Drummondville honore Rita Letendre, peintre de la lumière

Photo de Claude-Hélène Desrosiers
Par Claude-Hélène Desrosiers
Drummondville honore Rita Letendre, peintre de la lumière
(Photo : Ghyslain Bergeron)

ARTS VISUELS. Une murale d’une soixantaine de pieds de haut, en hommage à l’artiste drummondvilloise Rita Letendre, orne dorénavant la façade nord de l’immeuble situé au 150 rue Marchand. Une inauguration haute en couleur et forte en émotions s’est déroulée ce 6 juillet en soirée.

Pour l’occasion, son fils, Jacques Letendre, était présent. «Rita était une femme déterminée, fonceuse et travaillante. Elle a su, au début de sa carrière, faire sa place dans un monde dominé par les hommes. Par sa force de caractère, elle a contribué à l’avancement de l’art moderne au Québec et dans le reste du monde», l’a décrite celui qui se considère comme le gardien de la pérennité de l’œuvre de Rita Letendre.

Ému et enthousiasmé par cet hommage, il a profité de l’occasion pour annoncer qu’il souhaitait faire don à la Ville de Drummondville d’un tableau de Rita Letendre. «Je souhaite qu’il soit installé dans un endroit emblématique. Selon moi, ce devrait être la bibliothèque. Ma mère n’est pas allée à l’école. Elle a peut-être fait sa 2e ou sa 3e année. Mais elle s’est cultivée d’elle-même. Elle était d’une culture extraordinaire. Elle a eu un doctorat honoris causa de l’Université de Montréal. Pour une fille de 3e année, c’est quand même pas mal! Donc elle a lu beaucoup toute sa vie, et je crois que la bibliothèque serait un bel endroit», a-t-il affirmé.

Son petit-fils Yannick Letendre, également présent, était ému. «Ma grand-mère est née ici et elle revient ici».

La murale commémorative a été conçue et réalisée par le collectif Projet TYXNA. Les couleurs choisies sont celles de la palette de la peintre, graveuse et muraliste. «Au début de sa carrière, elle n’utilisait pas de rouge parce que les pigments étaient chers, mais dès qu’elle a pu se le permettre, elle en a utilisé beaucoup», a expliqué Ankh One, de Projet TYXNA. L’œuvre mesure une soixantaine de pieds de haut par 24 pieds de large.

Les étapes de réalisation de la murale. (Photos : Ghyslain Bergeron)

«Pour moi, c’est du bonbon. Pour l’accueil de Drummondville, pour l’hommage à une artiste», a commenté le muraliste. Pour Projet TYXNA, faire une murale en hommage à une artiste qui faisait elle-même des murales, le titre de l’œuvre, Écho, allait de soi.

Au cœur de cette œuvre vibrante, dans laquelle on peut voir les flèches vers l’infini qui ont caractérisé une période importante de sa création, on retrouve un portrait réaliste de Rita Letendre, songeuse, le regard vers le futur.

Les muralistes de Projet TYXNA ont tout d’abord utilisé un projecteur, ce qui leur a permis de dessiner sur le mur toutes les étapes du projet. Pour effectuer le travail, 10 à 14 jours ont été nécessaires. Sylvain Croteau, artiste drummondvillois, a également contribué au projet.

Une femme d’avant-garde

Peintre, graveuse et muraliste, Rita Letendre a été une figure marquante de l’art abstrait. Née en 1928, elle avait un héritage abénakis de par sa mère. Selon le Conseil des Abénakis d’Odanak, le nom d’origine de ce peuple est dérivé des termes w8bAn (la lumière) et aKi (la terre). La lumière, justement, traverse l’œuvre de Rita Letendre, surnommée «la peintre de la lumière».

Après un passage à l’École des Beaux-Arts de Montréal, c’est sous la tutelle de Paul-Émile Borduas et auprès du groupe des automatistes qu’elle a pris son essor au début des années 1950. Femme déterminée, elle n’a pas hésité à se construire une place au sein des mouvements d’avant-garde du Québec tout au long des années 1950.

Officière de l’Ordre de Drummondville, de l’Ordre national du Québec et de l’Ordre du Canada, récipiendaire du prix Paul-Émile-Borduas, Rita Letendre a vécu 50 ans à Toronto, où elle est décédée en 2021.

(Vidéo : Emmanuelle LeBlond)
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