Faire indirectement ce qu’on ne peut faire directement (Tribune libre

Faire indirectement ce qu’on ne peut faire directement (Tribune libre
(Photo : L'Express)

TRIBUNE LIBRE. Quand un gouvernement en arrive à faire indirectement ce qu’il ne peut faire directement, il devient illégal, injuste, hypocrite et inconséquent. C’est ce à quoi s’abaisse le gouvernement de M. Legault avec ce projet d’une zone d’intervention spéciale devant permettre à WM de poursuivre ses activités sur certains lots situés sur le territoire de notre ville.

Le dossier du site de Saint-Nicéphore est unique dans la province. Je m’explique. 1- Parce que c’est le seul site au Québec qui soit assorti d’une obligation de référendum populaire enchâssée dans la charte de la Ville.  2- Parce que l’inacceptabilité sociale basée sur de solides appréhensions ne s’est jamais démontée au cours de toutes ces années d’exploitation du site.  3- Unique aussi parce que l’enfouisseur a perdu à trois reprises devant les tribunaux reconnaissant aux citoyens et aux élus municipaux leurs objections et leurs droits.

Le Conseil exécutif, M. Legault en tête, ne pouvait donc suite à ces jugements autoriser « directement » le site de Saint-Nicéphore. C’aurait été ignorer le pouvoir législatif et se placer dans une situation d’illégalité. Il lui fallait un plan B pour rendre réalisable le certificat d’autorisation qu’il avait accordé six mois plus tôt à WM.

Faisons indirectement ce qu’on ne peut faire directement.  En décrétant une zone d’intervention spéciale le gouvernement de la CAQ allait, pensait-il, enfin permettre à WM de poursuivre ses activités. Quelle sournoise hypocrisie. Une issue pour le gouvernement Legault? Décréter une ZIS, c’est un acte gouvernemental très rarement utilisé et qui doit se justifier par un état d’urgence.

Or, de toute évidence, l’état d’urgence qui justifierait cette mesure exceptionnelle reste à prouver.  1- Le ministre Charrette ne l’a pas démontrée dans aucune de ses interventions. M. le ministre a exprimé des craintes c’est tout.  2- M. Martin Létourneau, directeur de la Direction des matières résiduelles du Ministère de l’Environnement et de la lutte contre les changements climatiques a affirmé ce qui suit dans le Journal l’Express du 12 mai dernier, en page 6. «S’il ferme, la matière qui y est destinée et qui est quand même une quantité importante va aller ailleurs. Ça va remplir plus rapidement les autres lieux, donc, ça risque de déplacer le problème. On est toujours capable de pallier à court moyen terme, mais à long terme, il y aurait assurément des défis. Où est l’urgence s’il vous plait?

Le projet de décret stipule dans son 7e attendu : «Attendu que les circonstances démontrent, de l’avis du gouvernement, un problème d’environnement dont la gravité justifie son intervention». Ça reste à prouver.

Berthe Tessier, citoyenne de Drummondville

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