Décès de l’artiste peintre Rita Letendre

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Par Cynthia Martel
Décès de l’artiste peintre Rita Letendre
Rita Letendre lors d'une exposition en 2014 à la Galerie Simon Blais. (Photo : Gracieuseté)

ARTS. L’artiste peintre originaire de Drummondville, Rita Letendre, est décédée le 20 novembre en soirée, à l’âge de 93 ans, après une longue maladie.

Née à Drummondville en 1928, Rita Letendre a connu une carrière remarquable entre Montréal, Paris, Tel-Aviv, New York, Los Angeles et Toronto, où elle demeurait jusqu’à son décès.

L’art abstrait – cette tendance qui a changé le cours de l’histoire de l’art québécois – est indissociable du nom de Rita Letendre. Toute jeune, elle a étudié à l’École des Beaux-Arts de Montréal à la fin des années 1940, et c’est sous la tutelle de Paul-Émile Borduas et auprès du groupe des Automatistes qu’elle a pris son essor au début des années 1950.

Femme déterminée, elle n’a pas hésité à se construire une place au sein des mouvements d’avant-garde du Québec tout au long des années 1950, bravant les conditions difficiles de son temps, surtout en tant que femme peintre et mère célibataire. Elle a d’ailleurs donné naissance à un fils unique, Jacques, en 1948.

«Rita Letendre a toujours affirmé avec véhémence son individualité en tant que femme, peintre, sans jamais accepter aucune limite à ses ambitions et à ses rêves artistiques», expose-t-on dans un communiqué acheminé par le galeriste Simon Blais, qui conserve une grande collection de l’artiste.

Rita Letendre en 1967. (Photo gracieuseté Gaby)

La jeune peintre a émergé de l’anonymat par sa force plastique puisée à même la couleur et la lumière. Sa première exposition, La matière chante, en 1954, n’a laissé personne indifférent de sorte qu’elle a gagné le coeur des collectionneurs et retenu l’attention des musées. Ceux-ci ont d’ailleurs réuni d’importantes collections de ses oeuvres peintes dans les années 1960, notamment, et surtout, celles qui ont marqué sa carrière dès le début des années 1970, soit ces immenses compositions aux faisceaux de couleur qui sont devenues sa signature emblématique. Elle puisait son inspiration dans le mouvement artistique hard edge painting.

Mariée au sculpteur israélien Kosso Elloul (1920-1995), le couple a occupé l’avant-scène du milieu artistique de

Kytera, huile sur toile, 1999 (Illustration gracieuseté)

Toronto, où Mme Letendre a réalisé plusieurs murales peintes sur les surfaces extérieures d’édifices du centre-ville. Notons, surtout, en 1978, le plafond de la station de métro Glencairn, créant l’oeuvre Joy, un vitrail peint à l’aérosol et mesurant 55 mètres de longueur.

Le retour à la peinture de chevalet à l’huile appliquée au pinceau, à la fin des années 1980, l’a amenée à produire un ensemble de toiles et de dessins au pastel d’une grande singularité, sorte de retour à la peinture qui avait fait sa réputation dans les années 1960, avec la maturité d’une artiste à la carrière internationale.

Aujourd’hui, ses tableaux enrichissent les collections tant privées que publiques.

Summer Lights, acrylique sur toile, 1974. (Illustration gracieuseté)

Par ailleurs, soulignons qu’en 2017, la MRC de Drummond, conformément à sa politique d’acquisition d’œuvres d’art, a procédé à l’achat d’une sérigraphie sur papier de l’artiste Rita Letendre, réalisée en 1977 et intitulée Tecumseth.

Parmi les honneurs qui lui ont été faits, notons l’Ordre national du Québec, l’Ordre du Canada, l’Académie royale des arts du Canada et le prix Paul-Émile-Borduas.

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