«Je ne sais pas quand je pourrai lui reparler» -Sylvain Nelson

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Par Louis-Philippe Samson
«Je ne sais pas quand je pourrai lui reparler» -Sylvain Nelson
Viktoriia Kolesnyk et Sylvain Nelson, quelques jours après leur mariage, en janvier dernier, ne se doutaient pas qu’une guerre allait éclater un mois plus tard. (Photo : Gracieuseté)

GUERRE. Nouvellement marié, Sylvain Nelson craint pour la sécurité de son épouse, Viktoriia Kolesnyk, coincée à Nizhyn en plein cœur du conflit impliquant l’Ukraine et la Russie.

Les nouvelles se font rares pour M. Nelson qui ne peut communiquer que par messagerie texte à l’aide d’une application mobile. Mme Kolesnyk est présentement confinée au sous-sol de l’école où elle travaille, avec un groupe de personnes, et ne sait pas lorsqu’il sera possible d’en sortir.

«J’étais sans nouvelles depuis vendredi midi. J’ai pu échanger quelques messages avec Viktoriia lundi. La communication par téléphone est présentement impossible. Les membres de sa famille en Ukraine étaient aussi incapables de communiquer avec elle. Il y aurait des militaires ukrainiens qui patrouilleraient le secteur et qui essaieraient de les protéger. Ils vont commencer à manquer d’eau et de nourriture; ils ne sont pas ravitaillés. Au moins, elle est en sécurité pour le moment», raconte Sylvain Nelson.

Pour des raisons de sécurité, les militaires ukrainiens ont demandé au groupe de garder leurs téléphones éteints tout en leur donnant quelques minutes pour communiquer avec des proches.

La situation du conflit et le peu de nouvelles sont une grande source d’inquiétude pour ce Drummondvillois d’adoption. «Les journées sans contacts ont été très difficiles. De maintenant savoir qu’elle est en sécurité, ça a beaucoup fait diminuer la pression. Sauf que je ne sais pas quand je pourrai lui reparler. Je n’en ai aucune idée. C’est long et c’est de l’inconnu; surtout lorsqu’on voit des images et que les bombardements continuent», poursuit M. Nelson.

Une ville paisible

Nizhyn n’est pourtant pas l’une des grandes villes du pays et n’accueille pas nécessairement de grandes entreprises manufacturières. L’aglomération compte environ 75 000 habitants et se trouve à approximativement 2 h 30 de route au nord-est de Kiev, la capitale de l’Ukraine. On y trouve cependant un aéroport militaire opéré par le ministère des Situations d’urgence. Malgré cela, son territoire a été l’hôte de combats entre les armées de la Russie et de l’Ukraine.

Viktoriia Kolesnyk et Sylvain Nelson lors de son départ pour le Québec le 31 janvier. (Photo : gracieuseté)

«À un moment, il y a une personne qui a pu sortir de l’école en éclaireur pour voir s’il était possible de partir. Viktoriia m’a transmis une vidéo, qui a été prise par cette personne, et on y voit un immense cratère dans la route qui la rend impraticable. On voit aussi autour des bâtiments d’habitations qui ont été détruits et qui sont en flammes», indique M. Nelson.

Sylvain Nelson et Viktoriia Kolesnyk se sont mariés le 14 janvier dernier en Ukraine après sept ans de relation. M. Nelson est revenu au Québec le 31 janvier dernier et, à ce moment, rien ne laissait présager tout ce qui allait se produire dans les semaines suivantes.

«On avait été à Kiev pour notre mariage. On venait tout juste de commencer le processus d’immigration. C’est difficile de croire que des endroits où j’étais, il y a à peine quelques semaines, ont été bombardés. C’est pourtant si paisible et on y avait du plaisir. Parfois, je dois arrêter de regarder les nouvelles à la télévision. Je ne suis plus capable de voir ce qui se passe, ça me bouleverse», confie celui qui a rencontré Viktoriia grâce à une amie commune.

Mme Kolesnyk a également un fils de 12 ans, Vladislav, qui n’était pas avec elle lorsque le conflit a éclaté. «La situation de son fils la rendait très inquiète. On a appris plus tard que ses grands-parents ont été capables d’aller le chercher et de l’héberger», fait savoir Sylvain Nelson.

Quitter le pays

Pour le couple, l’objectif est de permettre à Mme Kolesnyk et son fils de quitter l’Ukraine et de les rapatrier au Canada. L’option la plus probable serait de passer par la Pologne. «On ne sait pas quel est l’état de sa maison et si elle pourra retourner y habiter. Je sais que des amis l’ont invité en Pologne, mais, pour le moment, Viktoriia ne peut pas s’y rendre. Je crois que la prochaine étape serait de la faire sortir du pays», a exposé l’homme de 47 ans.

Sylvain Nelson est d’ailleurs entré en contact avec le député fédéral de Drummond, Martin Champoux, afin de lui partager sa situation et déterminer comment il pouvait aider Mme Kolesnyk à venir à Drummondville. «M. Champoux s’est montré très compréhensif de notre situation. On s’est parlé à quelques reprises. Je pense qu’il travaille fort pour nous aider dans les circonstances», a-t-il témoigné.

Sylvain Nelson a pondéré l’idée de se rendre en Europe pour se rapprocher de sa femme, mais, voyant que cela ne l’aiderait en rien, il a abandonné ce projet. Il se concentre plutôt sur ce qu’il peut accomplir ici pour que Viktoriia puisse le rejoindre le plus rapidement possible.

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