Gaston Mandeville… déjà 25 ans!

Jean-Pierre Boisvert
Gaston Mandeville… déjà 25 ans!
Gaston Mandeville. (Photo : Serge Paquin)

SOUVENIR. En ce 16 juin, ça fait 25 ans que Gaston Mandeville nous a quittés, des suites d’un cancer qui l’a terrassé à l’âge de 40 ans. L’auteur-compositeur-interprète drummondvillois aura néanmoins laissé de nombreuses et belles chansons, réparties sur huit albums, dont une qui a attiré sur lui l’attention de tout le Québec : «Le vieux du bas du fleuve».

Même après un quart de siècle, Jacques Mandeville n’a rien oublié de tout ce qui a marqué la carrière de son petit frère, de cinq ans son cadet, d’autant plus que c’est lui qui l’a initié à la guitare. «Moi je partais parfois quelques semaines en tournée avec mon band dans des bars et, à mon retour, je voyais bien qu’il avait utilisé mes guitares. Il voulait que je lui montre des accords, ça l’intéressait vraiment et j’ai fini par lui en acheter une. Mais très vite, j’ai vu qu’il avait du talent, s’inspirant du style des Crosby, Still, Nash & Young, de James Taylor, Richard Séguin».

Un jour, Jacques amène Gaston à une pratique de son groupe, qui comprenait des musiciens aguerris comme Michel Cusson. «Là, ce fut comme un déclenchement. Il a ensuite monté son propre groupe et il a fait ses classes. Il s’améliorait constamment. À la blague, il disait : je veux jouer de la guitare, mon frère pogne avec les filles avec ça! Parfois, le midi, au café du Collège Saint-Bernard, il apportait sa guitare et chantait seul ou avec amis. C’est aussi au Collège Saint-Bernard qu’il a été élu président de l’école. Ce n’est pas connu de tous, mais Gaston était un premier de classe».

Jacques Mandeville se souvient de son frère, Gaston Mandeville. (Photo Jean-Pierre Boisvert)

Donnant dans le style variant entre le folk rock et le rock populaire, le jeune Gaston a pris ses aises, bien que jouer les chansons des autres ne lui procurait pas entière satisfaction. Il se met à la composition et il veut en savoir plus. Il entreprend des études en musique à l’Université Laval, à Québec, pour y apprendre entre autres le violon et le piano. Avec François Camirand, il compose «Le vieux du bas du fleuve», une pièce fort bien réalisée qui dénonce la dépossession tranquille du Québec rural.

Lors d’un spectacle au Grand Théâtre à Québec il est remarqué par la compagnie RCA qui lui accorde un contrat pour l’enregistrement de cinq albums. S’en suit une série d’une cinquantaine de spectacles aux quatre coins du Québec. Il fait aussi la première partie de Chris DeBurgh, mais c’est surtout sa participation, en 1981, à un spectacle mettant en vedettes Diane Dufresne et Yvon Deschamps, sur les Plaines d’Abraham, qu’il se met en évidence. Jacques était à ses côtés sur scène ce soir-là. «Ce fut une soirée extraordinaire», se souvient-il. Les deux frères ont joué ensemble de 1980 à 1983 et de 1988 jusqu’à la fin.

La fin c’est lorsqu’il s’éteint le 16 juin 1997. Son combat contre la maladie a duré un an. «Au début, il avait mal au dos. Il voyait un chiro, il se mettait de la crème, il a fini par consulter un médecin et le verdict est tombé. Il m’a appelé pour me dire : je viens de pogner mon ticket pour le paradis. Il avait plein d’autres projets. Avec la chimio, il pouvait être pas pire durant une dizaine de jours par mois. On en profitait pour faire des spectacles. Mais surtout il a réussi à faire deux albums durant cette période. En studio, il était souvent couché pour écouter ce qu’on venait d’enregistrer. Il y tenait beaucoup de faire ses deux albums avant de partir, notamment pour laisser un coussin financier à sa conjointe Linda et leurs trois filles. Encore aujourd’hui, sa famille touche des royautés pour ses chansons qui continuent de jouer à la radio. Il avait aussi acheté un condo à Montréal en 1980 qui a été vendu récemment. Une bonne affaire».

Jacques n’est pas du tout étonné que son petit frère ait pensé au bien-être des siens en dépit de la maladie qui le rongeait. «C’était un gars de famille. Il se levait toujours très tôt le matin pour écrire avant de s’occuper de ses filles, dont deux étaient adoptées avant d’avoir sa troisième. Pour rire, il disait : j’ai trois filles dont deux sont des locations à long terme… Il était méticuleux dans la préparation des repas qu’il voulait équilibrés. Il aimait les enfants, il aimait les jeunes et savait leur parler, même durant ses spectacles».

Selon Jacques Mandeville, donner le nom de Gaston Mandeville à la salle de spectacle du Refuge la Piaule ne pouvait être plus approprié. «Ça, il aurait été très très fier de ça. Que Drummondville se souvienne de lui de cette façon, c’est formidable et bien mérité. Il a toujours été un bon ambassadeur pour Drummondville, il parlait de sa ville partout où il allait chanter. Même à Paris où on se produisait en duo : on est deux ti-cul de Drummondville».

Partager cet article