HOCKEY. La saison laborieuse des Voltigeurs tire à sa fin. Au moment où l’équipe vient d’assurer sa place en séries éliminatoires, le directeur du recrutement Jean-Sébastien Perron livre un vibrant plaidoyer envers les joueurs de la formation drummondvilloise.
Alors que l’organisation avait de grandes aspirations avant la mise au jeu inaugurale, cette campagne a parfois pris des allures de véritable cauchemar. Visant initialement le premier tiers du classement général dans la LHJMQ, les Voltigeurs se retrouvent plutôt dans le dernier tiers avec trois matchs à disputer.
Selon Jean-Sébastien Perron, il faut toutefois regarder au-delà des chiffres pour mieux comprendre la réalité des joueurs des Voltigeurs.
«Je trouve que cette équipe n’a pas toujours le mérite qui lui revient. Il faut parfois prendre du recul et regarder ces gars-là travailler et évoluer. Si on regarde le processus plutôt que les résultats, le club s’en va dans la bonne direction depuis Noël. Pour ma part, cette édition-là m’impressionne beaucoup par sa résilience et son caractère», a d’abord exprimé l’homme de hockey de 47 ans.
«Si c’est vrai que l’adversité rend plus fort et que c’est là que tu apprends, à mes yeux, aucun autre club n’a autant appris que nous cette année», a poursuivi Jean-Sébastien Perron, qui supervise le recrutement chez les Rouges depuis maintenant sept ans.
Au fil de la saison qui s’achève, les Voltigeurs ont été accablés par de nombreuses blessures à des éléments clés. Les joueurs ont également dû composer avec le congédiement de l’entraîneur-chef Steve Hartley ainsi que la démission du directeur général Philippe Boucher. Puis, les Voltigeurs ont été affectés par le décès d’un jeune espoir du club. Le défenseur Francis Durocher a été emporté par une leucémie.
«Je trouve qu’on a tendance à oublier tout ce qui s’est passé autour de l’équipe cette saison, a affirmé Jean-Sébastien Perron. Ça a commencé avec les opérations à Maveric Lamoureux et Justin Côté pendant l’été. Ensuite, on a perdu Riley Mercer. Ça n’a pas été évident pour eux de reprendre leur rythme. Ensuite, il y a eu quelques départs dans l’organisation. Chacun de ces événements était hors du contrôle des joueurs.»
«Le décès de Francis a aussi affecté les gars. Deux d’entre eux étaient d’ailleurs ses amis d’enfance. Ils ont eu à continuer leur saison malgré ces circonstances. Je trouve qu’on a demandé beaucoup à des gars de 16 à 20 ans, de continuer à se présenter à l’aréna jour après jour et match après match, à travers les voyages et l’école.»
Alors que les joueurs traversaient ce deuil, l’organisation a également été éclaboussée par des accusations de viol collectif. Remontant à 2016, l’histoire impliquerait deux anciens joueurs du club. «Ce fameux scandale a fait beaucoup de bruit dans les médias. À ce moment-là, ce n’était pas plaisant d’être un Voltigeur», a laissé tomber Jean-Sébastien Perron.
Un groupe soudé
Celui qui est derrière la sélection de 13 joueurs de l’édition actuelle soutient qu’en prenant en considération les tuiles qui sont tombées sur leur tête, les protégés de l’entraîneur-chef Éric Bélanger ont parfois été jugés sévèrement.
«Je me mets à la place de ces gars-là et je trouve qu’on a la critique facile. Moi, je leur lève mon chapeau! Ils continuent de rivaliser avec leurs adversaires match après match. Malgré les obstacles, ils ont continué à progresser. Ils sont encore là et ils se battent chaque soir.»
Somme toute, Jean-Sébastien Perron juge qu’on ne peut reprocher aux joueurs ni leur effort, ni leur engagement. «Il faut reconnaître que ces gars-là n’ont jamais abandonné. Ils ont eu toutes les occasions de baisser les bras, mais ils ne l’ont pas fait. Ils se sont accrochés. Même si certaines journées, c’était difficile de garder le focus, ils ont continué à représenter les Voltigeurs de leur mieux. Je suis très fier de voir ces gars-là aller à la guerre.»
«Je crois beaucoup en cette gang-là, a ajouté celui qui cumule les fonctions de recruteur-chef et de conseiller spécial au dg depuis l’an dernier. Ils sont en train de devenir un groupe très soudé. Tout ce qu’ils ont vécu va les préparer à affronter les défis qu’ils vont rencontrer dans le futur. Je pense que ça les a aidés à se découvrir comme individus et comme groupe. Je suis convaincu qu’une fois rendus en séries, ils seront prêts à faire face à n’importe quel défi.»
Un noyau solide
Parmi les joueurs ayant traversé des moments pénibles cette saison, le jeune Tyler Peddle progresse dans la bonne voie depuis quelques matchs.
«L’année du repêchage dans la LNH, c’est souvent un passage difficile. C’est souvent plus compliqué : tu te poses plus de questions et tu cherches parfois à impressionner les recruteurs. Tyler est en train de trouver des solutions avec le groupe d’entraîneurs. Dernièrement, il y a de bons signes dans sa façon de jouer. Il utilise mieux ses outils. Le mérite lui revient. Il a repoussé ses limites pour modifier certains aspects de son jeu.»
Le vétéran Jérémy Lapointe impressionne également le dépisteur. «Jérémy a souvent été critiqué, mais on ne peut rien lui reprocher cette saison. C’est un grand frère dans la chambre. Il est très apprécié de ses coéquipiers. Il n’est pas nécessairement reconnu à sa juste valeur.»
Soulignant au passage la combativité du gardien Jacob Goobie à travers une saison pénible, Jean-Sébastien Perron a aussi mis l’accent sur l’éclosion de jeunes talents tels que Marc-Olivier Beaudry, Lukas Landry et Loïc Goyette.
«Chaque joueur a ses propres défis et son propre parcours. Chacun a une histoire différente. Mais à la fin, c’est un groupe uni qui peut être appelé à faire de belles choses. Depuis quelques semaines, ils compétitionnent avec les meilleures équipes de la ligue. Je ne vois pas pourquoi ce serait différent en séries.»
Tout en laissant au prochain dg le soin de faire sa propre évaluation, Jean-Sébastien Perron soutient que le noyau des Voltigeurs demeure solide en vue de la prochaine campagne.
«On pourrait être surpris. La deuxième moitié de saison nous a donné quelques indices. Une chose est sûre, des gars comme Luke Woodworth, Justin Côté, Maveric Lamoureux et Riley Mercer vont vouloir pousser dans la bonne direction et connaître la meilleure fin de stage junior possible. Je ne les vois pas baisser les bras la saison prochaine», a-t-il lancé, en soulignant également la qualité de la banque d’espoirs de l’organisation.
«Les gens de Drummondville peuvent être fiers de la façon dont nos joueurs se battent. Les gars méritent que le septième joueur soit derrière eux dans le dernier droit. On est conscient que ce n’est pas la meilleure saison en termes de victoires et de défaites, mais il faut avoir du respect pour ce que les gars ont accompli», a conclu celui qui a repêché les Dawson Mercer, Xavier Simoneau, Jacob Dion, Kaylen Gauthier et compagnie au fil des ans.