La Ville de Drummondville n’échappe pas à la pénurie de main-d’œuvre

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Par Marilyne Demers
La Ville de Drummondville n’échappe pas à la pénurie de main-d’œuvre
Actuellement, 17 postes sont vacants à la Ville de Drummondville. (Photo : Deposit)

MUNICIPAL. Plusieurs postes disponibles, des offres d’emploi qui nécessitent un deuxième affichage et des candidats interpellés sur les réseaux sociaux : la Ville de Drummondville, comme plusieurs autres municipalités au Québec, est touchée par la pénurie de main-d’œuvre.

«Maintenant, c’est comme dans le film La Grande Séduction», lance le directeur général de la Ville de Drummondville, Francis Adam, qui reconnaît que le recrutement est plus difficile que par le passé.

Le manque d’employés se fait sentir dans le secteur privé, mais aussi dans le secteur municipal. «S’il y a une pénurie de main-d’œuvre généralisée, évidemment que le secteur municipal va y goûter également. Il y a près de 250 000 postes vacants au Québec au moment où on se parle, ça inclut dans les municipalités», indique Patrick Lemieux, conseiller aux communications et aux relations médias à l’Union des municipalités du Québec (UMQ).

Cette réalité se fait ressentir dans toutes les régions du Québec. «On a des échos sur le terrain. On le voit dans plusieurs régions; ce n’est pas propre à une région particulière. C’est certain que les régions plus périphériques où le bassin de population est moins élevé vont avoir un défi additionnel. La pandémie est venue changer un peu la donne, dans le sens où plusieurs personnes ont fait un retour en région ou ont découvert les régions», note M. Lemieux.

«Mais, même les villes situées dans la couronne du Grand Montréal ont des problématiques de recrutement et pourtant, ils ont un bassin de population beaucoup plus large», poursuit-il.

Rendre le secteur municipal plus attractif
Pour la toute première fois, la Ville de Drummondville souhaite se doter d’une marque employeur. «On va se donner une couleur propre, une vision, avoir des façons de faire qui nous correspondent et qui font en sorte qu’on est attractif», mentionne la mairesse de Drummondville, Stéphanie Lacoste. Maintenant, il faut mettre nos souliers vernis et notre chemise blanche. C’est l’enjeu de tout le monde.»

Pour l’UMQ, qui compte plus de 400 membres, il est de plus en plus essentiel pour les municipalités de se doter d’une marque employeur. Une option «intéressante à long terme». «Dans les derniers mois et les dernières années, on a vu plusieurs municipalités prendre un virage assez audacieux pour attirer du personnel. Par exemple, elles ont lancé des campagnes de recrutement qui s’adressent à une très jeune clientèle en visant les plateformes numériques, dont TikTok, avec des vidéos courtes et amusantes», expose Patrick Lemieux.

Si les jeunes semblent faire partie de la solution, les emplois dans le secteur municipal devront être davantage valorisés. «Si vous sondez des finissants et des diplômés dans différents domaines d’activités, peut-être que ce ne sera pas tout le monde pour qui le secteur municipal sera le premier choix. Ce qu’on observe, c’est qu’il s’agit d’un secteur d’activités qui est un peu méconnu au niveau des possibilités d’emplois qui sont offertes auprès de la relève», soutient M. Lemieux.

Pourtant, ce dernier souligne notamment les conditions de travail offertes dans le milieu municipal. «Il y a plusieurs postes syndiqués, la moyenne de revenus est plus élevée que dans certains secteurs d’activités. Ce sont des organisations où il y a beaucoup de défis professionnels intéressants. Ce sont des emplois qui sont près de chez nous généralement, si on habite en région. Il y a plusieurs atouts dans la manche d’une municipalité pour attirer et garder les travailleurs de qualité», affirme-t-il.

«Il y a un effort qui doit être fait au cours des prochaines années et on travaille déjà à des actions dans ce sens-là avec des partenaires municipaux. Parce qu’évidemment, les municipalités offrent des services de proximité aux citoyens, donc elles doivent avoir les ressources humaines nécessaires», ajoute M. Lemieux.

Attirer le personnel d’autres municipalités
Au Cégep de Drummondville, le programme de technique en bureaucratique est actuellement suspendu. Pour l’appareil municipal, cette situation pourrait expliquer la difficulté à recruter des candidats pour pourvoir les postes d’adjoint administratif. «C’est là qu’il faut se réinventer. On est en train de regarder pour trouver des solutions attractives», fait savoir le directeur général de la Ville de Drummondville.

Francis Adam, directeur général de la Ville de Drummondville. (Photo Ghyslain Bergeron)

Faute de diplômés disponibles, les villes se tournent vers les ressources déjà sur le marché du travail, notamment au sein d’autres organisations municipales. «Il faut que tu réussisses à aller chercher le candidat dans une autre ville et que tu l’attires ici. Il faut réussir à attirer des gens pour qu’ils déménagent ici. Dans le milieu municipal, Drummondville a une réputation intéressante», soutient Francis Adam.

À titre d’exemple, M. Adam nomme l’embauche récente du nouveau directeur général adjoint, Francis Villeneuve, qui a quitté la Ville de Mascouche pour se joindre à la Ville de Drummondville.

«Maintenant, les travailleurs sont très mobiles. Ils ne vont pas nécessairement rester avec le même employeur pendant toute leur carrière. C’est sûr que les personnes travaillant dans le secteur municipal connaissent déjà cet environnement et ont une longueur d’avance. C’est pour cette raison qu’il faut travailler en amont pour valoriser le secteur municipal auprès des jeunes et des diplômés, fait valoir le conseiller aux communications et aux relations médias à l’UMQ. Mais, ça ne veut pas dire que quelqu’un qui a été dans le secteur privé pendant plusieurs années ne voudra pas venir dans le secteur public par la suite.»

De son côté, la Ville de Drummondville a revu certaines conditions de travail pour attirer davantage de candidats potentiels. «Avant, on ne pouvait pas reconnaître l’expérience. Avec la nouvelle convention collective, autant pour les cols bleus que les cols blancs, on a réussi à s’entendre pour reconnaître l’expérience. Donc, ça nous permet d’aller recruter sur le marché et d’avoir de belles candidatures», indique Francis Adam.

Des centaines de postes vacants
Sur le site web de l’UMQ, des centaines d’offres d’emploi sont affichées. «Au moment où on se parle, il y a 525 postes. À peu près tout ce qui s’offre en termes d’emplois municipaux au Québec est centralisé sur notre site Internet dans la section emploi, qui est la plus visitée. On reçoit des offres d’emploi chaque jour des municipalités. Il y en a de tous les genres, autant des postes de cadres, professionnels ou saisonniers», remarque Patrick Lemieux.

Il y a quelques mois, le nombre de postes vacants dans les municipalités était davantage élevé en raison de la saison estivale. «Chaque année, il y a un défi de plus en plus grand pour l’embauche de travailleurs saisonniers. Les villes font des campagnes intensives très tôt en début d’année pour pourvoir les postes à combler», informe M. Lemieux.

Drummondville n’échappe pas à cette réalité. «L’année dernière, ce sont 25 postes saisonniers qu’on n’avait pas réussi à combler. Cette année, ça va mieux», constate Francis Adam.

En 2021, la Ville de Drummondville a rendu disponibles 91 offres d’emploi. Actuellement, 17 postes sont vacants, incluant les emplois d’été.

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