Des chercheurs font appel aux personnes ayant perdu l’odorat après la COVID-19

Des chercheurs font appel aux personnes ayant perdu l’odorat après la COVID-19
Parmi les pistes de solutions, les chercheurs ont identifié l'entraînement olfactif. (Photo : Deposit)

RECHERCHE. Un groupe de chercheurs de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ) ont allié leurs forces pour trouver des pistes de solutions à un problème bien d’actualité : la perte d’odorat liée à la COVID-19. En prévision d’une troisième étude, ils sont à la recherche de participants.

Le traitement de plusieurs symptômes post-COVID-19 demeure un défi colossal pour le réseau de la santé au cours des années à venir. Parmi ces symptômes, la dysfonction olfactive est un problème récurrent pour lequel aucun traitement n’a été étudié et ni prouvé efficace.

«Sur le terrain, je rencontre énormément de gens qui ont perdu l’odorat depuis plusieurs mois déjà et qui connaissent peu de progrès dans leur réhabilitation. En termes de qualité de vie, c’est un impact majeur. C’était l’occasion parfaite de travailler conjointement au volet clinique et recherche pour trouver une façon de leur venir en aide», affirme la Dre Josiane Bégin-Bolduc, oto-rhino-laryngologue au CIUSSS MCQ.

L’entraînement olfactif : des impacts encore méconnus sur le cerveau

C’est avec Johannes Frasnelli, professeur au Département d’anatomie de l’UQTR et directeur du groupe de recherche Cognition, Neurosciences Affect et Comportement (COGNAC), qu’un projet de recherche a pu être mis sur pied pour tester une piste de solution : l’entraînement olfactif. Cette formule consiste à soumettre la personne à différentes odeurs pour entraîner ses capacités olfactives.

Au terme des deux premières études pilotes, les résultats sont prometteurs : on constate que la taille de leur bulbe olfactif, une partie du cerveau qui joue un rôle dans l’olfaction, augmente au fil de l’entraînement.

«Les personnes qui ont une dysfonction olfactive à la suite d’une infection virale présentent une réduction de la taille de régions spécifiques du cortex cérébral et on a pu observer que l’entraînement olfactif permet de retrouver une taille normale. Ce n’est cependant pas encore clair si les mêmes mécanismes s’appliquent au trouble de l’odorat dans le contexte de la COVID-19. Nos résultats préliminaires de nos études pilotes révèlent des observations très encourageantes. C’est une avancée importante non seulement en recherche, mais aussi pour son application pratique», souligne le professeur Frasnelli.

Une étude d’envergure au-delà de la région

Les différentes phases de ce projet de recherche ont déjà attiré l’attention non seulement en Mauricie, mais aussi aux niveaux provincial et international. Les résultats préliminaires du projet pilote viennent d’ailleurs d’être présentés à une conférence internationale spécialisée sur l’olfaction, tenue par la renommée Association for Chemoreception Sciences. L’équipe s’est ainsi rendue en Floride en avril dernier pour partager ses découvertes novatrices dans le domaine.

«Dans la communauté scientifique, on sent un intérêt important pour cette branche des neurosciences. Cela démontre tout le potentiel de recherche présent chez nous, à Trois-Rivières», indique le professeur Frasnelli.

À la recherche de participants ayant perdu l’odorat

Les études se poursuivent pour mieux comprendre comment moduler l’entraînement olfactif dans le contexte de la dysfonction olfactive liée à la COVID-19. Pour ce faire, plus d’une centaine de participants supplémentaires sont recherchés. Les critères sont les suivants :

– Être âgé de 18 ans ou plus;

– Avoir reçu un diagnostic positif à la COVID-19 et présenter une dysfonction olfactive persistante;

– Vouloir et être en mesure de fournir un consentement éclairé par écrit;

– Comprendre et lire la langue française;

– Avoir une connexion Internet et une adresse courriel fonctionnelle;

– Être en mesure de se déplacer dans les laboratoires de l’UQTR.

Les candidats seront soumis à un entraînement olfactif d’une durée de 12 semaines.

Soulignons que ce projet de recherche bénéficie d’une bourse de 25 000 $ de la Banque Nationale, provenant du fonds dédié à la recherche de la Fondation régionale pour la santé de Trois-Rivières (RSTR).

Il est possible de soumettre sa candidature par courriel au rechercheanosmiecovid19@gmail.com.

 

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