Lettre au ministre de l’Éducation

Lettre au ministre de l’Éducation
Lettre d'opinion

Monsieur le Ministre,

Au Centre de services scolaire des Chênes, à Drummondville, il se passe des choses étranges qui mettent en péril la réussite éducative des élèves de niveau secondaire. En effet, le 21 février dernier, à la réunion de Conseil d’administration du CSSDC, on plaçait les élèves au service du transport scolaire.

Les quatre écoles secondaires existantes ont deux ou trois projets particuliers accessibles à tous les élèves du territoire du CSSDC sans tenir compte des territoires pédagogiques de chaque école avec le soutien du transport scolaire. Dans la planification pour l’année scolaire 2024-2025, le Centre de services scolaire limitera l’accès aux projets particuliers d’une école aux seuls élèves de son territoire. Une des raisons invoquées est le coût du transport du fait que le transport tient compte des élèves hors territoire vers les projets particuliers. Ainsi les élèves seront au service des autobus, alors que le transport devrait être au service des élèves. L’intention du Centre est d’instaurer des projets particuliers dans tous les domaines dans toutes les écoles. Je pense que cela n’est pas souhaitable pour différentes raisons : la population de la région du Centre de services est relativement limitée, il sera donc très difficile d’assurer un nombre suffisant d’élèves pour former des groupes complets; il y a aussi la difficulté de trouver les spécialistes dans certains domaines, entre autres pour les différents instruments de musique. Les projets deviendront probablement seulement de l’occupationnel et non des projets motivants pour les ados. Suite à cette annonce, selon les réseaux sociaux, les ados sont en désarrois, pleurent et ont peur de perdre leur programme particulier, leurs amis et l’attachement à leur école est en péril.

D’une façon particulière, deux projets à l’école Jean-Raimbault (danse et musique) sont en danger parce qu’on limitera le transport. Je vous parlerai du projet musique parce que je le connais très bien. Ce projet a accueilli en première secondaire sa trente-septième cohorte en septembre 2022. À l’origine, dès septembre 1986, les élèves musiciens étaient choisis après un test de capacité auditive et en tenant compte de leurs excellents rendements scolaires au primaire.

Tout au long des années, ce programme connait un succès très significatif, alors qu’on a accepté jusqu’à trois groupes en première secondaire. Vers les années 2007-2008, la Commission scolaire du temps change l’orientation de ce programme conçu pour les élèves doués en décidant que le seul critère d’admission serait l’intérêt de l’élève pour la musique. Les pédagogues-enseignants ont quand même réussi à ce que le programme soit attirant pour les jeunes et produise de bons résultats. L’objectif souhaité était d’empêcher le décrochage scolaire de plusieurs élèves. Il faut quand même noter qu’au départ,  la concentration-musique, comme on l’appelait, à empêché le décrochage d’un bon nombre d’élèves doués qui ont passé à travers leur cours secondaire soutenus par leur pratique de la musique, témoignages de plusieurs à l’appui. Ce programme permet à l’élève d’accéder au Cégep en musique, en interprétation ou en technique de sonorisation et par la suite à l’université. Faut-il rappeler que le Conseil supérieur de l’Éducation, dans son avis de 2007, encourage la mise en place de programmes particuliers  (recommandation no 8), mais précise aussi qu’on peut favoriser les programmes pour élèves doués (recommandation no  12).

Notons qu’actuellement, comme à l’époque, une partie des élèves fréquentant le programme provient du territoire pédagogique extérieur à l’école Jean-Raimbault. Cela est bénéfique pour tous les ados du territoire du Centre de service scolaire des Chênes. En effet, on peut garantir une offre de service plus adéquate parce qu’on n’a pas à disperser le financement en plusieurs endroits pour le même service, même si à l’heure actuelle le financement pourrait être plus approprié. On ne doit pas détruire ce qui a fait ses preuves. Il faut noter que les bénéfices associés à la pratique de la musique sont aussi importants que ceux résultant de la pratique du sport.

Remarquons que la loi de l’Instruction publique parle beaucoup, et avec raison, du soutien à donner aux élèves en difficulté d’apprentissage, mais jamais des élèves en situation de douance qui ont aussi besoin de défis pour ne pas décrocher et réaliser leurs rêves de demain.

Le contexte socioculturel de notre région justifie que le programme musical vive et progresse. La Ville de Drummondville, il y a plus de 25 ans, a instauré un programme de bourses de soutien artistique pour les jeunes. Le Cégep de Drummondville est renommé pour ses programmes de musique et de technique de sonorisation. Un orchestre professionnel, l’Orchestre symphonique de Drummondville, existe depuis plus de 25 ans (fait notoire pour une ville de la taille de la nôtre) et attire un public de plus en plus nombreux.

Actuellement, les postes de quelques parents au Conseil d’administration du CCSDC sont vacants après des démissions en raison d’un désaccord relatif au devoir de loyauté des membres qui ne peuvent afficher leur dissidence. Cela est étrange. Une consultation virtuelle à deux moments est à venir sur les projets particuliers; il serait souhaitable qu’au moins une soit en présentiel.

Michel Lapointe, retraité après 33 ans d’enseignement en musique


Le www.journalexpress.ca publie avec plaisir les opinions de ses lecteurs. Les lettres doivent être courtes, envoyées par courriel et signées avec l’adresse et le numéro de téléphone de l’auteur. Seuls le nom et la localité seront mentionnés. Nous nous réservons le droit de les publier et, au besoin, de les abréger. Les sujets d’intérêt local et régional sont traités prioritairement.

Les opinions émises ne sont pas nécessairement partagées par la direction et ne doivent porter atteinte à la réputation de quiconque. Pour faire connaître votre opinion, il suffit de faire parvenir votre lettre à l’adresse suivante : redaction@journalexpress.ca 

Partager cet article