Elles marchent «pour que l’inacceptable ne soit plus acceptable»

Photo de Claude-Hélène Desrosiers
Par Claude-Hélène Desrosiers
Elles marchent «pour que l’inacceptable ne soit plus acceptable»
(Photo : Claude-Hélène Desrosiers)

FEMMES. «Une femme sur trois !», ont-elles crié dans les rues du centre-ville. Des femmes de tous âges, entourées d’alliés, ont participé à la marche contre la violence sexuelle organisée par le Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) La Passerelle, le vendredi 15 septembre en début de soirée.

Cette activité avait lieu dans le cadre de la 42e Journée d’action contre la violence sexuelle faite aux femmes, soulignée partout à travers la province, afin de soutenir les victimes et les survivantes de violence sexuelle.

«Ce n’est pas facile d’intéresser les gens à notre cause. Ils ont encore peur, malheureusement, du tabou, de se faire identifier, de se faire connecter aux agressions sexuelles», a expliqué Julie Ouellet, directrice générale du CALACS La Passerelle. «Les statistiques sont les mêmes que quand j’avais 15 ans, c’est une femme sur trois et une adolescente sur quatre qui vivent une agression sexuelle. L’idée c’est de se faire entendre. Le thème cette année c’est Essoufflées de crier et je trouve tellement que c’est représentatif. Ça fait tellement de temps ! Nous, on existe depuis 33 ans, et on va être là longtemps, parce que c’est encore difficile pour les femmes d’aller de l’avant, d’être crues, et pour qu’on ne minimise pas ce qu’elles ont vécu», a dit Mme Ouellet.

La marche débutait au parc Saint-Frédéric. Badauds et passants regardaient d’un air curieux ce groupe hétéroclite défiler, empreint d’une certaine ambiance solennelle. Des autos klaxonnaient en appui, des personnes envoyaient des saluts de la main.

Il faut dire que le sujet est très émotif et rejoint énormément de gens. Des personnes interrogées témoignaient les yeux brillants de larmes, comme Annie*. «C’est important d’être là ce soir parce que la violence continue, que c’est assez et que ça devrait arrêter. C’est important de montrer notre appui pour toutes les personnes qui ont été victimes et pour éviter qu’il y en ait d’autres. Pour que l’inacceptable ne soit plus acceptable. Oui, les mentalités changent tranquillement, mais on voit qu’il y a encore des choses à faire pour que ça évolue, et que la responsabilité revienne vraiment à l’agresseur. Juste à apprendre c’est quoi un comportement adéquat, au lieu de dire à la victime ou à la fille qui grandit “fais attention”. OK, mais tu fais quoi toi avec tes envies comme personne? Il faut plus éduquer à ce niveau-là plutôt qu’apprendre à avoir peur et à se cacher» a expliqué cette femme.

Carole Léger, conseillère municipale, était heureuse d’être présente, puisque c’est une cause qui lui tient à cœur. «La violence faite aux femmes, ce n’est jamais loin de soi», a-t-elle dit. «Encore aujourd’hui, des femmes sont victimes, des agressions sont toujours une réalité et même les réseaux sociaux sont porteurs d’un message anti-femme de plus en plus décomplexé. Cela me fait vous demander de ne pas baisser les bras, malgré la fatigue et peut-être quelquefois le découragement», a-t-elle exprimé dans son discours.

Elisabeth-Anne Mailloux et Paule Blanchette, toutes deux intervenantes au CALACS La Passerelle, ont partagé des phrases-choc qu’elles entendent trop souvent ; par exemple : «personne ne m’a crue. Tout le monde disait que c’était trop un bon gars et que je voulais juste de l’attention» ou encore «ça lui a pris juste 5 minutes et moi ça va me prendre toute la vie pour m’en remettre».

Après la marche, une vigie aux chandelles a eu lieu avec un moment de silence. L’activité s’est terminée par une prestation touchante des danseuses du Cégep de Drummondville.

Rappelons que le CALACS La Passerelle offre du soutien aux femmes et aux adolescentes qui ont vécu une agression à caractère sexuel, qu’elle soit récente ou non. Les services sont confidentiels et gratuits.

* Le prénom a été changé pour préserver l’anonymat.

 

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