on se fasse gérer par des gens de l’extérieur, surtout qu’à Trois-Rivières, la communauté ne s’implique pas. Ça nous prend notre région sociosanitaire. Je suis allé voir des patients récemment, et il y a de grands besoins à l’hôpital. Il va falloir que notre ministre et notre député commencent à en parler au gouvernement et j’espère que le gouvernement va nous appuyer rapidement. Il va falloir que les décideurs se décident. On ne peut pas se permettre d’attendre 12 à 15 ans. La population peut bien donner de l’argent, mais d’autres devront aussi en mettre.» 

– Roger Dubois, président de Canimex  

«Drummondville est la seule ville au Québec où les gens sont capables de s’impliquer et de se mettre ensemble quand ils veulent quelque chose. Maintenant, des gens ont besoin de nous pour l’hôpital. Nous allons répondre présents, car tout le monde en a besoin, nos employés comme la population. Cela étant dit, ça nous prend un hôpital à jour. On n’a aucune raison de ne pas atteindre nos objectifs. Quand on s’implique, on réussit.» 

– François Bourret, président du Groupe Bourret

«Pour avoir assisté à quelques réunions, j’étais au courant du dossier. Je trouve cette rencontre positive. Il faut travailler et pousser fort tout le monde dans le même sens. J’ai donné beaucoup d’argent à la Fondation Sainte-Croix Heriot. Je suis là et je n’ai jamais refusé une rencontre concernant les soins de santé. Je pense aussi qu’il est important de réclamer une région sociosanitaire pour qu’on n’ait plus à demander au voisin où et comment construire notre «maison». Je pense qu’on est capable de prendre nos décisions. Quand je regarde les hommes et les femmes travailler fort jour après jour avec des équipements désuets, je crois qu’ils ont besoin de nous. 

– Alain Carrier, homme d’affaires, propriétaire d’une dizaine d’entreprises dont Performance NC, et ex-maire de Drummondville 

Avec la collaboration de Lise Tremblay


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